Promotion de l’agriculture
Paysan, un labeur attirant
La semaine des métiers de l'agriculture, salariés ou non, aura lieu en Creuse à la fin du mois. Malgré la crise, les vocations, souvent issues de l'extérieur du monde agricole, sont encore là.
(très) peu rémunérateurs, mais passionnants. On a beau parler de crise, les métiers de l'agriculture, agriculteurs ou bien salariés, attirent encore bon nombre de jeunes. Les responsables du lycée agricole d'Ahun (LPA), et en premier lieu Nadine Aubrun, proviseure-adjointe, en savent quelque chose, eux qui forment depuis très longtemps les futurs travailleurs de la terre. Une grosse partie des élèves et étudiants composant les filières du lycée ne sont en effet pas fils ou filles d'agriculteurs. Ils viennent suivre ces formations, attirés, qui par le travail en autonomie, qui par un intérêt pour la terre ou pour beaucoup d'autres choses.
Certes, la reprise de l'exploitation familiale n'est pas chose facile pour un jeune diplômé du lycée agricole d'Ahun, à une époque où banques, industriels et grandes surfaces s'efforcent de faire valoir leurs intérêts privés, très souvent au détriment du paysan de base. Du moins n'a-t-il pas à débourser un capital vraiment trop important, puisqu'il reçoit de son parent à peu près ce qu'il lui faut pour démarrer. Mais que dire de la situation dans laquelle se trouve le jeune diplômé frais émoulu du lycée agricole, et dont les parents sont salariés, petits commerçants, ou sans emploi ? La tâche paraît bien difficile.
Pourtant, elle en tente encore certains. Les raisons de cette attirance malgré les difficultés sont certainement nombreuses. L'une d'entre elles est peut-être le grand intérêt porté par les jeunes à des métiers chargés de nourrir la société humaine, d'entretenir les territoires, deux tâches parmi les plus glorieuses qui puissent incomber à un Homme. Et ne dit-on pas que la jeunesse est idéaliste ?
Le labyrinthe
La semaine des métiers de l'agriculture, qui aura lieu le mardi 24 novembre en Creuse, est organisée par la FDSEA et l'Arefa (1) , avec le partenariat de la Mission locale de la Creuse. Elle est un des outils des agriculteurs pour faire connaître leurs métiers et motiver la jeunesse du département à choisir la voie du monde paysan. Organisée depuis plusieurs années, son but est de présenter à des collégiens (2) les métiers de l'élevage.
Des jeunes inscrits en formation au LPA et à la Mission locale de la Creuse ont préparé pour le mardi 24 novembre une journée pleine de suspense, voire d'émotions, pour les adolescents. Le matin, les collégiens découvriront les installations et les animaux de la ferme du lycée agricole d'Ahun. L'après-midi, ils visiteront le labyrinthe de Guéret. Pendant cette visite, des questions (3) leur seront posées. Les jeunes gens ayant le mieux répondu aux questions gagneront un lot. Et tous, même ceux qui n'auront pas gagné, pourront se faire une opinion plus précise sur les métiers agricoles (salariés ou à son compte), et sur leur envie de les rejoindre… ou pas !
(1) Association régionale emploi formation agricole du Limousin.
(2) Cette année, il s'agira de collégiens de Martin-Nadaud, à Guéret, et du collège d'Ahun.
(3) Rédigées par les organisateurs, par les jeunes lycéens et ceux de la mission locale.
Journée de promotion des métiers de l’agriculture. Les différents organisateurs se sont réunis à la fin octobre.
Pour que les collégiens se rappellent de cette journée à la ferme
Jeudi 22 octobre, au matin, une température douce, accompagnée d'une légère bruine donne au lycée agricole d'Ahun un aspect… automnal. Tout ce qu'il y a de plus classique. Se garant sur le parking principal, les différents organisateurs de la Semaine des métiers arrivent au compte-goutte. Ils rejoignent ensuite les locaux de l'administration du lycée, où ils sont gentiment accueillis par Nadine Aubrun, proviseure-adjointe du lycée, afin de préparer cette journée destinée à promouvoir auprès des jeunes Creusois l’agriculture et ses métiers (salariés ou exploitants).
Il y a Angélique Jouannet, chargée, avec Frédérique Bergeron, du Guichet unique emploi agricole au sein de la FDSEA ; Stéphane Peyne, chargé de relations entreprises à la Mission locale de la Creuse, à Guéret ; et Jean-Baptiste Auroy, directeur de l'exploitation du Lycée agricole d'Ahun. Sont aussi présents les lycéens et les jeunes de la Mission locale, notamment Angélique Planche et Esther Gohier.
Le matin est consacré à la visite de l'exploitation agricole du lycée. Bergerie, stabulation, salle de traite, porcherie sont présentées par Jean-Baptiste Auroy aux organisateurs, ce qui leur permet de réfléchir aux questions qu'ils pourront poser aux collégiens, le 24 novembre. « Il faut rester simple, poser des questions faciles », propose Angélique Jouannet. Tout le monde acquiesce. Car le but, c'est évidemment de séduire les jeunes et non de les perdre avec des paroles incompréhensibles. Jean-Baptiste Auroy présente le système de la salle de traite. « Nous sommes le seul lycée agricole où le lait servi à la cantine vient du lycée » (de 40 à 60 litres par jour), s'enorgueillit-il.
Le jeune homme poursuit, décrivant les cheptels de l'exploitation : « Nous avons 40 mères vaches limousines, à peu près autant de laitières, des porcs et des moutons ». Quasiment toutes les activités de l'exploitation sont déficitaires, « comme pour les agriculteurs ». Mais le tout frais directeur de l'exploitation du lycée d'Ahun, professeur de « productions animales » auparavant, estime que la diversification, c'est l'avenir. Il pense que les exploitations qui marcheront bien dans le futur seront diversifiées.
Angélique Jouannet, la jeune femme responsable du Guichet unique emploi agricole au sein de la FDSEA, demande ensuite si les collégiens pourraient rencontrer les responsables de chaque exploitation pour qu'ils fassent la visite et parlent de leurs métiers. « Ce sera difficile compte tenu de leur emploi du temps, explique Jean-Baptiste Auroy. Le mieux est que les lycéens fassent la visite. Ils s'en sortiront très bien. »
Les deux jeunes femmes venues par le biais de la Mission locale, Angélique Planche et Esther Gohier prennent des notes et assimilent ce qu'explique le directeur. Angélique prend des notes sur une feuille. Fille d'un paysan, elle est animatrice et directrice de centres aérés. Elle travaille à travers toute la France, notamment dans des centres pour les enfants de salariés de TF1. « Mais il y a de plus en plus de difficultés à trouver des contrats, car le pouvoir d'achat des parents diminue, et les budgets pour leurs enfants avec ! ». Évidemment intéressée par le monde agricole, elle a été tentée quand Stéphane Peyne lui a proposé d'animer cette journée avec les collégiens. L'autre jeune femme venue de la mission locale, Esther Gohier, est elle aussi proche si ce n'est du monde agricole, du moins du monde animal, puisqu'elle voudrait devenir auxiliaire vétérinaire.
La visite prend fin devant la porcherie, après que Jean-Baptiste Auroy a expliqué en détail pourquoi et comment les porcelets sont castrés afin d'améliorer le goût de leur viande.
La crise qui secoue le monde agricole est abordée. « Éleveur, c'est un métier où il faut être passionné, car financièrement, c'est lourd, affirme Jean-Baptiste Auroy. Et d'autant plus pour ceux non issus du monde agricole. » Malgré ce constat difficile, cette journée est importante aussi car elle concerne les métiers du salariat agricole. Et aussi parce que, selon Stéphane Peyne : « Cela permet d'amener notre public vers le monde agricole, de faire découvrir des métiers, de valoriser les compétences et l'expérience des jeunes. Nous voulons qu'ils s'ouvrent ».
Vient le moment d'aller se restaurer. L'occasion de peaufiner cette journée du 24 novembre, qui promet d'être une belle réussite et de donner envie à nombre de jeunes de travailler dans un métier de l'agriculture. Puis ce sera un après-midi studieux : il sera consacré à la rédaction des questions qui seront posées aux collégiens. Parmi eux, combien seront de futurs agriculteurs ? Evidemment, cela ne dépend pas de cette journée...