Pour une bonne répartition de l'eau équilibrée et durable
Lundi 26 septembre devant le tribunal d'Orléans et sous les projecteurs des médias, les responsables des régions Loire-Bretagne sont venus officialiser le dépôt du recours collectif contre le nouveau Sdage, tout en dénonçant ses dérapages.
Le lundi 26 septembre, à l'occasion d'une conférence de presse, les réseaux FNSEA et de la Coopération agricole du bassin Loire Bretagne se sont retrouvés à Orléans, devant le tribunal administratif, pour officialiser le recours en contentieux du nouveau Sdage Loire Bretagne (Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux) pour les années 2022 à 2027. Un document qui a pour vocation de fixer la politique de l'eau dans chaque région concernée et qui malgré les trois années de révision auxquelles a activement participé la profession agricole, va à l'encontre des annonces gouvernementales sur la nécessité de rebâtir notre souveraineté alimentaire.
« C'est suite au recours gracieux resté sans réponse par la préfète coordinatrice, que nous avons décidé, de saisir le tribunal administratif d'Orléans pour contester la réduction des usages de l'eau qui s'impose à nous », introduit Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne, devant une cinquantaine de représentants venus des quatre coins des huit régions concernées pour relayer le mécontentement et l'inquiétude du monde agricole.
« Nous ne sommes pas là pour demander l'exclusivité du partage de l'eau mais bien un partage réfléchi et concerté. Les agriculteurs vivent au quotidien le dérèglement climatique. Les alternatives sur certains de nos territoires sont rapides : soit les exploitations ont accès à l'eau et répondent à leur vocation nourricière, soit les territoires se transforment en friche et c'est tout l'environnement économique du monde rural qui s'écroule. Il est du devoir de tous d'aborder avec responsabilité le partage de l'eau, en permettant le stockage partout où c'est possible et en mettant un coup d'arrêt à ce Sdage plus prescriptif que n'est la loi », intervient Jean-Louis Lefaucheux, secrétaire général de la FNSEA 45.
Rappelons que la profession agricole conteste une partie des 14 chapitres que compose le Sdage qui n'intègre par exemple pas les conclusions du Varenne de l'eau ou qui tend à sanctuariser les territoires pourtant toujours façonnés par l'homme via l'introduction de la notion « d'espace périphérique de zones humides ». Sébastien Méry, responsable eau à la FNSEA 45 s'insurge : « nous dénonçons un pouvoir administratif qui outrepasse le pouvoir politique. À quand une prise en compte des engagements de nos ministres et de notre Président de la République ? ». Sébastien Prouteau, président de la FNSEA CVL surenchérit « Le Sdage tel qu'il est écrit est une véritable source d'inquiétude pour nos activités agricoles. Toutes les régions représentées ici sont riches en diversité de productions, auxquelles nous sommes très attachées. Nous regrettons ainsi les différences entre les orientations politiques et l'écriture administrative du Sdage Loire-Bretagne. Un camion de fruits et de légumes tout droit venu d'Espagne et qui arrive en France, je le vois comme une importation d'eau que l'on ne peut pas gérer chez nous », regrette-t-il.
C'est donc devant un parterre de médias que les représentants du monde agricole ont plaidé l'instauration d'un débat apaisé sur la gestion de l'eau avec l'administration, les associations environnementales et les partenaires territoriaux afin de ne pas décourager l'installation des jeunes et permettre aux agriculteurs de répondre pleinement à leur vocation nourricière dans un contexte climatique et géopolitique tourmenté.
Désormais, la balle est également dans le camp des juges qui rendront d'ici quelques mois leur verdict, en espérant que le pragmatisme et le bon sens ne seront pas déposés aux oubliettes. La FNSEA Centre Val de Loire y veillera.