Les producteurs de viande bovine voient rouge
Les éleveurs du grand bassin allaitant Massif central, réunis à Aubière en fin de semaine dernière ont réitéré leurs inquiétudes quant à un possible accord européen avec les pays du Mercosur.
En production de viande bovine, force est de constater que malheureusement les années se suivent et se ressemblent avec des résultats qui peinent à retrouver des couleurs. La Fédération nationale bovine (FNB), en lien avec les différents instituts a fait les comptes : aujourd’hui, moins d’un tiers des exploitations allaitantes affichent une trésorerie positive, tandis qu’un quart des exploitations accumulent deux années de retard. Le tableau est sombre et les difficultés de trésorerie commencent à impacter la technique. « Moins d’achats d’aliments, de minéraux pénalisent la fertilité et la croissance des animaux », estime Christian Bajard, éleveur en Saône-et-Loire, coordinateur du Berceau des races à viande. Si ce décrochage technique est une des raisons du net recul des naissances (-220 000), d’autres facteurs ont joué : un gros problème de qualité des fourrages et des céréales, les sécheresses consécutives…
Consommation stable, perspectives à l’export
Du côté des vaches, là aussi la baisse est significative (-200 000 sur 4 millions de têtes). Elle est le résultat d’un abattage soutenu, « preuve que la décapitalisation du cheptel est à l’œuvre mais aussi signe du maintien à un bon niveau de la consommation contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire », relève Bruno Dufayet, éleveur dans le Cantal et président de la FNB. Ces derniers mois, le cours du broutard a progressé. Surtout le broutard léger, qui affiche +13 centimes/kg par rapport à 2017. « Cette dynamique est notamment portée par le marché turc qui importe des animaux français par le biais des pays de l’Est ou en direct », explique Bruno Dufayet. Pour lui, il y a un vrai enjeu avec la Turquie, « puisqu’en volume, c’est clairement le potentiel de l’Italie ». La nomination récente à la tête du ministère de l’Agriculture turc, de l’ancien président du SETBIR (équivalent d’une interprofession viande et lait), très mobilisé pour faire évoluer le certificat sanitaire « est de bon augure ».
Le péril du Mercosur
Les éleveurs du berceau des races à viande sont toutefois beaucoup moins enthousiastes sur le dossier du Mercosur. L’inquiétude est réelle. « Une délégation des ministres de l’Agriculture des pays du Mercosur sera la semaine prochaine à Bruxelles. Il se murmure qu’une signature pourrait intervenir à la fin de la première quinzaine de juillet. On parle désormais de 110 000 tonnes », explique Christian Bajard. Dans un communiqué, les éleveurs du Berceau des races à viande en appellent à la responsabilité du Chef de l’État et du ministre de l’Agriculture : « Où sont passées les belles paroles du Chef de l’État et du ministre de l’Agriculture français qui certifiaient, il y a quelques jours encore, qu’au grand jamais, en matière d’importations « les lignes rouges ne seraient pas franchies » ? Force est de constater que malgré les belles promesses de Messieurs Macron et Travert, les négociations commerciales européennes continuent tous azimuts avec toutes les zones de production dans le monde pour conclure des accords commerciaux d’importation de viande bovine en Europe ».
N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas
Le collectif d’éleveurs estime que « la France doit peser et obtenir gain de cause pour stopper toutes négociations européennes avec des pays où les standards de production européens ne sont pas respectés. Il en va de l’avenir des éleveurs de races allaitantes du grand Massif central tout comme la qualité sanitaire de l’alimentation de nos concitoyens ».