Les nouvelles technologies au service de l’élevage
« Comment l’Agtech augmente la rentabilité des élevages ? » était le thème de la conférence co-organisée par Réussir et l’INRA au SIMA le 27 février.
Après avoir largement investi le secteur des cultures, l’AgTech, comprenez « l’agriculture technologique », s’est depuis tournée vers l’élevage. De plus en plus d’innovations technologiques sont disponibles avec à la clé, autant de questions sur leur rentabilité ou encore la protection des données générées par leur utilisation. Pour débattre des apports de l’AgTech sur les élevages, les organisateurs du SIMA avaient invité plusieurs intervenants : Hervé Maire, consultant international Agri-Food, Jean-Louis Peyrault, directeur scientifique à l’INRA, Xavier Wagner, PDG d’AppliFarm, Joan Blanco, Responsable Opérations d’Aguila et Frédéric Bossoutrot, éleveur de limousines en Corrèze. Premier constat, l’utilisation croissante des nouvelles technologies est une tendance qui est loin d’être nouvelle dans l’agriculture. Les prémices remontent au milieu des années 1990 avec l’apparition des robots de traite. La nouveauté réside dans le fait que, pour J.-L. Peyraud, « le stockage de données n’est aujourd’hui plus un facteur limitant. Il est aujourd’hui possible de recueillir une multiplicité de donnés, la question et qu’en fait-on ? ». Pour Xavier Wagner, PDG d’AppliFarm, tout l’enjeu est là : « conférer une valeur aux données brutes et transformer cette valeur en service pour l’agriculteur ». De nombreux appels à projet européens existent aujourd’hui pour accompagner le lancement des projets de l’AgTech. De nombreux outils sont développés pour l’élevage : robots d’alimentation, pousse-fourrage, détecteurs de chaleurs, … Des outils en lien avec la production de fourrage existent également. Dans un avenir proche, des progrès sont attendus dans l’élevage de précision et notamment dans le recueil de données, par exemple des capteurs permettant de repérer des agents pathogènes. Toutes ces innovations ont de nombreux avantages. Ils permettent de repérer des dysfonctionnements avant l’œil humain, de gagner du temps, d’améliorer les conditions de travail et donc la qualité de vie de l’éleveur. Pour autant, il est encore difficile de mettre des chiffres concrets en face de ces bénéfices. Pour Frédéric Bossoutrot, des questions sont encore en suspens. « L’utilisation de ces outils se fait le plus souvent en bâtiment. Dès lors, quelle peut être leur rentabilité si on ne les utilise pas pendant la période estivale, d’autant qu’ils sont coûteux ? s’interroge l’éleveur. Il ne faut pas non plus oublier que de nombreuses zones blanches demeurent dans nos territoires. » Des problématiques connues des start-up qui s’efforcent de mutualiser les infrastructures communicantes existantes ou de mettre en place leurs propres réseaux locaux. La question de la propriété des données et du consentement est aussi une préoccupation importante des éleveurs. Enfin, comme le souligne Jean-Louis Peyraud, les outils développés ne doivent pas perdre de vue « les besoins de l’éleveur. Les projets ont trop souvent tendance à être descendants. Ils peuvent aussi tomber dans le gadget. » Quoi qu’il en soit, les intervenants sont unanimes sur le fait que les outils ne peuvent remplacer l’éleveur et demeurent des outils d’aide à la décision.