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Pas d'élevage sans sentiments pour les animaux !

A l'occasion de la projection au cinéma du film « Petit paysan », les JA ont organisé une soirée-débat au Puy-en-Velay, en présence de Gilbert Guignand président de la Chambre régionale d'Agriculture.

Gilbert Guignand, Anthony Fayolle et Etienne Liautaud.
Gilbert Guignand, Anthony Fayolle et Etienne Liautaud.
© HLP

Le 8 septembre à 21h, des agriculteurs et membres d'organisations professionnelles agricoles se sont installés dans l'une des salles du Ciné Dyke au Puy pour assister à la projection du film « Petit Paysan ». Ce film français raconte l'histoire dramatique d'un éleveur de vaches laitières concerné par une épidémie qui infecte progressivement son troupeau ; un coup dur pour cet éleveur très proche de ses vaches qui ne peut se résoudre à les voir disparaître...
A la suite de cette séance, les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire ont lancé un débat sur le thème de la relation entre l'éleveur et ses animaux. 
Anthony Fayolle, président des JA et Etienne Liautaud, JA de Cayres, ont ouvert le débat en invitant Gilbert Guignand, président de la Chambre régionale d'agriculture, qui, comme l'éleveur mis en scène dans ce film, a subi plusieurs crises sanitaires qu'il a vécues comme de véritables épreuves de la vie.

Tapage médiatique fort et méchant
« Je me suis installé en 1985 à la Séauve/Semène et en 1988, j'ai dû faire abattre mon troupeau touché par la leucose. Quelques années plus tard, en 2001, la crise de l'ESB a une nouvelle fois conduit à l'abattage total de mon troupeau » explique-t-il avec émotion.
Mais selon lui, la crise qui a été la plus difficile à vivre, c'est celle de l'ESB en raison « d'un tapage médiatique fort et méchant ». « À l'époque, le plus dur a été pour mes enfants car on avait l'impression d'empoisonner le monde... » a t-il avoué avec beaucoup d'émotions. Lorsqu'on traverse ce type de crises sanitaires, « il faut être costaud mais heureusement nous avons eu beaucoup de soutiens de la part de la profession agricole. Et lorsque les personnes se referment sur elles-mêmes, comme l'agriculteur de ce film, c'est désastreux ! Ces crises sont des moments très difficiles qui obligent à redémarrer tout notre travail à zéro. Heureusement à l'époque, j'étais jeune...».
“En France, on a une réglementation sanitaire lourde qui permet certainement de réduire l'impact de ce type de maladies”, souligne Anthony Fayolle.
Outre l'aspect sanitaire qui demeure très important dans la vie quotidienne des agriculteurs, le film permet d'aborder la question de la relation entre l'éleveur et ses animaux.
« Ce film montre qu'il n'y a pas que l'économie et la rentabilité sur une ferme. Nous, éleveurs, nous avons aussi des sentiments pour nos animaux et des efforts sont faits pour leur bien-être » souligne le président des JA. Gilbert Guignand rebondit : « Un éleveur qui n'aime pas ses animaux ne peut pas être éleveur. On a un pincement au cœur quand un animal meurt. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès, qui a, par exemple, abouti à une baisse de la consommation de viande de lapin ».
Dans la salle, Christine Vazeille, agricultrice à St Just près Brioude, s'élève contre les attaques de certaines associations qui mettent à mal l'élevage : « Lorsqu'une vache meurt, est malade ou bien pour la manger, il faut la tuer. Il y a des réalités qu'il faut affronter ! ».
Christine Vazeille insiste sur  «l'intérêt de communiquer sur le métier d'éleveur et sur la nécessité de se former pour le faire ».

Sans sentiments, impossible de travailler avec des animaux
« Nous n'éviterons jamais les 2 -3 % de personnes qui veulent détruire l'élevage » souligne Gilbert Guignand, qui propose de concentrer les efforts de communication sur tout le reste de la société et en particulier les enfants.
Quant au statut de l'animal, en discussion dans la société, le président de la Chambre régionale se dit choqué par le fait que la société cherche à s'occuper de tous les animaux avant les hommes !
Un spectateur s'est interrogé sur les réalités du métier d'éleveur dans une ferme de 1000 vaches. « Certes, on passe d'une ferme familiale à de l'industrie avec une vingtaine de salariés, ce n'est pas le modèle agricole que l'on défend, mais je suis sûr que ces salariés montrent le même attachement à leurs animaux que les éleveurs de Haute-Loire. Sans sentiment, on ne peut pas travailler avec des animaux » affirme Gilbert Guignand.
Le président des JA a dénoncé certains discours qui tendent à affirmer que les modèles agricoles du passé seraient les meilleurs. « Nous on veut montrer que l'on peut faire une agriculture moderne en respectant le bien-être animal et le consommateur ».
Un autre intervenant, non agriculteur, a rappelé le rôle majeur des agriculteurs dans l'aménagement de l'espace rural. « Si il y a autant d'incendies dans le sud, c'est en raison de la disparition de l'élevage ovin qui assurait l'entretien du territoire » a indiqué Gilbert Guignand qui, par ailleurs, ne tient pas à opposer les différents systèmes de production (hors-sols à gros volumes, élevages familiaux…).
Cette soirée, intéressante par les échanges qu'elle a suscités, s'est terminée autour d'un verre de l'amitié entre les spectateurs.

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