Les Vingt-sept intransigeants dans leurs négociations avec Strasbourg
Les ministres de l’Agriculture de l’UE demandent à la présidence portugaise du Conseil, qui espère boucler les négociations interinstitutionnelles sur la Pac au printemps, de rester au plus près de leur position adoptée au mois d’octobre dans le cadre de ces pourparlers compliqués. Un manque de flexibilité dénoncé au Parlement européen.
C’était attendu, malgré la volonté affichée de progresser rapidement vers un accord – idéalement au mois d’avril – les négociations en trilogue entre le Parlement européen et le Conseil, avec la Commission européenne en arbitre, sur la future Pac s’avèrent compliquées. Des eurodéputés – Verts et Sociaux-démocrates surtout – ont estimé le 26 janvier à l’occasion d’une réunion de la commission parlementaire de l’Agriculture être « face à un mur ». Et le Portugal qui vient de prendre la présidence du Conseil n’est pas plus coopératif que l’Allemagne avant lui, estime le Vert allemand, Martin Hausling. De nombreux ministres de l’Agriculture de l’UE, réunis le 25 janvier en visioconférence, ont en effet appelé la présidence portugaise à rester au plus proche de la position des Vingt-sept dans le cadre des négociations en cours.
Fermeté
Plusieurs pays (Pays-Bas, République tchèque, Suède, Croatie, Irlande, Slovaquie, Hongrie…) ont critiqué le modèle de mise en œuvre hybride, mêlant contrôle de la performance et conformité, proposé par le Parlement européen. Plusieurs ministres ont également défendu une part de 20 % d’éco-régimes contre les 30 % voulus par le Parlement. Julia Klockner, la ministre allemande a insisté sur le besoin de défendre l’architecture verte telle que négociée entre les Vingt-sept. Son homologue français, Julien Denormandie, a demandé de respecter la position du Conseil sur les bonnes conditions agricoles et environnementales notamment la diversification des cultures plutôt que la rotation (plus contraignante) demandée par les eurodéputés. Les Pays-Bas se sont opposés, eux, aux amendements parlementaires sur la liste des éco-régimes, qui doit selon Amsterdam rester à la discrétion des autorités nationales. Enfin, le Danemark et la Suède, entre autres, se sont opposés à trop de régulation des marchés (contrairement aux eurodéputés qui souhaitent plus d’outils de gestion).