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Pourquoi l'extension des zones vulnérables dans le Massif central est injustifiée ?

Dans le Massif Central, les teneurs en nitrates dans les nappes phréatiques sont inférieures à 25 mg/l avec des départements qui connaissent des teneurs inférieures à 10 mg/l.

Teneurs en nitrates des eaux de surfaces 2011 par secteur hydrographique en mg/l.
Teneurs en nitrates des eaux de surfaces 2011 par secteur hydrographique en mg/l.
© Sidam et Chambre régionale d'agriculture Auvergne

La Directive nitrates prévoit la réalisation d'une campagne de surveillance des teneurs en nitrates dans les eaux douces au moins tous les quatre ans. La dernière campagne de prélèvement remonte à 2010-2011. Pour comprendre la volonté des pouvoirs publics de classer 3 900 communes françaises supplémentaires en zones vulnérables, dont 340 sont situées dans le Massif central¹, nous nous sommes naturellement mis en quête des chiffres issus des derniers prélèvements.

Stabilisation ou diminution
D'abord sur la méthode, le réseau de surveillance de la concentration en nitrates pour la campagne 2010-2011 est constitué de 5 861 stations de mesure : 2 445 en eaux souterraines (nappes phréatiques, nappes captives) ; 3 244 en eaux superficielles (rivières, eaux côtières, estuaires et lagunes, lacs) ; 172 dans les DOM.
Les stations de mesure du programme 2010-2011 comportent l'ensemble des captages prioritaires et sont situées pour la moitié dans les zones vulnérables délimitées en 2007.
En 2011, sur les 181 secteurs hydrographiques, 23 présentent une concentration moyenne supérieure à 25 mg/l, 8 dépassent 30 mg/l. Ils sont principalement situés dans un grand quart Nord-Ouest de la France. Aucun des secteurs ne dépasse en moyenne 37,5 mg/l, sachant que le seuil réglementaire de potabilité est à 50 mg/l.
Dans le Massif Central, la concentration moyenne en nitrate est inférieure à 15,5 mg/l. De nombreux départements ont la totalité (ou la quasi-totalité) de leurs secteurs hydrographiques avec des concentrations moyennes inférieures à 8,2 mg/l (Haute-Vienne, Creuse, Corrèze, Cantal, Haute-Loire, Lozère, Loire). Par ailleurs, dans la grande majorité des cas, les concentrations moyennes dans le Massif Central entre 2007 et 2011 sont restées stables ou ont diminué faiblement. Le département de la Haute-Vienne a connu une diminution importante sur ces secteurs hydrographiques. La zone Val d'Allier et Limagne a connu une augmentation faible des concentrations, tout en restant à des niveaux moyens inférieurs à 15,5 mg/l.

Même constat pour les eaux souterraines
Globalement, les teneurs en nitrates sont souvent plus élevées dans les nappes, du fait d'un phénomène d'accumulation lié à l'inertie de fonctionnement des eaux souterraines. En 2011, en métropole, la teneur en nitrates moyenne des nappes s'élève à 23 mg/l : pour 11 % des nappes, localisées dans la Beauce, le nord de la Bretagne, le Poitou et le sud-est d'Artois-Picardie, les concentrations en nitrates sont fortes (de 40 à 50 mg/l) à très fortes (plus de 50 mg/l) ; pour 27 % des nappes, localisées dans un grand quart nord-ouest de l'Hexagone, dans le couloir rhodanien, les Charentes et en Aquitaine, les teneurs en nitrates sont moyennes à fortes (de 25 à 40 mg/l) dans 58 % des nappes, localisées majoritairement au Sud, les teneurs en nitrates sont relativement faibles (inférieures à 25 mg/l).
Ainsi, dans le Massif Central, les teneurs en nitrates dans les nappes phréatiques sont inférieures à 25 mg/l avec des départements qui connaissent des teneurs inférieures à 10 mg/l comme le Cantal et la Lozère.

Scénario sans équivoque pour le Massif central
D'après la publication du Commissariat général au développement durable (Le Point sur, n° 161, mai 2013), « La mise en regard, pour chaque nappe, des évolutions observées sur les 15 dernières années et de leur teneur en nitrates en 2011, permet de dégager 5 types de situations :
- Une situation très défavorable pour 4 % des nappes, avec des concentrations élevées qui continuent à augmenter. C'est le cas d'une nappe du Nord-Pas-de-Calais, de la nappe de la Beauce en région Centre et des nappes bordant le sud du Massif armoricain ;
- Une situation préoccupante pour 8 % des nappes qui présentent des concentrations élevées mais stables ou des concentrations moyennes en augmentation. Elles sont situées d'une part au Nord de la Bretagne et dans le Bassin parisien, et d'autre part dans le Bassin Artois-Picardie, en région Centre et en Poitou-Charentes ;
- Une situation en amélioration notable mais insuffisante pour 2 % des nappes. Les nitrates y régressent, de 0,25 mg/l/an à plus de 0,5 mg/l/an, mais leur situation reste défavorable avec des teneurs soit très fortes (supérieures à 50 mg/l), comme dans le Nord Finistère et le Maine, soit fortes comme dans certaines nappes du Poitou (supérieures à 40 mg/l) ;
- Une situation indécise pour 21 % des nappes. Il s'agit principalement de nappes dont les teneurs en nitrates sont moyennes et stables ou en faible augmentation. C'est le cas de nombreuses nappes de la moitié nord de l'Hexagone, de quelques nappes en Rhône-Alpes et dans le sud-ouest ;
- Une situation favorable pour 51 % des nappes. Leur teneurs en nitrate sont faibles voire très faibles et n'évoluent pas ou peu, ou leurs teneurs sont moyennes et s'améliorent. Elles sont principalement situées dans le sud de la métropole, notamment dans les zones de socle (Alpes, Pyrénées, Massif central) ».
Concrètement, la situation favorable des nappes phréatiques du Massif central est une évidence, qui, selon les professionnels du monde agricole, « ne justifie en rien l'extension des zones vulnérables ».


¹ Le projet prévoit l'inscription en zones vulnérables de 170 communes en plus dans le Puy-de-Dôme, 51 dans l'Allier, 16 dans le Cantal, 30 en Haute-Loire, 30 en Creuse, 26 en Haute-Vienne et 17 en Corrèze.

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