Conseil européen informel
Les ministres s’affrontent sur la PAC
Les clivages entre les pays du Nord de l’Europe et les autres pays sont toujours aussi importants au sujet du contenu à donner à la prochaine politique agricole commune.
A Mérida, dans le Sud-Ouest de l’Espagne, les ministres de l’agriculture des vingt-sept pays membres de l’Union européenne se sont déchirés sur l’avenir de la politique agricole commune (PAC) au-delà de 2013. Le clivage traditionnel entre les pays du Nord partisans du démantèlement de la PAC et les autres plutôt favorables à une PAC forte a ressurgi. Caroline Spelman, la ministre de l’agriculture britannique a appelé à « une réforme radicale » de la politique agricole. Prenant prétexte de la crise, elle a jugé « l’occasion propice » pour demander une nouvelle « hiérarchisation des dépenses européennes ». Autrement dit une réduction des dépenses de la PAC qui absorbent 40 % du budget européen. Quoi qu’il en soit, la question du poids relatif de la PAC va revenir sur le devant de la scène dans les prochaines négociations sur les perspectives financières pour la période 2013-2020. Sans surprise, la Suède, le Danemark ont emboîté le pas à la ministre britannique.
Manifestations
Bruno Le Maire n’a pas caché, sà l’issue du Conseil, que la partie était loin d’être gagnée. Et que « des batailles difficiles étaient devant nous » et qu’il « fallait se retrousser les manches » dans la perspective de ces futures négociations qui s’annoncent particulièrement délicates. Pour le moment, il cherche à consolider l’axe franco-allemand. Les deux pays devraient présenter une position commune à l’automne, même si notre voisin n’envisage pas d’aller aussi loin sur la régulation des marchés que le souhaiterait la France. Paris pour sa part espère obtenir l’appui de la Pologne, l’autre grand pays agricole de l’Union européenne. Mais Varsovie entend monnayer son soutien. Le Gouvernement polonais comme ceux de la plupart des nouveaux Etats membres s’estiment lésés par la répartition actuelle des aides agricoles et souhaiteraient qu’il soit mis fin aux références historiques dès 2014. Ce qui ne serait pas sans conséquence sur le niveau des aides accordées aux autres pays et notamment la France. Pendant que les ministres de l’agriculture discutaient de l’avenir de la PAC, quelques milliers d’agriculteurs espagnols ont manifesté le 1er juin devant le Palais de congrès de Mérida où se tenait la réunion. Les agriculteurs avaient répondu à l’appel des organisations syndicales pour protester contre la baisse de leurs revenus. Le plan de soutien présenté par le Gouvernement espagnol fin décembre étant jugé insuffisant. Les manifestants portaient des banderoles appelant à la démission de la ministre de l’agriculture, Elena Espinosa, et reprochaient au chef du Gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero de brader l’agriculture espagnole.