Pac de 2013 : l’élevage à l’herbe a encore des arguments à faire valoir
Invité le 15 avril du groupe Altitude, Pierre Chevalier a exposé la stratégie de la FNB dans le cadre des négociations sur la future Pac et de la loi de modernisation agricole.
"Je fais le pari que dans dix - 20 ans, si l'Europe ne s'est pas préoccupée de son autosuffisance alimentaire, elle ne pourra s'approvisionner en viande à l'extérieur de ses frontières". Pour le président de la Fédération nationale bovine (FNB), qui intervenait jeudi devant l'assemblée générale du groupe Altitude, l'enjeu des orientations de la politique agricole commune dépasse largement les intérêts corporatistes de l'élevage.
Partant du constat d'un déficit irréversible entre production et consommation à l'échelle française et communautaire (8,5 millions de tonnes consommées pour 8,1 produites), d'une augmentation du nombre de vaches allaitantes qui n'arrivera pas à compenser le repli du cheptel laitier, mais aussi d'une demande mondiale qui va s'accroître inexorablement, Pierre Chevalier estime indispensable de poser le débat en termes sociétal, d'emplois et d'aménagement du territoire.
Renforcer le lobbying
"Veut-on rayer de la carte le Massif central ? Les 500 millions de consommateurs européens accepteront-ils demain de la viande bovine aux hormones d'Amérique du Sud produite dans des feeds lots de 10 000 têtes ?" Telles sont selon lui les questions que l'on devrait poser à l'ensemble des 27 États membres de l'UE en amont de la prochaine réforme de la Pac à l'horizon 2013.
Une réforme qui s'annonce à ses yeux compliquée, le budget agricole suscitant les convoitises, d'autant plus dans un contexte économique tendu. Compliqué donc mais pas impossible, a nuancé le Corrézien, qui, au vu de ses derniers échanges avec le commissaire européen Dacian Ciolos notamment, s'est montré plutôt optimiste quant à la possibilité de maintenir un couplage de la prime à la vache allaitante et des soutiens différenciés pour des territoires tel le Massif central.
"Mais il y a beaucoup de travail à faire et les négociations à Bruxelles ont déjà commencé". Bruxelles, où il faudra plus que jamais faire preuve d'activisme. Bruxelles mais aussi Strasbourg, puisque depuis le 1er janvier, le principe de codécision entre Parlement et Commission est en vigueur. "Il faut aussi qu'on arrive à démontrer que quand on a des ruminants, on contribue à réduire les émissions de CO2, les prairies fonctionnant comme des pièges à carbone. Cela peut paraître irrationnel comme justification des aides mais il faut tenir compte de tous ces paramètres", a rappelé P. Chevalier dont la fédération est partie en croisade contre le message des anti-viande. Le préfet Mourier ne disait d'ailleurs pas autre chose dans sa conclusion incitant les éleveurs à mettre l'alimentation au coeur d'un nouveau pacte entre paysans et citoyens et à ne pas tourner le dos au défi environnemental.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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