Ensemble, face aux défis de demain
Interview de Pascal Lerousseau, tête de liste FDSEA-JA en Creuse aux élections chambre d'agricuture 2025.
Interview de Pascal Lerousseau, tête de liste FDSEA-JA en Creuse aux élections chambre d'agricuture 2025.
Pascal Lerousseau, vous êtes candidat à votre réélection à la Chambre d’agriculture de la Creuse, quel message souhaiteriez-vous passer aux agriculteurs creusois ?
En ce début d'année et au-delà de ces prochaines élections, je tiens tout d’abord à assurer aux agriculteurs que je continue à porter avec force leur voix pour alerter les pouvoirs publics de la profonde inquiétude qui secouent notre secteur. La préoccupation première porte sur l'insuffisance actuelle des revenus agricoles. Face à l’instabilité des marchés et aux coûts de production en hausse constante, nous avons de plus en plus de mal à vivre du fruit de notre travail. Nous sommes confrontés également à une concurrence internationale féroce. Alors que des produits agricoles à bas coûts affluent sur nos marchés, il est crucial de défendre nos standards de qualité tout en garantissant une rémunération juste pour les exploitants. Parallèlement à cela, nous devons aussi affronter les conséquences des changements climatiques. Qu’il s’agisse de sécheresses prolongées, grêle, inondations, tornades, etc., ces aléas imprévisibles chamboulent de plus en plus nos métiers et impactent nos capacités de production. Il nous faut sans cesse trouver des parades pour tenter de maintenir des niveaux de production corrects et avons besoin de soutiens efficaces en la matière.
Dans ce contexte, comment voyez-vous l’avenir ? Comment continuer à nourrir la population et à investir ?
Durant mon mandat, je me suis attaché à ce que la Chambre d’agriculture mette en place des solutions pour aider la profession à s’adapter à ces évolutions. Sur le plan du changement climatique par exemple, des essais sont régulièrement menés pour tester de nouvelles variétés de semences fourragères ou de nouveaux procédés de conduite de cultures. Lorsque des incidents climatiques s’abattent sur notre département, j’ai toujours fait une priorité de mobiliser les services de la Chambre d’agriculture pour qu’ils se tiennent aux côtés des agriculteurs sinistrés afin de les aider à évaluer leurs pertes ainsi que pour instruire leur dossier de demande d’aides avant transmission aux pouvoirs publics pour indemnisation. Concernant le volet économique, mon équipe et moi-même avons eu également à cœur de développer la capacité d’autonomie des exploitations. Ça a vraiment été un axe fort de cette mandature. Moins nous serons dépendants de l’extérieur, mieux nous pourrons nous en sortir ! La rationalisation de nos charges et la recherche de solutions en matière d’autonomie nous permettront de mieux résister face aux fluctuations du marché et à l’instabilité économique qui caractérisent notre époque.
En termes d’instabilité, celle de la politique de notre pays a pour conséquence de nombreux reports d’aides pour le secteur agricole. Que pensez-vous de cela ?
Tout d’abord je mesure la déception du terrain quant aux retombées de la grande mobilisation qui avait eu lieu en fin d’année dernière. Cela fait maintenant plus de 12 mois que les agriculteurs attendent des avancées concrètes en réponse à la détresse qu’ils ont exprimée en masse à cette occasion. Cette instabilité met tout simplement à mal la survie de nos exploitations. La légèreté dont font preuve nos politiques face à l’urgence de la situation est révélatrice de leur incompétence et de leur déconnexion avec le terrain ! Aujourd’hui nous ne pouvons plus attendre ! Les projets de mesures de simplification administrative, de mesures fiscales et sociales sans oublier les mesures d’accompagnement de la crise sanitaire, doivent être mis en place sans délais ! Par ailleurs, la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations ainsi que la loi pour lever les contraintes à l’exercice métier d’agriculteur, ou encore la future loi sur le revenu permettant d’apporter des adaptations nécessaires aux EGALIM, sont elles aussi urgentes ! Soit un réveil salutaire va s’opérer rapidement, soit ce sont les agriculteurs qui vont se rappeler au bon souvenir de nos dirigeants et là le réveil risque d’être douloureux pour eux…
Un autre défi essentiel en agriculture est le renouvellement des générations. Comment voyez-vous les solutions pour assurer la relève ?
Chaque année, faute de perspectives, nous voyons trop peu de jeunes s’engager dans le secteur. Pourtant l’avenir de l’agriculture française repose sur notre capacité à rendre ce métier attractif et soutenable. Pour ce qui concerne la Chambre d’agriculture de la Creuse, les dossiers de l’installation et de la transmission ont été des priorités que j’ai eu à cœur de porter avec mon équipe. Si l’amélioration du revenu est un élément essentiel pour l’attractivité de notre secteur, je pense que l’amélioration de nos conditions de travail est également un paramètre important à prendre en compte. C’est pourquoi, après l’autonomie des exploitations en 2023, c’est l’organisation du travail qui a été notre fil rouge en 2024 et qui a guidé nombre d’actions mises en place par les services de la Chambre. La modernisation de nos exploitations, l’automatisation de certaines tâches, l’innovation, nous permettront de continuer à faire évoluer nos métiers. Il est capital de continuer à œuvrer dans ce sens pour, non seulement, attirer de nouvelles forces vives dans notre secteur, mais également pour les garder et leur permettre de s’y épanouir. Par ailleurs, il faut aussi impérativement alléger les contraintes réglementaires qui plombent le moral et les forces productives.
Cette pression réglementaire est une épée de Damoclès qui plane en permanence au-dessus des exploitations. Quelle réponse la Chambre d’agriculture peut-elle apporter ?
Une réponse évidente : Simplifier tout ce qui peut l’être et accompagner les agriculteurs dans leurs démarches pour les sécuriser au maximum ! Nous soutenons évidemment l’idée de produire dans le respect de l’environnement et de la santé publique, mais l’inflation normative et les lourdeurs administratives doivent impérativement être allégées. Les surtranspositions des lois, règlements, décrets, directives, européennes, nationales, régionales voire départementales… sont insupportables ! Et nous faisons régulièrement remonter aux représentants de l’État, les incohérences, voire l’inapplicabilité de certaines dispositions qui s’imposent à notre profession. Si les agriculteurs choisissent de reconduire la liste syndicale FDSEA/JA dont je suis issu, nous nous engageons à poursuivre notre action dans ce sens et n’aurons de cesse d’œuvrer à toute possibilité de simplification afin de réduire les contraintes pour les exploitations du département.
La liste FDSEA/JA appelle à l’unité et à l’action. Pouvez-vous nous donner votre vision en tant que candidat à votre réélection ?
Si les agriculteurs choisissent de nous reconduire, je m’engage à ce que la Chambre d'agriculture continue de se tenir à leur côté pour œuvrer à l’amélioration de leur quotidien et de leur revenu. Je m’engage également à porter la voix de chaque agriculteur, quels que soient sa production ou son système d’exploitation, pour continuer à interpeller les pouvoirs publics si nécessaire. Je m’engage aussi à ce que les services Chambre proposent des solutions concrètes à chaque agriculteur en demande et aussi à renforcer les solidarités au sein de notre profession. L’avenir de notre agriculture dépend de notre capacité à être force de proposition et d’innovation. Il faut que les agriculteurs sachent que leur courage, leur travail et leur résilience représentent une force dont peu de secteurs disposent. Parce que je crois à cette force, ensemble, nous relèverons chaque défi pour assurer un avenir durable à nos campagnes et à nos exploitations. J’en suis convaincu !
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