Mais pourquoi donc Camille Jedrzejewski a-t-elle été fêtée dans une commune du Cantal ?
Jeux Olympiques - Médaillée d’argent du tir au pistolet à 25 mètres, la native de l'Oise a été fêtée par la commune de Pailherols.
Jeux Olympiques - Médaillée d’argent du tir au pistolet à 25 mètres, la native de l'Oise a été fêtée par la commune de Pailherols.
Elle est l’un des sourires olympiques français du mois d’août. Le 3 août dernier, du côté du Centre national de tir de Châteauroux, Camille Jedrzejewski est devenue vice-championne olympique de tir au pistolet à 25 mètres. Le 16 août, elle a été fêtée... par la commune de Pailherols.
La question était sur toutes les lèvres des rédactions lorsque l’invitation est tombée : mais pourquoi la commune de Claude Prunet, maire, fêterait-elle une médaillée olympique native de l’Oise ? Quel est donc le lien entre les deux ?
Maison secondaire à Barriac
“Il me semblait important de marquer le coup. Camille, même si elle n’est pas originaire de Pailherols, cela fait maintenant de nombreuses années que sa famille a une maison secondaire ici, à Barriac, et il était pour moi indispensable de fêter cela. Elle a gagné une médaille d’argent aux Jeux olympiques, vous vous rendez-compte”, exprimait avec une immense fierté Claude Prunet.
Sans que rien ne filtre, toute la commune, toutes celles et ceux qui connaissent Camille l’ont suivie durant son parcours à Paris, et bien avant même, et ils étaient tous là pour lui rendre hommage. “Un grand merci à vous tous d’être présents. Mes parents ont fait le choix il y a quelques années d’acheter une maison ici à Barriac. J’ai été très assidue à toutes les vacances qu’on a pu passer ici donc je connais Claude depuis quelques années.”
Camille a avoué aussi avoir “grandi un petit peu à Pailherols en passant pas mal de temps dans les montagnes. Vous m’avez peut-être déjà vu courir ou faire du vélo ici ou pas très loin. Maintenant, j’ai peut-être moins de temps pour passer du temps ici, mais après Jeux, j’ai vraiment voulu revenir ici assez vite, profiter de mes vacances et partager ce moment avec vous”.
Et de préciser : “Mes parents ont acheté la maison quand mon frère était bébé. Il a 18 ans aujourd’hui. Ce n’est pas tant de savoir si je suis pailherolaise ou pas, c’est plutôt le plaisir que j’ai à être ici après les Jeux, le plaisir que j’ai à rejoindre mes parents à chaque fois”. Pour la médaillée d’argent, il s’agit même “d’un équilibre dans le haut niveau” qu’elle a trouvé, car “on passe beaucoup de temps à l’extérieur”, et ce moment de quiétude dans le Cantal “d’autant que le cadre s’y prête”. Bien sûr, elle ne connaît pas tout le monde à Pailherols, “mais j’ai toujours pris du temps avec les gens que je croise ici”.
Dans son parcours sportif, Camille Jedrzejewski a d’abord touché au pentathlon moderne(1) qu’elle a découvert grâce à sa grande sœur à l’âge de 9 ans. Il s’avère que la demoiselle est plutôt douée, notamment au tir. Elle arrête le pentathlon en club pour choisir le tir et le pôle France de Bordeaux (lire encadré).
Du pentathlon au tir
“J’ai pu switcher très vite. J’ai intégré rapidement l’équipe de France et les premiers résultats sont arrivés très très vite.” Ne vous y trompez pas, derrière ce magnifique sourire se cache quelqu’un d’extrêmement déterminé avec un caractère bien trempé, celui qu’il faut pour figurer en haut de l’affiche. “Tous les sports sont beaux, peu importe la pratique car si à la fin cela amène au haut niveau et à réussir sa vie, c’est une question de choix et j’ai suivi ce processus qui m’a amené loin, jusqu’à la médaille olympique autour du cou.”
Des premiers Jeux formidables pour la jeune femme, même si elle était également attendue sur le tir à 10 mètres où elle a manqué le coche. “Je fais partie des filles qui sont bonnes dans les deux disciplines et j’ai gagné des coupes du monde à 10 m cette année. Oui j’ai été déçue car j’attendais mieux, mais d’un autre côté, j’ai su me remobiliser pour la suite. Je ne sais pas s’il y a une raison particulière à cet échec. Ce que je sais, c’est que j’accueille cette médaille d’argent avec grand plaisir.”
Policière réserviste dans la vie, elle va dorénavant “partager l’esprit olympique au sein de la Police nationale, mais aussi au sein de la population” avec un rôle d’ambassadrice qui lui convient très bien. Tranquillement, elle reprendra aussi le chemin de l’entraînement dès octobre... et se projette déjà sur Los Angeles.
“La pression fait partie de la vie de l’athlète. On l’assume. C’est l’enjeu qui appuie sur les épaules et c’est à nous de faire avec, continuer de faire ce qu’on sait faire sans trop se prendre la tête. Je ne suis pas sûre qu’il y ait une recette magique pour vaincre la pression”, détaille celle qui semble pourtant gérer très bien cela tout en appréciant l’instant présent.
C’est peut-être ça d’ailleurs le secret de Camille Jedrzejewski, savoir “switcher rapidement” comme elle dit, pour passer à autre chose. L’échec au 10 m n’a en rien entaché sa détermination pour le 25 m “dont je venais de remporter les deux dernières compétitions. À aucun moment je me suis sentie en perte de moyens”. Apprécier le moment, savoir que l’enjeu est beau d’être devant son public, de devoir se battre, Camille a réussi à tirer à son meilleur niveau pour obtenir et savourer comme il se doit sa médaille.
Contrairement à d’autres athlètes, être aux Jeux, en France, l’a galvanisé. “J’étais vraiment contente d’être là”, à l’image de ses passages au Club France “où j’ai été très bien accueillie par le public français et je m’en souviendrai toute ma vie.” Policière réserviste dans le civil, elle se projette déjà dans quatre ans. “J’ai perdu à Paris au “shoot off”(2) contre la coréenne. Je n’ai jamais été aussi proche de l’or olympique. Ce sera une excellente source de motivation pour Los Angeles.” Alors promis, rendez-vous dans quatre ans.
(1) C’est également une discipline olympique. Cinq épreuves à disputer : l’escrime, la natation, l’équitation et un combiné course/tir.
(2) Tir de barrage pour départager deux concurrents.