MHE : le point sur cette maladie émergente
La maladie hémorragique épizootique (MHE), dont les premiers cas en France sont apparus fin septembre dans des élevages bovins de la zone pyrénéenne, est une maladie virale des ruminants domestiques et sauvages, non contagieuse, non transmissible à l'homme et qui ne présente pas de risques pour la consommation des denrées d'origine animale.
Chez les ruminants domestiques, seuls les bovins expriment des signes cliniques, les ovins peuvent être infectés sans être malades et les caprins ne semblent pas être porteurs du virus. Cette maladie est présente depuis une trentaine d'années en Amérique du nord et depuis fin 2022 en Europe à des degrés divers au Portugal, en Espagne, en Italie et donc en France depuis un peu moins de trois semaines.
Les symptômes observés chez les bovins sont assez semblables à ceux de la FCO : fièvre, salivation importante, langue très gonflée pouvant être extériorisée de la bouche, zones blanchâtres de nécrose sur les gencives ou sur la langue, importantes boiteries avec gonflement des membres, congestion importante du mufle et des naseaux qui deviennent très rouges. La douleur à la manipulation de la bouche ou du mufle est très marquée. Les animaux touchés ont beaucoup de mal à se déplacer, s'abreuver et s'alimenter. Les soins, d'autant plus efficaces qu'ils sont apportés rapidement, consistent en premier lieu à diminuer la douleur, à offrir un logement confortable et à aider à la prise d'eau et de nourriture. Dans un troupeau, le nombre de bovins malades est très variable car la MHE n'est pas contagieuse donc ne se transmet pas directement d'un animal à un autre mais nécessite l'intervention, comme pour la FCO, d'un moucheron qui est le vecteur du virus. La plupart des départements touchés font cependant état d'un grand nombre de cheptels atteints et dans chacun d'eux, de 5 à 40 % de bovins malades, parfois très gravement. Il n'existe à ce jour pas de vaccin pour prévenir l'infection, des travaux de recherche ont débuté pour en mettre un au point.
Comme la FCO, la MHE est à déclaration obligatoire, il est donc impératif d'accroître encore plus la surveillance de votre troupeau, à une fréquence d'autant plus grande que les symptômes évoluent vite, et de faire appel à votre vétérinaire sanitaire au moindre doute. Les frais de visite, prélèvements et analyses nécessaires au diagnostic de la MHE sont pris en charge par l'État. Concernant la faune sauvage, le réseau Sagir, né du partenariat entre l'Office français de la biodiversité et la fédération des chasseurs dont le rôle est de surveiller les maladies infectieuses, est activé sur la MHE.
Du fait de l'émergence de cette maladie en France et de l'absence de vaccin disponible, une zone de protection d'un périmètre de 150 km autour d'un foyer est mise en place dès la suspicion. À la date du 5 octobre, aucune commune de Lozère n'est concernée par ce zonage, le GDS informera bien entendu les éleveurs des communes concernées si tel devait être le cas. Pour les mouvements nationaux, la sortie des bovins, ovins et caprins hors de la zone de surveillance est régie par des dispositions réglementaires prévoyant la réalisation d'une désinsectisation et d'une analyse PCR attestant qu'ils ne sont pas porteurs du virus. Le coût des PCR, qui ne peuvent pas être réalisées en mélange à l'heure actuelle, est dans ce cas à la charge des éleveurs.
La MHE étant enfin réglementée au niveau européen, l'export pour l'élevage ou l'engraissement de bovins, ovins et caprins depuis la zone de surveillance vers un autre État membre n'est pas permis. Néanmoins, les négociations menées entre la France et l'Espagne ont permis de rouvrir les frontières espagnoles le 10 octobre ainsi que l'a annoncé le ministre de l'Agriculture lors de sa venue au Sommet de l'élevage. Ce dernier a également évoqué les discussions en cours pour la réouverture du marché italien dont il espère que la situation se débloque rapidement. Il est enfin important de rappeler que les modalités des exports vers l'UE ne changent pas pour les territoires situés en dehors de la zone de surveillance.