Myiases : Le réseau d’alerte activé
Un nouveau risque est identifié avec l’arrivée de Wohlfahrtia magnifica en zone limitrophe de la Creuse. Un réseau d’alerte est mis en place pour vous informer de la présence de myiases sur une zone.
Les myiases constituent une parasitose entraînant pertes, coûts de traitements et temps passé. L’arrivée probable en Creuse de Wohlfahrtia magnifica demande une stratégie de lutte et de prévention réfléchie et un signalement des cas pour un meilleur recensement.
Les mouches et les facteurs favorisant les myiases
Deux mouches provoquent des myiases ovines en France : Lucilia sericata responsable des myiases classiques et Wohlfahrtia magnifica qui constitue une nouvelle menace. Leur développement dépend de la réceptivité de l’hôte, du système d’élevage, des conditions climatiques et de la situation géographique. Cette pathologie, très ancienne, s’étend pour plusieurs raisons synergiques : changement climatique entraînant le réchauffement de la planète, disparition pour écotoxicité de produits de traitement très rémanents à base d’organochlorés (lindane), développement du plein air, agrandissement des troupeaux, main d’œuvre se raréfiant entraînant des difficultés de surveillance.
Lucilia sericata dans les zones laineuses
Lucilia sericata se localise plutôt dans la laine avec les larves de stade 2 et 3 à l’origine des lésions. En lacérant la peau, elles creusent de véritables galeries. La toison montre des zones lainées humides, brunâtres et d’odeur fétide avec des centaines d’asticots. La présence d’une tache brune doit alerter. En écartant la laine, des mèches tombent et les asticots sont visibles. Les parties du corps à peau fine sont les sites de prédilection. Les zones à inspecter quotidiennement en période à risque sont l’orifice du rectum, la vulve, la verge, le fourreau, la base des cornes, les pieds, les oreilles et le garrot.
Wohlfahrtia magnifica dans les orifices et en localisation podale
Découverte en 2012 dans la Vienne, son extension s’est accélérée sur 3 départements : Vienne, Haute-Vienne et Charentes. Wohlfahrtia magnifica pond des larves au niveau des orifices et des pieds des ovins, mais aussi chez les bovins ou les chiens. Ces asticots, un peu plus gros, s’implantent perpendiculairement à la plaie. Ils provoquent des lésions profondes à partir d’une simple inflammation, blessure ou d’une infection (piétin, fourchet), voire sur une peau saine. Les organes génitaux constituent le deuxième site de développement, favorisé par les écoulements naturels et les tuméfactions de la vulve (pose d’éponges, d’où la recommandation de garder les brebis épongées en bâtiment).
Un affaiblissement des animaux et des plaies profondes
Quelle que soit la mouche, les symptômes généraux sont relativement similaires : affaiblissement, perte de poids et d’appétit. Pour Lucillia, la laine tombe, révélant parfois des plaies profondes qui peuvent se surinfecter, d’où une souffrance et des démangeaisons chez les animaux atteints qui s’isolent et répugnent à se déplacer. Pour Wohlfahrtia, le tableau clinique est dominé par des boiteries avec déformation du pied et écartement des doigts, et des écoulements vulvaires. L’évolution peut aller jusqu’à la mort suite à une propagation des lésions ou à l’infection secondaire (septicémie).
Les soins aux animaux atteints de myiases
Tondre une grande zone autour des lésions sur l’animal avant d’appliquer une solution d’insecticide à bonne concentration (attention de ne pas brûler la peau de l’animal). Le retrait manuel des asticots peut s’avérer nécessaire. Consultez votre vétérinaire pour mettre en place une couverture antibiotique afin d’éviter les surinfections. Traiter l’animal avec un pour-on pour éviter toute recontamination. Une surveillance de l’animal durant plusieurs jours est nécessaire.
Les méthodes de lutte : de la baignade au pour-on
Afin de contrôler l’apparition des myiases sur un troupeau, plusieurs types de traitements sont disponibles : le bain, la douche, la pulvérisation ou le pour-on.
La pulvérisation, la douche et le bain utilisent des molécules à faible rémanence (organophosphorés, pyrèthres). L’efficacité de ces produits sur les animaux se limite à trois semaines, voire moins avec des attaques de mouches répétées et en forte pullulation. Cela entraîne une répétition des traitements (trois à quatre fois par an).
Le pour-on permet d’appliquer facilement à l’aide d’un pistolet sur la toison une faible quantité de produit sans risque pour l’homme et l’environnement. Une seule molécule est agréée avec comme indication le traitement préventif contre les myiases, le Dicyclanil. Son utilisation a permis d’apporter une sécurité dans les traitements et une tranquillité pour l’éleveur, avec une rémanence de huit à seize semaines.
Enfin des seaux complémentés à l’ail semblent donner de bons résultats mais nécessitent un dosage suffisant tout en restant appétents pour les brebis.
Un programme régional de lutte
Face à la menace Wohlfahrtia, un plan collectif de lutte et de prévention est proposé. Il consiste en l’administration d’une couverture insecticide mensuelle d’avril jusqu’à un mois après la tonte, prolongée par l’application toutes les huit semaines de Dicyclanil à pleine dose. Ce traitement systématique est à compléter par une prévention des pathologies podales, avec une vaccination piétin et l’utilisation de pédiluves, et une vigilance accrue sur les brebis épongées.
Soyez acteur du concept « Le sanitaire... j’adhère ! », remontez vos observations
La stratégie de lutte est à adapter à l’élevage et prend en compte les facteurs suivants : réceptivité de l’hôte, système d’élevage, conditions climatiques et situation géographique ainsi que le choix de la molécule à utiliser, le tout associé à une surveillance accrue en période à risque et à une rapidité d’action en cas de problème. Si vous êtes confrontés, ou si vous connaissez la présence de myiases sur un secteur, faîtes-nous remonter l’information afin d’avertir vos collègues sur la zone (cf. encadré).
Une réunion d’information, le mardi 20 mars à Saint‑Vaury
Pour mieux vous éclairer, face à cette émergence, nous vous invitons à une réunion d’information sur les myiases à destination de l’ensemble des éleveurs ovins de la Creuse le mardi 20 mars à Saint-Vaury, salle des fêtes, passage de l’ancienne gendarmerie. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire, votre technicien ou GDS Creuse et rendez-vous ce 10 mars à notre journée portes ouvertes pour échanger sur ce sujet (mini-conférences Wohlfartia à 11h et 14h) et d’autres...
Wohlfartia magnifica, une diffusion qui semble inexorable
Apparue au début des années 2010 dans la Vienne, les myiases à Wohlfahrtia ne sont plus qu’à deux communes de la Creuse.
Un réseau de surveillance, une centralisation des informations à GDS Creuse
Dans le cadre de la section ovine de GDS Creuse, un réseau de surveillance sanitaire regroupant les différents intervenants (éleveurs, techniciens, vétérinaires...) avec une centralisation des données par GDS Creuse est constitué depuis 2013. Lors de la section ovine GDS Creuse du 13 février, une attention particulière a été demandée vis à vis de ces myiases, notamment celles à Wohlfahrtia. Si vous êtes confronté ou témoin de la présence de myiases sur un secteur, remontez-nous l’information afin d’avertir vos collègues sur la zone.
SMS, lettre d’information, site internet pour alerter
Aujourd’hui, nous pouvons communiquer auprès des éleveurs sur une zone déterminée (commune, canton...), par le biais d’outils de communication rapides et utilisés de tous tels que les SMS, le site internet, les lettres d’information ou encore la presse (écrite ou radio). Face à une pathologie qui nécessite une attention particulière dès les premiers signes d’apparition, la mobilisation de chacun est indispensable au bon fonctionnement de ce réseau. Ainsi, dès qu’une alerte est connue sur un secteur, nous vous alertons sur la zone concernée.