Paratuberculose : se protéger et intervenir rapidement lors d’alertes
Pour contrer la diffusion de cette maladie au sein des élevages, il est indispensable d’identifier sa présence en cas de suspicion clinique et de mettre en place un dépistage généralisé pour aller vers l’assainissement, voire la garantie.
La paratuberculose clinique est provoquée par le développement dans les intestins d’une bactérie, Mycobacterium avium paratuberculosis. Quatre caractéristiques de cette maladie conditionnent les plans de prévention et de lutte :
• Un germe très résistant dans le milieu extérieur, tout particulièrement en milieu acide.
• Une sensibilité des animaux qui dépend de l’âge (contamination le plus souvent dans les premiers mois de vie du veau), de la génétique (travaux en cours sur plusieurs races) et du niveau de pression infectieuse dans l’environnement.
• Un développement très lent de la bactérie, les premiers symptômes apparaissant, en cheptel allaitant, entre 2 à 4 ans dans 50 % des cas, beaucoup plus tard (jusqu’à l’âge de 10 ans et plus) pour les 50 autres %. La période d’excrétion et donc de contamination du milieu sera plus ou moins longue en fonction de l’animal et de son maintien dans l’exploitation. Les animaux les plus dangereux sont les cliniques mais également certaines vaches « super-excrétrices » sans symptômes visibles.
• Des analyses disponibles pour détecter les bovins atteints imparfaites. La détection des bovins infectés ne peut intervenir qu’après l’âge de 18 mois, lorsqu’ils sont à un stade d’infection avancé (sérologie ELISA), voire déjà en phase d’excrétion (PCR sur les bouses). Seule la répétition des analyses au niveau d’un troupeau permet d’apporter des garanties de cheptel.
… une confirmation diagnostic lors de toute suspicion clinique…
Les signes d’appel sont un amaigrissement rapide des animaux pouvant évoluer vers la cachexie et, le plus souvent, une diarrhée intermittente qui devient incoercible. La clinique est aggravée en présence de carences alimentaires, de stress ou de parasitisme (notamment de paramphistome). Le diagnostic se fait en couplant analyse sanguine et prélèvement de bouse et s’il est confirmé, nous proposons à l’éleveur de rentrer en plan d’assainissement.
… une mise en place rapide du plan d’assainissement
Du fait des caractéristiques de cette maladie, plus l’intervention sera précoce, moins le plan d’assainissement sera long et donc coûteux. Le plan de lutte s’appuie sur deux catégories de mesures : la détection des animaux infectés et leur réforme rapide, ainsi que leur dernier descendant, et la maîtrise sanitaire des risques de contamination (désinfection des bâtiments, abreuvement, gestion des fumiers...). Le risque d’infection de nouveaux animaux est directement corrélé au niveau de contamination environnementale, d’où la nécessité de bien maîtriser ces éléments.
… pour limiter l’impact économique
Le bénéfice immédiat du plan d’assainissement est la détection d’animaux infectés avant qu’ils ne présentent des symptômes, ce qui permet de les réformer dans de bonnes conditions pour une bonne valorisation économique. Dès le début des signes cliniques, les animaux atteints voient leur état corporel se dégrader, ainsi que leurs performances laitières, leur fertilité et leur immunité, ce qui les fragilise vis-à-vis d’autres pathologies. L’impact économique dû aux pertes de production peut être estimé à 100 € par animal et par an. Et du fait de l’interdiction d’introduire un animal malade à l’abattoir, un bovin paratuberculeux ne présente plus de valeur, sa seule destination sera l’équarrissage.
Un dépistage systématique pour aller vers l’assainissement…
359 cheptels sont en plan sur le département pour 29 000 animaux dépistés. 11 élevages sont entrés en plan sur la campagne suite à identification d’un cas clinique ou pour obtenir l’apport de garantie et 11 élevages en sont sortis pour cause de cessation ou parce que l’objectif d’assainissement était atteint. 21 cheptels sont en cours d’acquisition de l’apport de garantie et sur les 154 cheptels encore en assainissement, 55 ont obtenu une première série de résultats négatifs. L’historique de dépistage accumulé dans ces élevages permet de renforcer les garanties apportées par rapport aux cheptels tout venant, même si l’assainissement n’est pas terminé. Autre point positif, nous constatons une augmentation régulière du nombre de cheptels sous apport de garantie montrant que le dépistage sérologique annuel et des mesures sanitaires rigoureuses permettent de maîtriser la maladie dans un élevage.
… et poursuivre sur l’apport de garantie…
Pour certaines races, l’apport de garantie vis-à-vis de la paratuberculose est nécessaire pour la vente de génétique ou la filière de reproduction assistée (insémination, transfert embryonnaire). Un référentiel technique national d’apport de garantie de cheptel a été élaboré et mis à disposition de tous les GDS en 2004, avec des évolutions importantes en 2018. Il repose sur les données scientifiques actualisées et les éléments de terrain recueillis au sein des différentes régions et en particulier sur le travail réalisé dans le Limousin. Lors de mouvements d’animaux, la connaissance du statut du cheptel d’origine apporte une meilleure garantie qu’un résultat négatif ponctuel. 184 élevages sont sous apport de garantie (au moins deux séries négatives sur tous les bovins de plus de 24 mois). La moitié sont des cheptels reproducteurs de limousines, le dépistage de la paratuberculose étant une obligation pour l’adhésion au Herd-Book Limousin (HBL). En Creuse, 90 % des élevages adhérents au HBL sont sous apport de garantie. Ce taux est supérieur à la moyenne nationale, preuve de la qualité du travail entrepris par les éleveurs creusois. Outre ces élevages HBL, les élevages sous apport de garantie, essentiellement des éleveurs de limousines, ont fait la démarche pour commercialiser des animaux reproducteurs ou pour préparer leur cessation et transmettre un cheptel sain. Ceci fait suite à la sensibilisation mise en place par GDS Creuse depuis de nombreuses années.
… en restant vigilant pour ne pas se contaminer
Tous les ans, des éleveurs perdent leur garantie du fait de la découverte d’animaux positifs ou de cas cliniques. Les causes de cette recontamination sont multiples : achat de terrain contaminé, abreuvement à une eau contaminée, introduction d’un animal porteur. Les éleveurs sous apport de garantie sont fortement encouragés à acheter des animaux dans des cheptels de même statut. Si un bovin de plus de 18 mois provenant d’un cheptel non garanti est introduit, il devra faire l’objet d’un contrôle à l’introduction en ayant conscience des limites de cet examen. GDS Creuse, avec l’aide du Conseil départemental, prend en charge 50 % des frais d’analyses lors d’utilisation du billet de garantie conventionnelle. Sur les bovins de moins de 18 mois, tout dépistage est inutile du fait du manque de sensibilité de l’analyse à cet âge. Le dépistage doit alors se faire dans le mois suivant son passage à 18 mois. Tout bovin introduit provenant d’élevage sans garantie restera exclu de la garantie jusqu’à l’obtention de deux résultats négatifs à un an d’intervalle.
Le respect strict des mesures sanitaires avec un accompagnement de GDS Creuse
La réussite de la prévention et de la lutte contre la paratuberculose passe par un strict respect des mesures sanitaires et environnementales : précautions à l’introduction pour éviter son entrée, mise en place rapide du plan et respect des mesures préconisées en cas de présence dans l’élevage. Notre investissement dans cette action est technique (outils collectifs pour la prévention et la lutte et le suivi individuel, en relation avec le vétérinaire de l’élevage, mise à disposition de vos résultats d’analyse sur WebGDS) et financier (tarif d’analyses négocié, visites et prise en charge à 50 % de la désinfection si réalisée par Farago Creuse). C’est une des composantes de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ».