Cultures
Les premiers résultats des moissons
Les moissons battent leur plein en cette semaine de canicule tandis que les fenaisons se poursuivent en montagne et les castrations des maïs semences sont en cours. Une année décidément bien particulière.
Les moissons battent leur plein en cette semaine de canicule tandis que les fenaisons se poursuivent en montagne et les castrations des maïs semences sont en cours. Une année décidément bien particulière.
Cela n'aura échappé à personne, la campagne en cours est bien difficile pour les cultures. Trop d’eau, pas assez d’ensoleillement, des retards de semis, une prolifération des adventices et un regain de maladies sans oublier les orages parfois dévastateurs pèsent lourdement dans les remorques. Le service statistique du ministère de l'Agriculture estime une production nationale annuelle de blé tendre inférieure de 15% par rapport à l'année dernière. « En vingt ans, seules deux autres récoltes n’ont pas franchi les 30 millions de tonnes », en 2016 et 2020, souligne le service Agreste. La baisse de production de l’ensemble des céréales à paille (blé tendre, blé dur, orge, triticale, seigle et avoine) est évaluée à 13 % en France, premier producteur et exportateur européen de céréales.
En Limagne, les moissons battent leur plein en cette semaine où enfin plusieurs journées chaudes et ensoleillées se succèdent. Les premiers témoignages font état de « rendements corrects » mais une forte hétérogénéité semble se détacher sur la qualité avec des poids spécifiques (PS) faibles dans certains secteurs ainsi que des taux de mycotoxines élevés. Dans le même temps, la castration des maïs connaît un pic cette semaine tandis qu'en montagne les éleveurs poursuivent les fenaisons qu'ils espèrent terminer prochainement avec jusqu'à quatre semaines de retard.
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Tout se bouscule en Limagne
Les moissons ne sont pas encore terminées mais les premiers échos de la plaine font état de « rendements satisfaisants (...) cela ne semble pas aussi catastrophique qu'au niveau national » explique Baptiste Arnaud, vice-président de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. Il faudra bien entendu attendre la fin des récoltes pour un bilan plus précis mais d'ores et déjà, une hétérogénéité est observée avant tout du fait des excès d'eau du printemps et de la capacité des sols à se ressuyer.
« Les premières remontées de terrain donnent des rendements très corrects en Limagne sud où les terres légères ont été un avantage cette année pour l'évacuation de l'eau » précise Yoann Ginestière, conseiller agronomie à la Chambre d'agriculture.
Les volumes semblent donc se tenir en Limagne mais les récents orages et les alternances de pluies et de chaleurs n'ont pas joué en faveur de la qualité des grains. Baptiste Arnaud et Yoann Ginestière évoquent tous les deux « des PS pas bons (...) les grains ont gonflé (...) surtout dans les secteurs où il y a eu de l'orage (...) les gens qui n'ont pas pu moissonner avant les orages ont vu la qualité chuter ». Quant aux taux de mycotoxine, là aussi les situations varient d'un secteur à un autre voire de parcelle en parcelle mais des agriculteurs ont eu des remorques déclassées.
Comme si la campagne n'était pas assez complexe, le gros des castrations a lieu durant les moissons. « Le gros des travaux aura lieu cette semaine avec entre 15 jours et trois semaines de retard sur le calendrier habituel » selon Régis Rougier, président du syndicat des producteurs de maïs semence. Au 15 août, l'agriculteur estime qu'il restera 300 à 400 hectares à castrer. Les maïs semences ont également eu à subir la colère des cieux. Des dégâts de grêle modestes ont été relevés sur les communes de St-Ignat et Chappes notamment. En revanche, le violent orage localisé sur Riom et St-Beauzire, il y a deux semaines, a entraîné la verse et la destruction d'une centaine d'hectares. « Les pieds mâles et femelles se sont mélangés. Ils étaient devenus impossibles à castrer. Ils ont été broyés. »
Des fenaisons encore en août
Côté herbe, les premiers bilans de récoltes s'apparentent à ceux des céréales :
la quantité est là mais la qualité va faire défaut ».
À Tauves, Laurent Taravant fane depuis une dizaine de jours. « Nous sommes loin d'avoir terminé. D'habitude fin juillet tout est récolté. » L'éleveur explique observer une herbe au stade largement dépassé et surtout qui a poussé dans l'eau. « C'est sûr, la qualité n'est plus là depuis longtemps. » L'éleveur de vaches salers se satisfait d'avoir « suffisamment de marchandises pour les nourrir cet hiver » et d'avoir été épargné par le violent orage de grêle qui a détruit bâtiments et prairies sur la commune, le 11 juillet dernier. Là encore, il faudra attendre la fin des récoltes pour un bilan exhaustif de la qualité des fourrages.
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