Paratuberculose : des évolutions dans la gestion des introductions
Pathologie provoquée par une bactérie très résistante dans le milieu extérieur, elle peut avoir un impact clinique et économique important. Au quotidien, cela nécessite vigilance à l’introduction, confirmation lors de toute suspicion clinique et, si besoin, dépistage généralisé pour aller vers l’assainissement, voire le statut favorable.
Pathologie provoquée par une bactérie très résistante dans le milieu extérieur, elle peut avoir un impact clinique et économique important. Au quotidien, cela nécessite vigilance à l’introduction, confirmation lors de toute suspicion clinique et, si besoin, dépistage généralisé pour aller vers l’assainissement, voire le statut favorable.
La paratuberculose bovine est une maladie insidieuse avec des conséquences économiques importantes. 333 cheptels sont en suivi sur notre département pour plus de 29 000 animaux dépistés.
Des caractéristiques de cette maladie qui rendent sa maîtrise difficile
La paratuberculose clinique est provoquée par le développement dans les intestins d’une bactérie, Mycobacterium avium paratuberculosis. Quatre caractéristiques de cette maladie conditionnent les plans de prévention et de lutte :
- un germe très résistant dans le milieu extérieur, tout particulièrement en milieu humide, sombre et acide,
- une sensibilité des animaux qui dépend de l’âge (contamination le plus souvent dans les premiers mois de vie du veau), de la génétique (travaux en cours sur plusieurs races) et du niveau de pression infectieuse dans l’environnement,
- un développement très lent de la bactérie, les premiers symptômes apparaissant, en cheptel allaitant, entre 2 à 4 ans dans 50 % des cas, beaucoup plus tard (jusqu’à l’âge de 10 ans et plus) pour les 50 autres %. La période d’excrétion et donc de contamination du milieu sera plus ou moins longue en fonction de l’animal et de son maintien dans l’exploitation. Les animaux les plus dangereux sont ceux qui déclarent la clinique mais également certaines vaches « super-excrétrices » sans symptômes visibles,
- des analyses disponibles imparfaites. La détection des bovins infectés s’appuie sur les sérologies ELISA sur sang, en routine, et sur les PCR dans les bouses. Aucune de ces analyses ne permet de détecter tous les animaux infectés et seule leur répétition au niveau d’un troupeau permet de délivrer des statuts favorables.
Une prise en compte de toute alerte…
Les signes d’appel sont un amaigrissement rapide des animaux pouvant évoluer vers la cachexie (amaigrissement extrême), une décoloration du poil et, le plus souvent, une diarrhée intermittente qui devient incoercible. N’hésitez pas à prendre contact avec votre vétérinaire pour réaliser un diagnostic. Il est important de coupler l’analyse sanguine avec le prélèvement de bouse. La clinique est aggravée en présence de carences alimentaires, de stress ou de parasitisme (notamment de paramphistome). La détection peut également se faire à l’occasion d’une vente par exemple. En cas de doute, on fera une évaluation de troupeau en prélevant tous les animaux de plus de 24 mois.
… et une mise en place rapide du plan d’assainissement…
Du fait des caractéristiques de cette maladie, plus l’intervention sera précoce, moins le plan d’assainissement sera long et donc coûteux. Le plan de lutte s’appuie sur deux catégories de mesures : la détection des animaux infectés et leur réforme rapide, ainsi que leur dernier descendant, et la maîtrise sanitaire des risques de contamination (désinfection des bâtiments, gestion des fumiers, reprise de terrains, abreuvement…). Le risque d’infection de nouveaux animaux est directement corrélé au niveau de contamination environnementale, d’où la nécessité de bien maîtriser ces éléments.
… pour limiter l’impact économique
Les pertes sont directes (baisses de production, mortalité, euthanasie des malades) et indirectes (non-accès à certains débouchés commerciaux). Le bénéfice immédiat du plan d’assainissement est la détection d’animaux infectés avant qu’ils ne présentent des symptômes, ce qui permet de les réformer dans de bonnes conditions pour une bonne valorisation économique. Dès le début des signes cliniques, les animaux atteints voient leur état corporel se dégrader, ainsi que leurs performances laitières, leur fertilité et leur immunité, ce qui les fragilise vis-à-vis d’autres pathologies. Et du fait de l’interdiction d’introduire un animal malade à l’abattoir, un bovin paratuberculeux ne présente plus de valeur, sa seule destination sera l’équarrissage.
Un dépistage systématique pour aller vers l’assainissement…
Le dépistage sérologique annuel couplé à des mesures sanitaires rigoureuses permet de maîtriser la maladie dans un élevage. 149 cheptels sont en plan d’assainissement sur le département. 17 élevages sont entrés en plan sur la campagne suite à identification d’un cas clinique ou pour obtenir le statut favorable. 25 élevages en sont sortis dont la moitié pour cause de cessation et l’autre moitié pour une fin d’assainissement ou raisons financières, bien que le coût du dépistage soit largement compensé par la baisse de l’impact économique de cette pathologie sur le cheptel. 10 cheptels sont en cours d’acquisition du statut favorable et 17 l’ont obtenu. L’historique de dépistage accumulé dans ces élevages permet de renforcer les garanties apportées par rapport aux cheptels tout-venant, même si l’assainissement n’est pas terminé.
… et poursuivre vers le statut favorable…
Pour certaines races, un statut favorable de troupeau vis-à-vis de la paratuberculose est nécessaire pour la vente de génétique ou la filière de reproduction assistée (insémination, transfert embryonnaire). Un nouveau référentiel technique national a été élaboré et mis à disposition de tous les GDS fin 2023. On ne parlera plus de cheptel « sous apport de garantie » mais de cheptel « à statut favorable », ce qui signifie peu ou pas infecté. Lors de mouvements d’animaux, la connaissance du statut du cheptel d’origine apporte une meilleure garantie qu’un résultat négatif ponctuel. 174 élevages sont sous statut favorable (au moins deux séries négatives sur tous les bovins de plus de 24 mois). La moitié sont des cheptels reproducteurs de limousines, le dépistage de la paratuberculose étant une obligation pour l’adhésion au Herd-Book Limousin (HBL). En Creuse, 90 % des élevages adhérents au HBL sont sous statut favorable. Ce taux est supérieur à la moyenne nationale, preuve de la qualité du travail entrepris par les éleveurs creusois. Outre ces élevages HBL, les élevages sous statut favorable ont fait la démarche pour commercialiser des animaux reproducteurs ou pour préparer leur cessation et transmettre un cheptel avec des garanties supplémentaires. Ceci fait suite à la sensibilisation mise en place par GDS Creuse depuis de nombreuses années.
… en restant vigilant pour ne pas se contaminer
Tous les ans, des éleveurs perdent leur statut favorable du fait de la découverte d’animaux positifs ou de cas cliniques. On distingue deux causes principales de contamination :
- achat de terrain contaminé ou abreuvement à une eau souillée. Cela vient rappeler la nécessité de mise en œuvre de mesures de biosécurité,
- introduction d’un animal porteur. Compte tenu des caractéristiques de la maladie, même le statut favorable de troupeau n’est pas une garantie « indemne ». Tout bovin de plus de 18 mois introduit devra faire l’objet d’un contrôle sérologique à l’introduction (en ayant conscience des limites de cet examen). Pour un bovin provenant d’un cheptel sans statut, une analyse PCR sur bouses sera réalisée en complément et il restera exclu de la garantie jusqu’à l’obtention de deux résultats négatifs à plus de 9 mois d’intervalle. GDS Creuse, avec l’aide du Conseil départemental, prend en charge 50 % des frais d’analyses lors d’utilisation du billet de garantie conventionnelle. Si un animal est introduit avant 18 mois, le dépistage devra alors se faire dans le mois suivant son passage à 18 mois.
Le respect strict des mesures sanitaires avec un accompagnement de GDS Creuse
La réussite de la prévention et de la lutte contre la paratuberculose passe par un strict respect des mesures sanitaires et environnementales : précautions à l’introduction pour éviter son entrée, mise en place rapide du plan et respect des mesures préconisées en cas de présence dans l’élevage. Notre investissement dans cette action est technique (outils collectifs pour la prévention et la lutte et le suivi individuel, en relation avec le vétérinaire de l’élevage, mise à disposition de vos résultats d’analyse sur WebGDS) et financier (tarif d’analyses adhérent, visites, analyses de recontrôle et prise en charge à 50 % de la désinfection réalisée par Farago Creuse). C’est une des composantes de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ».