Pas de vrai bouleversement pour l'agriculture
Les résultats des élections européennes ont modifié les cartes au Parlement européen.
Le nouveau Parlement européen, issu des élections qui se sont tenues du 23 au 26 mai, ressort fragmenté après la poussée, plus limitée que prévu, des partis eurosceptiques et la nette progression des écologistes (qui passent de 52 à 69 sièges portés grâce à de bons résultats en Allemagne où ils ont obtenu plus de 20 %, mais aussi en France) et des libéraux (de 69 à 109 sièges grâce au score réalisé par la République en Marche qui devrait rejoindre ce groupe parlementaire).
Les partis populistes et eurosceptiques devraient, toutes tendances confondues, représenter près d'un quart de l'hémicycle (171 sièges). Mais entre les conservateurs britanniques et polonais d'un côté, les Brexiters alliés au mouvement Cinq étoiles italien d'un autre, et enfin le Rassemblement national associé à la Ligue de Matteo Salvini en Italie, ces élus auront du mal à se mettre d'accord. Ils devraient donc, comme lors de la précédente mandature, se répartir dans trois groupes politiques distincts, diluant fortement leur influence.
Par contre, les sociaux-démocrates (S&D) et les démocrates chrétiens (PPE) n'ont plus, à eux deux, la majorité absolue et vont devoir, contrairement à ce qui se passait jusqu'alors, trouver de nouvelles alliances.
Réélections
Mais ces nouveaux équilibres à trouver ne devraient pas bouleverser le travail de la commission de l'agriculture du Parlement européen (Comagri) au sein de laquelle le PPE, les libéraux et les plus centristes des sociaux-démocrates devraient continuer de mener les débats. Deux des trois rapporteurs des propositions de la Commission européenne sur la future Pac ont été réélus : le socialiste français Éric Andrieu (OCM) et la libérale allemande Ulrike Müller (règlement horizontal). Par contre, le cas de l'Espagnol Ester Herranz Garcia (PPE), en charge du volet le plus important de cette future Pac (les plans stratégiques), est incertain : elle était 14e de la liste du Parti populaire pour seulement 12 sièges conquis, mais elle pourrait récupérer son siège après le Brexit.
Et en dehors des deux élus du PPE Albert Dess (Allemagne) et Michel Dantin (France) qui ont décidé de ne pas revenir au Parlement européen, les autres membres importants de la Comagri ont été réélus. Pour les sociaux-démocrates : Paolo De Castro (Italie), Clara Aguilera Garcia (Espagne) et Maria Noichl (Allemagne), et pour le PPE : Norbert Lins (Allemagne) et Herbert Dorfmann (Italie). Ou encore Jan Huitema (Pays-Bas) pour les libéraux et Martin Hausling (Allemagne) pour les Verts. Parmi les nouvelles têtes, le Belge Olivier de Schutter (ancien rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation), élu des Verts, pourrait faire son entrée à la Comagri de même que plusieurs Français dont l'ancien président des jeunes agriculteurs Jérémy Decerle.
La véritable inconnue pour ce prochain Parlement en matière agricole tient surtout au rôle que jouera la commission de l'environnement qui pourrait prendre beaucoup plus de poids, notamment dans les discussions sur la Pac. C'est au sein de cette commission, qui détient également des pouvoirs sur les questions de sûreté alimentaire, que la «poussée verte» pourrait se faire le plus ressentir.
Calendrier
Du 2 au 4 juillet se tiendra la première plénière du Parlement européen qui fixera le nombre et la composition des commissions permanentes. La commission de l'agriculture tiendra sa réunion constitutive le 8 juillet avec les élections de son président et du bureau.