Modifier les rations pour réduire la production de méthane des bovins
L’unité mixte de recherche sur les herbivores (UMRH) à l’Inrae de Theix (63) mène diverses recherches concernant les stratégies qui pourraient permettre de réduire les émissions de méthane issues de l’élevage bovin.
Objectif de l’Institut : trouver des solutions pour adapter les élevages aux enjeux climatiques et économiques, tout en évitant la décapitalisation du cheptel préconisée par la Cour des Comptes. Pour l’atteindre, les chercheurs et professionnels de la filière croient en la combinaison de différents leviers, touchant à la génétique, la conduite de troupeau et l’alimentation.
« Une partie du CH4 entérique est produite au moment de la digestion, lorsque l’aliment ingéré par l’animal est pris en charge par des micro-organismes présents dans le rumen », explique Cécile Martin, directrice de recherche à l’UMRH. « L’hydrogène, (H2) produit par les micro-organismes du rumen qui fermentent la matière organique, est alors utilisé par d’autres micro-organismes spécialisés (archées méthanogènes) pour le combiner au CO2 et produire ainsi du CH4, qui sera en grande partie éructé par le ruminant. Nos recherches ciblent à réduire la disponibilité de l’H2 dans le rumen, afin de limiter cette réaction appelée ‘‘méthanogenèse’’. Pour ce faire, nous avons étudié le potentiel réducteur de différents aliments, ingrédients et additifs ».
Plus de tanins dans les prairies
Les recherches de l’UMRH ont mis en évidence l’intérêt d’introduire davantage de plantes riches en tanins dans les prairies, telles que la chicorée, le sainfoin ou encore le trèfle blanc. Cette méthode présente un potentiel de réduction du méthane variant de 0 à 20 %. Cette grande variabilité est liée à la « difficulté de gérer la composition d’une prairie, qui dépend de nombreux facteurs (météo, etc.) » explique Cécile Martin. Si ce résultat peut sembler mitigé, les chercheurs soulignent les nombreuses autres vertus de l’élevage à l’herbe : meilleure qualité des animaux à performance égale, capacité de stockage du carbone dans les prairies, réduction de l’utilisation de fertilisants ou encore présence d’une biodiversité variée, le tout à coûts réduits.