Betteraviers
Les planteurs de Limagne veulent relever le défi de la compétitivité
La production betteravière des Limagnes affiche, cette année encore, un excellent rendement. Une satisfaction qui ne masque pas pour autant l’inquiétude des planteurs face à la nouvelle réforme sucre.
La production betteravière des Limagnes affiche, cette année encore, un excellent rendement. Une satisfaction qui ne masque pas pour autant l’inquiétude des planteurs face à la nouvelle réforme sucre.
Malgré les incertitudes sur le projet de réforme de la réforme sucre, les betteraviers des Limagnes restent foncièrement optimistes, « bien décidés à relever le défi de la compétitivité», comme l’a souligné le président Jean Claude Delsuc, lors de l’assemblée générale du syndicat betteravier des Limagnes. Cette détermination repose sur les potentiels et les records de rendements acquis durant ces dernières années, « soit plus de 10 tonnes supplémentaires tous les 10 ans », se félicite le président. Une évolution sans faille qui devrait se poursuivre et qui permet au syndicat d’afficher, en 2006, un nouveau record de 86,3 tonnes à 16 % de richesse en sucre, équivalent à 12,7 t de sucre par hectare.
Des conditions climatiques et techniques favorables
Du semis à la récolte, toutes les conditions climatiques et techniques ont été réunies pour atteindre ce bon résultat. « Les pluies qui ont suivi les semis précoces réalisés entre le 14 et le 31 mars 2006, ont permis des levées rapides et homogènes » commente Jean-Paul Philippon, animateur du syndicat. Les dégâts de gel du mois d’avril ont détruit une centaine d’hectares mais ils ont aussitôt été ressemés. Les pluies de fin juin, l’ensoleillement et la chaleur de juillet ont ensuite contribué au bon développement de la plante et de sa teneur en sucre. Côté technique, les désherbages ont montré toute leur efficacité «malgré quelques effets de phytotoxicité liés aux mauvais rinçage des pulvérisateurs».
Enfin, contrairement à la campagne 2005, les planteurs ont observé peu de dégâts de rhizoctone brun. Celui est dû, notamment, au développement plus important de variétés double tolérantes dans les zones à risque. «La qualité des semences et l’évolution des techniques culturales des producteurs, contribuent à cet élan de compétitivité de notre production » précise Jean-Claude Delsuc qui se félicite, par ailleurs, du bon résultat obtenu sur la tare terre, soit 16 %. Un résultat atteint grâce aux conditions climatiques favorables, à l’utilisation de matériels performants bien réglés, à des récoltes précoces et au développement des aires de stockage enherbées… « même si le nombre de ces dernières demeure encore insuffisant » insiste-t-il.
« Cap sur la réforme de la réforme »Mais ce qui inquiète les planteurs aujourd’hui, ce sont les projets de changement qui planent sur la réforme sucre initiée par l’Europe. Les abandons de production de sucre, souhaités par l’UE dans le cadre du fonds de restructuration, sont en effet très inférieurs aux prévisions (2 millions de tonnes au lieu de 6 millions prévus initialement). Pour inciter aux arrêts de production, Bruxelles propose des indemnités attractives pour les fabricants qui cessent leur activité (+ 30 %) et pour les planteurs qui arrêtent la production (35 euros à 45 euros/T sur la récolte 2008 contre 10 euros /T en 2007 ). Le syndicat betteravier des Limagnes et la coopérative Bourdon craignent cette mesure qui pourrait convaincre des producteurs à cesser la production. « Ce serait mettre en péril la pérennité de la Sucrerie. 18 millions d’euros ont été empruntés l’an dernier pour l’achat de quotas supplémentaires. Pas question alors d’arrêter sans un minimum de gestion et de suivi » indique Jean-Claude Delsuc. Pour Gérard Greliche, président de Bourdon, « la coopérative ne laissera pas faire n’importe quoi! Elle prendra la main, quel que soit le niveau auquel veulent arrêter les producteurs. L’histoire de Bourdon a toujours été faite de challenge, le dernier en date est celui de l’obtention du quota additionnel. Si nous ne l’avions pas eu, nous ne serions pas là aujourd’hui. Ce n’est donc pas le moment de baisser les bras, d’autant plus que nous avons réalisé des investissements sur l’outil et que nous avons, à plus ou moins long terme, bon espoir d’augmenter les surfaces ».
« La CGB demande que tous les industriels du sucre se mettent autour d’une table et donnent leur vision de la carte sucrière française. Or aujourd’hui, chacun tire dans son coin. Nous avons besoin de connaître l’état des lieux industriel pour engager une restructuration forte en France ».
Sur la betterave OGM, le président Ducroquet souligne «qu’en 2009, 100 % des betteraves au USA seront OGM, soit 500 000 ha ! (…) Il n’ y a pas de manifs aux Etats Unis ; Greenpeace reste muette car l’association est payée par les Etats Unis pour aller manifester contre les OGM dans d’autres pays… ».
Zoom sur ....
Le point technique de l’ITB
« Anticiper le changement climatique » tel était le thème d’intervention de Marc Richard-Molard, directeur de l’Institut technique betteravier (ITB). Partant des conséquences que peut entraîner le réchauffement (baisse des rendements, stress hydrique, développement de maladies et parasites, difficultés de conservation …) l’ITB mène ses recherches dans différents domaines. L’institut travaille notamment sur le cycle de croissance de la betterave, sur le développement d’une betterave d’hiver résistante au gel – qui ferait gagner 50 jours de production et 26 % de rendement- et sur l’évolution du matériel génétique de la plante. Les équipes de l’ITB travaillent également sur des méthodes de lutte contre la teigne. «Le phénomène est foudroyant en période de chaleur » précise le directeur. Des pièges pour repérer les vols du parasite ont été mis en place dans certaines régions, y compris dans le Puy-de-Dôme. Des variétés tolérantes au Rhizopus, à la cercosporiose et aux nématodes à kystes sont des réponses apportées aux maladies et parasites qui se développent en année chaude. «A l’avenir, il sera important de s’intéresser aussi à ces variétés résistantes pour répondre au durcissement de l’utilisation des produits phytosanitaires ».
La betterave des Limagnes en chiffres
- 3 897 ha
- 445 planteurs répartis sur le Puy-de -Dôme et l’Allier
- 9 ha de surface moyenne par planteur
- 92,5 jours de campagne de fabrication (conte 72 à 75 j les années précédentes)
- 3 713 t/ j de coupage betterave
- 500 385 qx de production sucre dont 45 123 qx de hors quota vendus en sucre industriel
- 67 851 t de pulpe commercialisées (dont 99,7% en surpressée reprise en grande majorité par les éleveurs non betteraviers de la région).