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Les prairies de Marcenat n’ont pas résisté à la grêle

Un orage de grêle a hypothéqué une partie du stock fourrager d’une petite dizaine d’exploitations sur le Cézallier.
 

Une coulée de grêle, eau et gravillons dans les parcelles
© DR

Maucher, la Bastide, Aubijoux, le Dreil... : vendredi 28 juin après-midi, après une journée saturée 
de chaleur et d’humidité, c’est un violent orage de grêle qui s’est abattu, couchant et déchiquetant la végétation dans un couloir large d’un kilomètre sur le sud-ouest de Marcenat alors que le haut de la commune a été épargné. Une quinzaine de minutes où les grêlons n’ont laissé aucun répit avant qu’une pluie battante prenne le relais, remplissant de 29 millimètres supplémentaires en 45 minutes un pluviomètre déjà copieusement garni. 

Un tiers des prairies de fauches à terre

Un épisode intense passé inaperçu à quelques encablures de là mais dont les conséquences sont désastreuses pour la petite dizaine d’exploitations agricoles touchées. Le Gaec Hérault en fait partie, avec une trentaine d’hectares d’herbe au tapis, répartis entre les communes de Marcenat, Laurie et la Couade. “Tout est couché comme si un véhicule avait roulé dessus, c’est mâché... On va essayer d’en récupérer un maximum mais sans aucune garantie quant à la valeur alimentaire et l’appétence de cet enrubannage” de sauvetage réalisé qui plus est entre deux averses de pluie dans des conditions tout sauf optimales, témoigne Romain Hérault, associé avec son frère Frédéric en production laitière et allaitante avec transformation fromagère. “Si on avait pu faner dans les deux-trois jours qui ont suivi on aurait pu faire quelque chose mais là...”, se désole l’éleveur, qui s’inquiète pour la qualité des stocks hivernaux. Si les grêlons, dont la taille n’a pas dépassé les 2-3 centimètres, ont épargné les toitures, la bâche du silo du Gaec n’a pas résisté, percée de toutes parts. “On a bien essayé de scotcher mais au final il a fallu tout rebâcher et poser des filets de protection. On se dit aujourd’hui qu’on aurait dû les poser avant...”, commente l’agriculteur du Cézallier, qui constate, impuissant, l’impact des caprices du climat sur son activité. “Cette année, les intempéries ont déjà perturbé la fauche, on n’a pu récolter qu’un quart pour l’instant, et maintenant c’est la grêle ; mais il y a plus malheureux que nous...”, philosophe l’exploitant. 
À Aubijoux, Michel Verdier a aussi vu une partie de son stock fourrager périr en quelques minutes sous les impacts : 8 hectares sur ses 30 ha de fauche sont inutilisables. “J’ai presqu’envie d’y passer un coup de girobroyeur, confie le président du syndicat communal FDSEA, qui fait état d’autres dégâts chez ses collègues : 40 cm d’eau dans un bâtiment agricole voisin, des parcelles traversées par un courant d’eau, grêle et gravillons... “On est trop à la merci du temps aujourd’hui”, déplore l’éleveur allaitant, qui a toujours su composer jusqu’à peu avec la météo et les saisons. 

Quelle indemnisation ?

Comme lui, le Gaec Hérault reconnaît n’avoir pas assuré ses prairies. Ceux qui l’ont fait se demandent si cela est bien pertinent, pointe Ludovic Lemmet, délégué FDSEA du canton de Condat. Les éleveurs assurés craignent en effet de ne pas être indemnisés, la faute... à ce foutu satellite, peste le syndicaliste. Le nouveau système assurantiel repose pour les prairies sur un indice de production des prairies (IPP), évalué grâce à des passages satellitaires (lire par ailleurs). “Satellite qui n’est pas capable de faire la différence entre une prairie verte, debout, en pleine forme, et une prairie saccagée par la grêle”, en train de pourrir couchée. “Les éleveurs qui sont victimes d’une calamité et qui ont cotisé à l’assurance risquent ainsi de ne pas être indemnisés. Ce n’est pas normal ! Quand une voiture est grêlée, l’assurance dépêche un expert qui constate le dégât et l’assurance intervient. Alors que quand une prairie est au sol, on s’en remet au satellite qui a déjà montré ses limites. Il faudrait pouvoir déclencher l’expertise par une enquête de terrain”, s’agace Ludovic Lemmet. 

Assurance prairies  

En cas de dégâts, les pertes sont calculées à partir des déficits de pousse d’herbe cumulée entre février et octobre. Avec une production comparée à la référence de l’exploitation calculée à partir des données de pousse d’herbe sur trois ou cinq ans (moyenne olympique) où sont retirées les deux années extrêmes. Les éleveurs touchés par la grêle ne pourront donc savoir si leur assurance sera activée qu’à l’automne prochain, à condition que la perte dépasse 20 % (franchise). 
L’indice satellitaire (indice “Airbus”) utilisé pour évaluer la pousse de l’herbe est sujet à contestation, le syndicalisme FDSEA-JA plaidant pour la mise en place d’une réévaluation des pertes basée sur des évaluations de terrain réalisées sur un réseau de fermes suivies dans le cadre de l’Observatoire national de la pousse de l’herbe encadré par l’Institut de l’élevage.
 

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