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« Les filières de qualité sont un moteur pour nos territoires »

Marie-Lucie Portalier a été élue présidente de la filière label rouge BFA lors de l’assemblée générale 2024, qui a eu lieu durant le mois de novembre. C’est la première fois depuis le lancement de l’association qu’une femme, de surcroît lozérienne, est élue à ce poste.

Marie-Lucie Portalier, à gauche, et Marie Sabatier, renouvellent BFA
Marie-Lucie Portalier, à gauche, et Marie Sabatier, renouvellent BFA
© Marion Ghibaudo

Installée depuis 2006, Marie-Lucie Portalier connaît bien le monde des filières de qualité, dans lequel est plongée la ferme familiale depuis longtemps, même si à l’époque, elles n’en avaient pas le nom. « Ma maman faisait des bêtes de boucherie pour un boucher de Saint-Chély-d’Apcher, Teissandier-Prunières, elle produisait une dizaine de croisés par an, spécifiquement pour eux ». 
La ferme familiale, qui a commencé son existence en 1934, sous l’égide du grand-père, continue donc de prospérer avec la troisième génération. Si le grand-père, avec ses vaches croisées, produisait principalement des broutards et des bêtes de boucherie, la maman de Marie-Lucie Portalier, Marie-Claude, a conduit une homogénéisation de troupeau lors de son installation en 1989, et en Aubrac, bien sûr. En 1992-1993, elle a atteint son objectif, tout en gardant une partie de croisement. 
Quant à Marie-Lucie Portalier, elle côtoie les filières de qualité depuis ses débuts dans l’agriculture. « Avant de m’installer, j’ai travaillé avec Lozère Viande et Fleur d’Aubrac à l’époque, en apprentissage, parce que j’ai suivi un BTS production animale avec une spécialisation à Rambouillet, dans tout ce qui est bétail et classificateur carcasse et viande », détaille la présidente de BFA. Des expériences qui lui ont servi pour son métier d’agricultrice, et sur lesquelles elle compte bien s’appuyer pour son travail d’élue. « Tout ceci m’a beaucoup apporté. À Lozère Viande, j’ai affecté des carcasses pendant huit mois. Je suis ensuite passée chez Fleur d’Aubrac, où j’ai eu pour mission d’organiser la filière du début à la fin : je me rendais dans les élevages, on mettait en place les animaux, je les triais pour l’abattage, ils étaient ramassés et je les triais de nouveau pour les affecter aux bouchers ». Une expérience qui lui a aussi permis, jeune agricultrice, de côtoyer ceux qu’elle retrouve aujourd’hui autour de la table lors de conseils d’administrations ou de négociations de branche, et dont elle salue l’esprit de coopération amiable qui règne au sein de la filière, entre les représentants de toutes les organisations professionnelles.

Une filière « moteur »

En 2025, BFA représente cinq organismes de producteurs et cinq abatteurs, pour 551 éleveurs adhérents et 323 producteurs sur l’année précédente. Les animaux abattus pèsent en moyenne 411,3 kilos, et sont achetés 6,11 euros kilo/carcasse, pour un prix moyen de 2 525 euros. Près de 37 animaux sont abattus, en moyenne, par semaine.
Des chiffres que Marie-Lucie Portalier espère bien continuer de faire prospérer. « Pour moi, le chiffre le plus important, c’est celui-ci : six animaux livrés par an et par éleveur. Cela veut dire que beaucoup d’éleveurs font peu de bêtes, et c’est très important que l’on soit beaucoup d’éleveurs à produire, cela évite que l’on soit tributaire d’un seul éleveur ». 
Quant à la motivation des éleveurs à continuer à produire pour BFA, la jeune présidente sait une chose : elle passe notamment par la revalorisation régulière de la grille de prix. Surtout dans un moment où la crise agricole et les coûts de production grèvent les trésoreries, ainsi que la décapitalisation et le prix du conventionnel qui se rapproche de celui des filières de qualité. De quoi décourager tout éleveur. Mais Marie-Lucie Portalier veut continuer d’y croire : « BFA est souvent précurseur dans les augmentations. On augmente de toute façon de manière périodique cette grille, je crois que l’on se classe parmi les labels les plus hauts de France ». 
Mais avant la motivation économique, la présidente de BFA met en avant la conviction qui porte les éleveurs impliqués dans les éleveurs : « produire pour une filière de qualité, c’est adhérer à leur système de valeur. Les filières de qualité sont une locomotive pour nos départements. Et puis c’est avant tout une fierté », note l’agricultrice qui est entrée dans les filières de qualité dès son installation. Produisant à la fois des broutards, des BFA et des Fleurs d’Aubrac ainsi que des bêtes pour la vie, Marie-Lucie Portalier et son mari Sébastien qui l’a rejoint sur la ferme en 2008, croient en la diversification. « Élever des bêtes en label est une satisfaction personnelle, en plus de la valorisation économique. Et puis, ça fait marcher nos structures locales telles que l’abattoir de Marvejols ». Au Gaec Les Hirondelles, une quinzaine de BFA sortent chaque année de la ferme, et cinq Fleur d’Aubrac ont aussi rejoint le label, après un long hiatus de 15 ans, le temps pour les associés de remonter le cheptel et l’augmenter pour passer de 60 à 120 vaches aujourd’hui. « J’estime que quand on peut le faire, c’est bien de se lancer. Et puis, pour les jeunes qui souhaitent s’installer, leur montrer ces animaux-là, c’est aussi un moyen de les encourager à continuer les filières ».

« Prendre mon bâton de pèlerin »

Marie-Lucie Portalier le dit tout de go : elle ne compte pas « tout révolutionner dans la filière », mais plutôt se placer « dans la continuité de ses prédécesseurs ». « Être dans la continuité de Patrick est très important, parce qu’il a très bien géré la filière, et il est de très bon conseil ».
Se faire voir, se faire entendre, approfondir les relations avec tous les acteurs de l’amont à l’aval, mais surtout garder cette dynamique collective : ce sont les grands axes de travail que Marie-Lucie Portalier s’est fixé pour ses deux ans de présidence. « Ce qui m’a donné envie de m’impliquer plus, c’est l’envie de me tenir au courant, et surtout continuer à faire prospérer nos filières. Et pour pérenniser cette filière, je suis convaincue qu’il faut prendre son bâton de pèlerin. Nous agriculteurs, devons discuter avec les abatteurs, les bouchers, les consommateurs. Parce que rien n’est plus vendeur qu’un éleveur qui vend ses animaux », souligne avec passion l’agricultrice. 
Après avoir passé de nombreuses années au conseil de la coopérative Cobévial puis Célia dès son installation en 2006, Marie-Lucie Portalier passe à Fleur d’Aubrac avant de rejoindre les instances de BFA il y a sept ans. « Je suis entrée en tant que représentante de Célia, à la base. Quand Patrick Mouliade a pris sa décision de laisser la présidence, il y a plus d’un an, il m’a demandé de monter à la vice-présidence. Puis, il a fait le tour du bureau pour savoir qui souhaiterait reprendre son poste ». Après un an de réflexion, Marie-Lucie Portalier se décide à se lancer. « J’ai mis longtemps à prendre une décision parce que c’est un poste important, qui demande beaucoup d’organisation, de temps et d’implication. Et puis j’ai dit oui », s’amuse la présidente de BFA qui se dit prête à relever ce nouveau défi.
 

 

Trois questions à Patrick Mouliade
Comment s’est déroulée votre présidence ?
J’ai été élu en 2016, et je suis donc resté huit ans à la tête de BFA. Ça a été une belle expérience, BFA étant une filière qui côtoie tous les acteurs. Et nous travaillons aussi avec les autres signes de qualité, c’est très dynamique. Sans oublier que, d’accord, j’étais le président, mais je tiens à souligner l’implication du bureau, et la très bonne ambiance qui règne et qui donne envie de s’engager.

Que veut dire être président de BFA ?
C’est être disponible et rester à l’écoute, cela demande une grande disponibilité. Marie-Lucie Portalier va devoir travailler sur de nombreux sujets importants comme le prix, les évolutions de cahier des charges, etc. Ce sont de vastes sujets à couvrir, et nous les étudierons en collectif, comme cela se faisait par le passé, pour aider à prendre les meilleures décisions possible. Être président, c’est aussi représenter la filière, et travailler en confiance. C’est vraiment un travail en confiance avec l’équipe du bureau, du conseil d’administration, des animatrices, etc.

Que souhaitez-vous transmettre à Marie-Lucie Portalier ?
Tout d’abord, je lui souhaite une belle réussite. Elle va amener une nouvelle énergie dans la filière, et c’est important. Elle va tracer son chemin, amener de nouvelles idées, un nouveau souffle à BFA. C’est important de changer de président pour amener de la jeunesse et de la fraîcheur. Et puis, le bureau est là pour la soutenir.

 

 

Marie Sabatier, la nouvelle animatrice BFA
En remplacement des deux précédentes animatrices, c’est Marie Sabatier qui prend leur suite. Arrivée le 25 mars 2024 dans les locaux de BFA, la jeune animatrice a un pied dans l’agriculture depuis toute petite. « J’ai fait un Bac STAV au lycée agricole d’Aurillac, puis enchaîné avec un BTS production animale à Terre-nouvelle à Marvejols ». Entre 2020 et 2024, la jeune femme était employée comme inséminatrice bovine au sein du groupe Altitude dans le Cantal, puis elle a souhaité se rapprocher de la Lozère où son compagnon est installé en exploitation ovine. Fille d’éleveur Aubrac, Marie Sabatier se décrit comme « passionnée d’élevage et d’Aubrac ». Parmi les missions échues à l’animatrice : le renforcement de la communication sur les réseaux, et être au plus proche des éleveurs, et de tous les acteurs de la filière. Un beau challenge à relever.

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