Aller au contenu principal

«Les loups n’hésitent plus à entrer dans le frigo»

Claude Font, éleveur ovin à Auzon, est secrétaire général de la Fédération nationale ovine en charge du dossier loup. L’éleveur s’inquiète que les tirs de défense simple ne puissent être autorisés une fois le plafond de prélèvement de 17% en 2020, atteint.

Claude Font est responsable du dossier «loup» à la FNO.
Claude Font est responsable du dossier «loup» à la FNO.
© HLP

Un arrêté publié le 3 janvier au Journal officiel confirme le maintien du taux de prélèvement de loups à 17 % pour 2020. Que pensez-vous de cette décision ?
Claude Font, secrétaire général de la FNO en charge du dossier “loup“ : Nous n’imaginions pas qu’il puisse en être autrement ! Le préfet coordonnateur du plan d’action national loup l’avait laissé entendre lors de la réunion du groupe national loup du 27 novembre dernier. Au vu du nombre de brebis tuées, près de 12 000 en 2019, nous attendions une décision politique. Le Conseil d’État a ainsi rejeté les remises en cause par des associations environnementales du taux de prélèvement à 10 % et de son relèvement pour 2019, à titre expérimental, à 17 %. Ce dernier sera donc maintenu pour 2020 et pourra être porté à 19 % si le nombre maximum de loups est abattu avant la fin de l’année. Je tiens à rappeler qu’il ne s’agit pas d’un objectif de chasse primaire, mais d’un objectif de tirs de défense face à des loups qui sont en approche prédatrice des troupeaux. Notre satisfaction ne viendra pas du nombre de prélèvements mais bien de la baisse de la pression de prédation sur nos animaux.
Une inquiétude demeure cependant en ce qui concerne les tirs de défense simple. Qu’en est-il ?
C.F. : En effet, le Conseil d’État a validé la remise en cause par des associations environnementales du bénéfice des tirs de défense simple à proximité du troupeau au-delà du plafond. Cela signifie qu’à partir du moment où nous avons atteint le plafond de prélèvement, nous ne pouvons plus user de tirs de défense simple. C’est une inquiétude et nous réfléchissons à un plan B.
En fin d’année, deux attaques ont eu lieu dans une même bergerie dans le Var. La prédation des loups prend une nouvelle forme. Comment y faire face ?
C.F. : Effectivement, un élevage dans le Var a été la cible fin décembre de deux attaques à quelques jours d’intervalle. Les brebis étaient dans la bergerie, l’éleveur avait laissé la porte entrouverte pour aérer. Une partie de la meute de loups a amusé les chiens de protection ; l’autre partie a attaqué les brebis. On assiste là à un changement de comportement des loups, qui n’est plus celui de prédateurs mais celui d’animaux qui se sont adaptés et vont au plus près des troupeaux. Désormais, ils n’hésitent plus à entrer dans le frigo. On ne peut plus parler de loup sauvage. Est-ce ce loup-là que l’on veut protéger dans le cadre de la convention de Berne ? Je n’en suis pas sûr.
Quels sont les derniers chiffres de population du loup en France ? Comment adapter la réponse à l’évolution des effectifs ?
C.F. : Les derniers chiffres de juin 2019 font état de 530 loups, à plus ou moins 10 %, recensés en France. Les prochains chiffres ne seront communiqués que cet été. On constate que le territoire concerné par la prédation du loup a augmenté, passant d’une trentaine à une quarantaine de départements. On constate aussi que la formule mathématique pour recenser le loup n’est plus adaptée à un territoire aussi grand. Cela peut poser un problème réglementaire, car le nombre de prélèvements dépend du nombre de loups.

Les plus lus

Crâne de veau au milieu d'un pré
Des veaux proies ou charognes du vautour à Trizac ?

Deux veaux robustes dont il ne reste guère que le squelette entouré de plumes : à Trizac, les éleveurs peinent à croire à du…

Une homme debout dans une étable avec des veaux
Géobiologie : « Que ce soit invisible ne signifie pas que ça n'existe pas ! »

À Saint-Diery, Patrice Chassard, producteur de Saint-Nectaire, s'est formé à la géobiologie après plusieurs expériences…

Plusieurs brebis parquées sur une montagne.
“Avec la FCO, on se sent plus démunis que face au loup”

Comme d’autres élevages ovins du Cantal, les Champaix ont perdu en quelques jours plusieurs bêtes sur le Cézallier. 

FCO : « Ça explose partout, il nous faut des vaccins et vite »

Qu’il s’agisse des sérotypes 8 ou 3 de la fièvre catarrhale ovine (FCO), les pouvoirs publics n’ont pas su anticiper la…

Un homme et une femme sourient
Finales de labour : le mot des JA 63

Le président des Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme et la présidente des JA du canton de Riom, organisateurs des finales…

Territoire Viande : des pros de la cheville

Créée en 2013 par Simon Fric, l’entreprise naucelloise est un acteur reconnu du commerce de gros et demi-gros positionné sur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière