Noël aux couleurs de l’Amérique du Sud
Noël est la fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus, on l’appelle aussi la Nativité. Aux quatre coins du monde, Noël est l’occasion de festivités avec des us et coutumes bien différents selon les pays et les continents. Nous vous proposons de découvrir comment se passent les fêtes de Noël dans les pays d’Europe du Nord, en Afrique et en Amérique du Sud.

Au Brésil, à la veille de Noël, fleurissent partout dans le pays des crèches mettant en scène la naissance de l’enfant Jésus. On y trouve aussi des figurines d’animaux imaginaires, typiques du folklore brésilien. « Chaque région a sa propre crèche, et les figurines varient de l’une à l’autre », explique Rafaël, habitant de Rio de Janeiro. « Au Brésil, la dimension religieuse de Noël reste assez présente. La messe de minuit est appelée « Missa do Galo » (messe du coq) car selon la légende, un coq aurait chanté le 24 décembre à minuit pour annoncer la venue du Messie. » Autre curiosité brésilienne : le réveillon du 31 décembre, pour lequel il est coutume de s’habiller en blanc. « On dit que le blanc est symbole de recommencement. En porter représenterait donc une manière de se purifier pour commencer la nouvelle année », explique Rafaël. On décore également les maisons de fleurs blanches, et à Rio de Janeiro, des fleurs blanches sont jetées à la mer. »
À Cuba, Noël à nouveau célébré
À Cuba, Noël est célébré avec une ferveur toute particulière aujourd’hui. Et pour cause : depuis la révolution cubaine de 1959, Fidel Castro et le gouvernement révolutionnaire ont rejeté toute manifestation de foi, y compris Noël. « La religion était vue comme « l’opium du peuple », comme « une aliénation », raconte Yoana, qui a grandi à La Havane. « Enfant, je me souviens qu’il était interdit de décorer les maisons, de montrer des images représentant l’enfant Jésus ou les rois mages. Toutefois, le gouvernement cubain offrait un cadeau à chaque enfant. » Malgré tout, nombre de familles ont continué à célébrer Noël dans le secret et des messes clandestines ont longtemps été organisées. Les choses ont évolué en 1991 avec la chute du mur de Berlin. « La fin du soutien de l’URSS à Cuba a provoqué une grave crise économique et des pénuries. Face à la colère des Cubains, le régime castriste a lâché du lest et permis que les fêtes de Noël soient célébrées. Mais le vrai tournant s’est produit en 1998 lorsque le pape Jean-Paul II a visité l’île et que les relations avec l’Église se sont apaisées. Depuis lors, les messes sont à nouveau permises à Cuba et on fête Noël comme partout dans le monde, peut-être même avec davantage de ferveur ! » explique Yoana.
Feliz navidad du Venezuela et de Colombie !
Au Venezuela, Noël est avant tout une fête familiale qui réunit de grandes tablées. « Nous mangeons à ne plus en pouvoir ! » rit Andrés, originaire d’une région rurale du pays. Son épouse, Maria, témoigne : « À Noël, la tradition est de préparer le « Pan navideño » (pain de Noël) à base de farine de maïs, garni de jambon, de fromage et fruits secs. Nous préparons aussi des chaussons fourrés avec de la farce de porc, un peu de bœuf, des pois chiches, des patates et des petits légumes, le tout cuit lentement dans une feuille de bananier. » Leurs voisins Colombiens, quant à eux, dépensent sans compter pour Noël, et des rues commerçantes entières sont consacrées à la vente de décorations et de cadeaux. Des crèches géantes prennent place dans les places publiques, les centres commerciaux, et même les stations de métro ! « Ce sont aussi des fêtes familiales et religieuses, puisque la messe de minuit reste une tradition très suivie par les Colombiens », affirme Angela, jeune habitante de la capitale Bogota.
AFRIQUE / Noël, c’est la fête du partage
Au Sénégal, pays à forte confession musulmane, l’esprit de Noël est très présent. Les décorations sont aussi au rendez-vous dans les maisons, avec parfois le traditionnel sapin de Noël, mais surtout des guirlandes lumineuses et des jeux de lumière. « Depuis plusieurs années, nous fêtons Noël comme les chrétiens, témoigne Dieynaba, Sénégalaise de confession musulmane. On ne va pas à la messe du 24 au soir mais on profite de ces moments festifs pour se réunir y compris avec nos familles et amis catholiques. Le 25 midi, ils nous invitent d’ailleurs à partager le repas avec eux ». Dans ce pays, Noël est une occasion de plus pour magnifier le dialogue religieux entre les musulmans et les chrétiens. « Dans notre pays, on a vraiment entamé ce processus, ce qui n’est pas le cas ailleurs en Afrique centrale ou occidentale. Ce dialogue a favorisé l’harmonie entre les deux communautés », ajoute Jacqueline, Sénégalaise catholique. Les familles qui ont les moyens offrent aussi des cadeaux à leurs enfants. Pour les plus démunis, à Kaolack, par exemple, la paroisse Saint-Jean Apôtre organise le « Noël des enfants » de sorte qu’ils aient tous un petit présent grâce à la générosité des donateurs. Au Bénin, Noël dépasse le cadre de la communauté catholique. Dès le mois de décembre, les marchés et les boutiques de quartiers abondent de jouets et différents objets. Déjà deux semaines avant la fête, les enfants se costument et déambulent dans les rues après l’école. On appelle ça le « kaléta ». Toutes sortes de masques sont portés et dans certains villages des jeunes montent sur des échasses. Ici, Noël, c’est une fête principalement organisée pour les enfants : on les emmène, si les moyens le permettent, chez le coiffeur et les filles se font tresser. Après avoir assisté à la messe de la Nativité du 25 décembre et avoir dégusté un repas simple, qui peut se limiter à de simples spaghettis, les enfants jouent jusqu’à tard le soir et les adultes se retrouvent autour d’un « sodabi », le vin de palme local. En Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan, la capitale économique, les supermarchés et les centres commerciaux essaient de reproduire la magie de Noël. L’on retrouve les traditionnelles décorations et même la visite du père Noël. Pour le repas, « chacun apporte son plat préféré, c’est la notion de partage qui compte », raconte Yasmine Fofana, blogueuse ivoirienne citée par La Croix. « De plus en plus de familles, y compris modestes, adoptent la tradition de la bûche… En tant qu’ancienne colonie, nous nous inspirons beaucoup des habitudes françaises », ajoute-t-elle. Si une minorité d’habitants peut s’offrir un festin de luxe, la plupart des Ivoiriens se réunissent pour manger les plats traditionnels, comme le poulet braisé ou le
« kédjenou », soupe pimentée de poisson.
Alison Pelotier