L'industrie fait le dos rond
Après avoir fortement misé sur ce créneau ces dernières années, les industriels lèvent le pied, refroidis par la chute de la consommation et des échecs commerciaux.
Confrontés à un effondrement de la consommation, les fabricants de produits laitiers bio ont un mot d'ordre : la prudence. Contraints de déclasser environ 30 % des volumes de lait, les industriels privés comme les coopératives ont tous stoppé les conversions. « Le temps de dissiper l'engorgement, explique Pascal Le Brun, président de la coopération laitière. Nous restons dans une philosophie d'accompagnement des producteurs. » Il estime qu'il faut tirer des leçons de la période actuelle : « Les pouvoirs publics ont encouragé les conversions alors qu'en face le marché n'était pas là... » Les conséquences des déclassements sont inégales en fonction des mix produits des entreprises. La plupart parviennent assez facilement à compenser : le bio ne représente, en général, que 5 à 10 % de la production totale d'un transformateur non spécialisé. D'autant que « le prix élevé du lait conventionnel permet de limiter la casse », souligne Corentin Puvilland, économiste au Cniel. Cependant, le recul de la consommation met un gros coup de frein à l'essor de la filière. Déjà, la croissance de la collecte ralentit : +4 % au premier semestre 2022, après un bond de 11 % en 2021. Corentin Puvilland note « un décrochage par rapport aux prévisions(environ 10 %, ndlr) » qui s'explique, d'une part, par la sécheresse, mais aussi par « des cessations d'activité et des déconversions ».