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Les lunettes de l’égalité d’Agnès Bouysse pour ne pas fermer les yeux face à l’injustice

Directrice du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles du Cantal (CIDFF), Agnès Bouysse, 60 ans, revient sur des années de lutte contre les violences sexistes, les stéréotypes,... 
 

Une dame souriante assise à son bureau
La journée du 8 mars, consacrée aux droits des femmes, est essentielle pour communiquer auprès d’un large public sur les actions du CIDFF, insiste sa directrice, Agnès Bouysse.
© Marie Varnieu

Colorée, motivée, passionnée, déterminée, apaisée, dévouée, impliquée : Agnès Bouysse, c’est un peu tout ça à la fois depuis qu’elle s’est engagée au sein du CIDFF du Cantal, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF). C’était en 2004, à l’époque où les missions de l’association étaient quasi-confidentielles, dans des locaux situés rue Jean-Cinq-Arbres, à Aurillac. Trois salariés, le double aujourd’hui(1) pour une structure qui a déménagé, en partenariat avec la mairie aurillacoise, cité Clairvivre et qui est “déjà presque à l’étroit”, semble regretter sa directrice depuis 2018. Il n’y a qu’à lire les chiffres de l’année 2024, qui a vu 1 248 femmes et 35 hommes reçus au siège mais aussi lors de permanences décentralisées dans les maisons des services, les CCAS,..., pour se rendre compte du “succès” du CIDFF cantalien. Plus de 1 500 entretiens ont été menés, 58 femmes ont été (r)accompagnées vers l’emploi, 169 ont rejoint l’accueil de jour suite à des violences au sein du couple et 242 ont été informées individuellement lors de permanences juridiques. “Ce sont des chiffres assez stables ces trois dernières années”, souligne Agnès Bouysse, qui rappelle que le CIDFF n’est pas le seul à intervenir sur ce public-là. Et elle ne sait que trop bien que rien n’est gagné dans l’égalité hommes-femmes “même si énormément de choses ont été faites. Nous sommes bien lotis en France mais les mentalités n’avancent pas assez vite...”  

Des petites victoires au quotidien

D’où l’importance des journées comme le 8 mars (Journée internationale des droits des femmes), ou celle du 25 novembre (Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes), qui “permettent de communiquer auprès du grand public, de l’informer qu’il y a encore des inégalités flagrantes entre hommes et femmes, même si on n’en parle pas toujours et que nous n’en sommes pas conscients. Moi-même, je véhiculais plein de stéréotypes, sur la façon dont j’ai élevé mes deux garçons et ma fille. On a tendance à reproduire ce qu’on a vu dans l’enfance, avec maman à la maison, papa au travail, et j’ai pris à ma charge cette fameuse “deuxième journée”, avec les enfants, les courses... sans même m’en rendre compte, alors que je travaillais autant que mon mari. Comme quoi, on peut passer à côté de choses essentielles...”
Les filles au rugby, les garçons à la danse, “oui, ouvrons-leur le champ de tous les possibles ! Autorisez-vous à le faire, ne vous laissez pas influencer ! Je m’en suis rendue compte tard, mais mieux vaut tard que jamais !”
C’est donc à l’aube de ses 40 ans qu’elle découvre “le droit des femmes, l’égalité avec les hommes. “Ce sont des notions que je n’avais pas du tout intégrées, ni dans ma vie personnelle, ni dans ma vie professionnelle. En arrivant au CIDFF, d’abord en tant que conseillère en insertion, on commence à découvrir le volet “violences” et sur quel terreau ça émerge. Je n’avais auparavant jamais entendu parlé de ce genre d’associations, je n’y avais jamais été sensibilisée. Ça a été une belle découverte.”
Aucun regret pour Agnès Bouysse d’avoir laissé de côté le sport (sa formation initiale étant en Staps) et le tourisme : “J’ai la chance de me réaliser complètement dans mon travail. Tous les ingrédients nécessaires à l’épanouissement professionnel sont réunis : les conditions de travail, une équipe à taille humaine, dynamique et totalement investie,...  Et surtout une cause qui fait sens quand je découvre chaque jour les situations terribles des femmes que nous recevons et lorsque ces dernières, suite à un accompagnement  proposé par nos services, reprennent confiance en elles, trouvent les ressources pour s’en sortir... Des petites victoires au quotidien qui donnent du sens à notre travail.”
Et parce que le travail est encore loin d’être terminé, et que “la sensibilisation doit se faire de plus en plus tôt”, le CIDFF va assurer une formation auprès des agents de la Ville d’Aurillac qui interviennent dans les écoles (Atsem, animateurs,...) soit quasiment une centaine de personnes. “J’ai l’habitude de dire qu’il faut mettre les lunettes de l’égalité pour intégrer ces questions de stéréotypes, transmettre qu’on peut être différent... Quand on identifie les indices, on peut reconnaître plus rapidement des signes de violences sur des enfants dans les familles. On réfléchit également avec la référente égalité de l’Éducation nationale à des actions communes dans les collèges et les lycées. Former des acteurs de terrain, ça nous intéresse plus que d’intervenir une seule fois, où on va semer une petite graine. On préfère travailler sur la durée.”

(1) Plus deux psychologues partenaires.

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