Message des OPA aux jeunes agriculteurs : “Bousculez-nous !”
Présidents de coopératives, d’associations de producteurs ou d’interprofession ont été unanimes vendredi soir pour exhorter les jeunes à s’engager et insuffler des idées nouvelles.
Les JA du Cantal n’ont pas attendu Stéphane Hessel(1) pour s’indigner, ni pour s’engager d’ailleurs dans les organisations agricoles et l’aval. Pour preuve vendredi soir, autour d’une table-ronde sur l’implication des jeunes dans les organisations économiques de la production agricole, thème du rapport d’orientations 2017 des JA 15, ils sont deux présidents de coopératives (Julien Fau, EPV, 5 000 adhérents, Benoît Julhes, la Capp) de moins de 40 ans et un président de la quatrième appellation fromagère française (Michel Lacoste, Cif), à s’être formés et aguerris sur les bancs des JA. Une propension cantalienne à façonner de futurs responsables qui n’a d’ailleurs pas manqué de faire l’admiration de Marion Vedel, secrétaire générale adjointe de JA Aura, et d’être saluée par Pierre Mathonier, maire d’Aurillac, et le sénateur Mézard.
Un engagement concurrencé
Mais ici comme ailleurs, l’engagement professionnel est concurrencé par de multiples autres aspirations ou contraintes : main-d’œuvre raréfiée sur les exploitations, vie familiale, loisirs, et un rival bien envahissant : Internet, les réseaux sociaux qui, pour beaucoup aujourd’hui, font force d’informations. Alors, pour assurer le renouvellement des responsables de coopératives, associations de producteurs,..., Denis Costerousse (Elvea Sud Massif central, 850 éleveurs adhérents, 91 acheteurs) comme ses collègues de la coopération, a souligné l’importance de dispositifs tels les administrateurs stagiaires et la formation en amont de jeunes responsables. Cette formation “indépendante” pour forger son “esprit critique” doit d’abord se faire au sein des JA, affirme Michel Lacoste. Certes, reconnaît Benoît Julhes, mais cette première étape n’a pour lui rien d’antinomique avec une formation continue, en interne à une coop par exemple, pour bien appréhender l’environnement et les spécificités d’un outil que les jeunes seront amenés à piloter. Encore faut-il pouvoir se libérer. “Sans agent de remplacement, je ne serais pas président”, a reconnu Denis Costerousse, pour qui l’idée des JA de dégager des soutiens accrus en faveur du recours au remplacement est à creuser. Tous ont fait un large appel du pied à la nouvelle génération pour insuffler des idées nouvelles dans les organisations de producteurs et filières. “Nous, on attend que vous nous bousculiez, pas que vous subissiez un héritage, a ainsi exhorté le président du Cif. Imaginez un avenir différent, soyez curieux, questionnez-nous sur ce qu’on fait... !” Message reçu 5 sur 5 un peu plus tard dans la soirée lors des interventions de cantons.
Investir dans l’aval
Mais au fait, à quoi servent ces OP ? Quel intérêt un jeune a-t-il aujour-d’hui à y adhérer ? a interrogé Frédéric Lacoste, animateur de la table-ronde. Regrettant que moins de 50 % des éleveurs soient engagés dans une OP, le président d’Elvea a répondu par deux réalisations portées par sa structure : le marché au cadran de Mauriac et le projet de broutards excellence B2E qui garantira aux engraisseurs français et italien des veaux vaccinés et certifiés. “On ne peut faire avancer ce genre de dossiers que collectivement”, a souligné Denis Costerousse. Pour Julien Fau, en regroupant plusieurs filières et en s’engageant dans des démarches différenciées, une union coopérative telle Altitude permet de se rapprocher des consommateurs, d’atteindre une masse critique pour investir dans l’aval mais aussi de tamponner les variations de prix. Le mot de la fin de cette table-ronde, où il a aussi été question de circuits courts, reviendra à Frédéric Lacoste, témoignant que “si seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin”. Une autre maxime chère aux JA. (1) Diplomate et résistant français connu pour son manifeste “Indignez-vous !”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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