Viande bovine
Les producteurs réclament plus de rentabilité
La Fédération nationale bovine (FNB) tient son assemblée générale à Angers, les mercredi 3 et jeudi 4 février prochains. Depuis au moins trois ans, le revenu de ces paysans est au plus bas.
La FNB tient son assemblée générale, à Angers, les mercredi 3 et jeudi 4 février prochains, au cœur des Pays de la Loire. En crise depuis 3 ans, les éleveurs de bovins viande ont des revenus agricoles parmi les plus bas : 12 700 euros par actif et par an en moyenne, sur les trois dernières années. Dans ce contexte, la priorité est à la restauration de la rentabilité économique des exploitations. Et elle est aussi de redonner une perspective à la production face au risque d’un accord à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2010. Cet accord pourrait ouvrir les portes de l’Europe à des importations à très bas prix en provenance de pays tiers, notamment ceux d’Amérique du Sud. Mais également face aux menaces que font planer sur la consommation de viande les différentes campagnes « anti-viandes », relancées au Sommet de Copenhague sur le climat, en décembre dernier.
Allègements de charges
Selon la FNB, les mesures prises dans le cadre du plan d’aide à l’agriculture, annoncé par Nicolas Sarkozy à l’automne dernier, sont inadaptées à la situation de l’élevage bovin-viande. Pour assurer la compétitivité des exploitations, elles doivent être complétées par des allègements de charges, souligne-t-elle : suppression de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), allègement de charges sociales, exonération de la nouvelle taxe carbone. En outre, les Etats généraux du sanitaire, lancée le 19 janvier, donnent l’occasion de moderniser les relations entre éleveur et vétérinaire, et d’alléger les coûts de certaines actions qui pourraient être désormais réalisées par l’éleveur (vaccination notamment). Enfin, les éleveurs demandent un moratoire sur toutes les exigences touchant à l’environnement ou au bien-être animal, et ils souhaitent la mise en place d’outils spécifiques de gestion des risques climatiques, sanitaires et économiques. Dans la droite ligne de la nouvelle loi de modernisation agricole et de la pêche (LMAP), proposée par le gouvernement mi-janvier, la FNB souligne aussi l’enjeu de l’organisation de la filière, avec un renforcement de la transparence des transactions entre producteurs et industriels, et une équité de traitement entre éleveurs encadrées par l’Etat (pesée, classement des bovins à l’abattoir, cotations, observatoire des prix et des marges).
Contractualisation
Par ailleurs, pour offrir une perspective économique rénovée à la branche engraissement, la FNB propose une forme de contractualisation avec une sécurisation des marges. Selon Guy Hermouet, premier vice-président de la FNB, il s’agirait d’un engagement tripartite éleveur-organisation professionnelle-entreprise, qui permettrait de lisser les marges dans la filière et sécuriser les apports aux entreprises. Pour avoir un impact de masse, cette contractualisation devrait concerner au moins 30 % des 1,8 million de génisses, bœufs ou jeunes bovins produits en France. Pour Jean-Pierre Fleury, secrétaire général de la FNB, cette contractualisation suppose aussi que la filière se mette d’accord sur un indice des coûts de production, validé par les pouvoirs publics. Dans une limite de 15 à 20 centimes au kilo, le lissage de la marge se jouerait entre l’éleveur et l’entreprise, et au-delà interviendrait un fonds financé pour moitié par les éleveurs (5 centimes par kilo) et pour l’autre par les pouvoirs publics. Selon la FNB, si un tel système capable d’assurer une meilleure répartition de la marge était en place aujourd’hui, les prix payés aux producteurs gagneraient 30 centimes par kilo sans aucun effet sur le prix payé par le consommateur. Enfin, alors que l’élevage bovin viande est au cœur des enjeux de sécurité alimentaire, d’équilibre environnemental et d’occupation des territoires ruraux, la FNB veut développer une communication offensive de filière vis-à-vis du consommateur citoyen, capable de « réhabiliter les produits et les métiers ».
Moins d’offre en 2010
Selon l’Institut de l’élevage, dans un contexte de lent déclin de la production française et européenne, et d’un effritement progressif de la consommation, 2010 devrait voir s’accroître le déficit français en viande bovine. En France, c’est un repli de 4 % de la production qui est attendu du fait d’une diminution des abattages de vaches, la disponibilité en femelles de type allaitant ne compensant pas la diminution de l’offre de type laitier, et en raison de la poursuite du recul de la production de jeunes bovins.
Alors que la production bovine française s’est maintenue en 2009 sous l’effet d’une décapitalisation laitière importante, la production européenne a connu, elle, une baisse de production de l’ordre de 130 000 tonnes (-1,7 %). Un nouveau recul de l’ordre de 1 % est attendu en 2010. En 2010, les importations devraient progresser : alors que l’Europe contiendrait son déficit à 4 de sa consommation, la France pourrait friser les 10 % !
En 2009, en France comme dans l’UE, la consommation de viande bovine aura été proche de celle de 2008. Et, pour 2010, c’est une érosion de 0,5 à 1 % qui est attendue, l’augmentation démographique atténuant la baisse de consommation par tête.