Jeunes Agriculteurs
L’installation en production ovine et les prédateurs à la loupe
La session nationale ovine des Jeunes Agriculteurs
se déroulait en Haute-Loire du 26 au 28 mars derniers.
Du 26 au 28 mars, tous les responsables ovins JA de France ont rejoint la Haute-Loire pour participer à leur session annuelle.
Durant ces trois journées, les jeunes responsables se sont réunis en salle et sur le terrain à l’occasion de visites d’exploitations agricoles.
Trop peu d’installations
Passons en revue les grandes problématiques qui ont été évoquées durant cette session avec Guilaume Redon, responsable ovins des JA Haute-Loire. «Nous avons beaucoup parlé d’installation en production ovine. En Haute-Loire très peu de jeunes choisissent de s’installer en ovins et il en est de même dans les autres régions ovines françaises. La moyenne d’âge des éleveurs ovins est élevée ; or, d’ici 10 ans, il faudra renouveler 30 des éleveurs».
Les responsables ovins JA se sont demandés pourquoi les jeunes se détournent de cette production. Les regards se tournent vers l’enseignement agricole : «Dans les lycées agricoles, les jeunes sont formés aux bovins lait et allaitants et l’on parle peu de la production ovine. Il faudrait donc réinstaurer un enseignement spécifique aux ovins» souligne Guillaume Redon.
La production ovine souffre aussi d’une mauvaise image auprès des jeunes générations. «Beaucoup pensent que l’on produit de l’agneau comme par le passé, avec pas grand chose... Or, ce n’est plus le cas. Les élevages en place sont de plus en plus spécialisés et doivent être performants en matière de productivité numérique à la vente et doivent bien maîtriser leurs coûts d’alimentation».
La production ovine française ne suffit pas à couvrir la demande de notre pays. Or, avec la disparition annoncée des éleveurs d’ici 10 ans, « si on ne réagit pas, l’agneau français risque de perdre du linéaire dans les supermarchés».
Communiquer sur la production ovine
Pour booster l’installation, les JA entendent communiquer davantage sur la production ovine auprès des scolaires et élèves engagés dans un parcours de formation agricole mais aussi dans le cadre de manifestations telles que les ovinpiades mondiales qui se dérouleront cet automne en Haute-Loire.
«Il faut parler du mouton, du fonctionnement des élevages d’aujourd’hui mais aussi des revenus en sachant que lorsqu’un troupeau ovin tourne bien, on arrive à gagner sa vie tout comme avec du lait ou de la viande» indique Guillaume Redon.
Les JA ont évoqué la réforme de la PAC qui s’annonce plutôt favorable à la production ovine.
Les prédateurs ont occupé une partie des débats. L’ours dans les Pyrénées et le loup, qui se trouve aux portes de la Haute-Loire, sont dans le collimateur des éleveurs.
Attaques de loups
«Le loup tue des bêtes et effraye les troupeaux ; ce qui cause l’avortement de brebis gestantes. Une attaque peut vraiment plomber le revenu d’une exploitation. Il faut savoir que le loup coûte 15 millions d’euros à l’Etat chaque année (Ndlr : coût lié à l’indemnisation des pertes, la protection des troupeaux et la rémunération des agents de l’État affectés au dossier). C’est un peu indécent en période de crise ! » lance Guillaume Redon.
Au coté du reste de la profession, les JA suivent de près l’évolution de ce dossier.
La session ovine a fait un point sur la conjoncture plutôt favorable. Toutefois, «une flambée des matières premières suffirait à fragiliser les élevages ovins» ont souligné les JA.
Des intervenants et des visites de terrain
Durant ces trois jours, plusieurs intervenants ont été conviés : Serge Figon de CERFRANCE Haute-Loire, venu présenter les grands chiffres de la production ovine et de l’élevage en Haute-Loire, Marie Miquel, de la Chambre d’agriculture Auvergne qui est intervenue sur «la production numérique, source de revenu» et le responsable professionnel Jean-Luc Chauvel qui a présenté les orientations stratégiques de FranceAgrimer sur la filière ovine.
Au cours de cette session nationale, le groupe de JA a visité deux exploitations ovines situées à La Vacheresse (commune de Venteuges), celle de Clément Lebrat installé en individuel en ovin viande et celle de Philippe et Bertrand Cubizolles, installés sur le Gaec du Lacaunais en ovins lait avec un atelier de transformation.
Une visite de la station génétique Fedatest à Mazeyrat d’Allier et du marché de Saugues furent également au programme.
Véronique Gruber