Pour une politique ambitieuse de l'eau !
Dans le cadre du Salon de l'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Irrigants de France et la FNSEA Nouvelle-Aquitaine ont tenu une conférence « L'irrigation : une ambition pour une agriculture performante en Nouvelle-Aquitaine ». Dans un contexte de difficultés économiques récurrentes et d'aléas climatiques de plus en plus fréquents, l'irrigation est une nécessité sur laquelle l'agriculture de notre pays doit pouvoir compter.
Les années climatiques se suivent... mais ne se ressemblent pas et avec l'évolution du climat, de fréquents épisodes secs, mettent régulièrement à mal les cultures. Et pourtant, comme le rappelle Eric Frétillère, président d'Irrigants de France, notre pays ne manque pas d'eau. Il est urgent d'optimiser son utilisation en agriculture afin de redonner de la compétitivité aux agriculteurs et garantir la qualité des productions agricoles françaises. C'est pourquoi, Irrigants de France attend du nouveau Gouvernement des engagements fermes en matière d'une politique nationale en faveur de l'irrigation et du stockage de l'eau.
De leur côté, les irrigants ont considérablement amélioré leurs pratiques. Grâce aux innovations sur le matériel, le progrès génétique et l'évolution des techniques de culture, l'efficacité de l'irrigation a progressé de 30 % en l'espace de 20 ans. Et d'après Jean-Paul Bordes, directeur Recherche & Développement chez Arvalis-Institut-du-Végétal, les innovations se poursuivent. Les outils d'aide à la décision se développent et s'améliorent grâce à l'imagerie satellite et aux capteurs installés dans les parcelles, ou encore, des données météo de plus en plus précises à l'échelle du kilomètre.
Mais pour mieux valoriser l'eau, encore faut-il y avoir accès ! Et comme le souligne Jean-Luc Capes, président du groupe Eau à la FNSEA et administrateur de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine, force est de constater que les projets de territoires visant à créer des ouvrages de stockage d'eau n'aboutissent pas, que ce soit par manque de financement ou en raison de blocages administratifs. Les financements européens (FEADER) au niveau des trois anciennes régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes sont insuffisants et ceux des Agences de l'eau ne sont que peu engagés dans ces ouvrages. La nouvelle grande région devra se doter de moyens à la hauteur des enjeux.
Cette nécessité est pleinement reconnue par Jean-Pierre Raynaud, vice-président de la région nouvelle Aquitaine en charge de l'Agriculture, qui partage également la préoccupation de préparer le changement climatique. Alors que la grande région lance une concertation sur la future politique de l'eau, la profession agricole est invitée à se mobiliser.
Pour Philippe Moinard, président de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine, trois leviers permettraient d'avancer efficacement : d'abord faire aboutir les projets programmés ; ensuite, lever les freins à la création de retenues d'eau, en simplifiant la réglementation, les études environnementales, les démarches administratives, et en assurant un traitement rapide des dossiers ; et enfin, expliquer les enjeux pour en finir avec le dogmatisme anti-irrigation : l'eau sécurise nos modèles d'exploitations créatrices d'emplois et contribue à un aménagement harmonieux de l'espace. En outre, Philippe Moinard rappelle que l'eau est un facteur essentiel pour la biodiversité, en permettant notamment la rotation des cultures.
Alors qu'un nouveau Gouvernement ambitionne de renouveler la politique, nous attendons des signaux forts pour le stockage de l'eau.