L’homéopathie vétérinaire séduit de plus en plus malgré une efficacité à prouver
Alors qu’une récente polémique a de nouveau enflammé la médecine au sujet de l’efficacité de l’homéopathie, cette « thérapie alternative » séduit de plus en plus d’éleveurs. Pas seulement en agriculture biologique où elle est recommandée, mais aussi en élevage conventionnel. Son développement témoigne d’une volonté d’un nouveau rapport à l’animal.
Fin septembre, le Conseil scientifique des Académies des sciences européennes (EASAC) publiait un communiqué confirmant l’absence de preuve scientifique de l’efficacité de l’homéopathie au-delà d’un effet placebo, y compris en médecine vétérinaire. Aussitôt, le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) produisait un communiqué pour dénoncer une sélection selon lui contestable des recherches existantes.
Ce débat n’est pas nouveau, avec à chaque fois en ligne de mire le possible déremboursement de cette thérapie. En médecine vétérinaire, l’enjeu n’est certes pas là mais l’attrait croissant de l’homéopathie interroge sur les besoins revendiqués par les éleveurs.
Pas de démonstration en études randomisées
La plupart des études randomisées en double aveugle, standard de la preuve d’efficacité d’un traitement, montrent que l’efficacité de l’homéopathie ne serait pas supérieure à celle d’un placebo. Il s’agit de la position officielle de la science, représentée par l’EASAC, même si le SNMHF minoritaire cite, lui, plusieurs études aux conclusions contraires.
Certains scientifiques, isolés, osent une critique méthodologique. « L’essai randomisé en double aveugle recherche des effets reproductibles chez des patients pris au hasard. Or, l’homéopathie prétend soigner chaque malade avec un traitement qui lui est propre, en fonction des symptômes de la maladie mais aussi de l’observation du patient. Pour tester statistiquement un traitement personnalisé, il faudrait donc un nombre très élevé d’individus », expose le docteur Jean-Philippe Jaeg, professeur à l’École vétérinaire de Toulouse, qui a encadré une thèse sur la perception de l’homéopathie.
Un argument balayé par le professeur Jean-François Bach, médecin et membre de l’Académie des sciences : « Il est vrai que les essais cliniques ne peuvent pas montrer des résultats pour des individus mais je suis sceptique sur la capacité des homéopathes à proposer des traitements vraiment personnalisés. Je ne vois pas pourquoi ce type de produits bénéficierait d’une dérogation à la validation demandée pour les autres mises sur le marché ».
Suite de l'article à lire dans le numéro 1434 du 16 novembre 2017 en page 10.