Les enjeux de l’été pour la filière laitière
Entre la baisse du prix du lait, les manifestations d’éleveurs, les discussions autour de la loi Sapin II, les décisions de régulation du marché laitier à Bruxelles ou encore de futurs changements de statuts au sein de l’interprofession, la filière laitière est face à des enjeux cruciaux.
L’été risque d’être agité, surtout quelques semaines avant le salon des productions animales de la rentrée à Rennes, le Space. Avec la piètre récolte de céréales qui s’annonce et l’impact des cours du lait sur le marché de la viande, l’agriculture souffre. La FNPL annonce 260 euros les mille litres pour le mois de juillet. Pour la fédération, c’est un hold-up pour les producteurs. Pour Étienne Fourmont, responsable du dossier lait aux JA de la Sarthe, « les prix sont beaucoup plus bas qu’il y a six mois. Notre coût de production tourne autour de 380 euros les 1 000 litres, alors que les laiteries nous ont annoncé une fourchette entre 255 et 260 euros pour Lactalis, 265 pour Sodiaal, 270 pour Bel. » Véronique Le Floc’h, présidente de l’organisation des producteurs de lait, affiche les mêmes tarifs. « Le risque, c’est d’avoir ce prix-là jusqu’à la fin de l’année », analyse Thierry Roquefeuil, président de la FNPL. Il rappelle que les stocks de poudre de lait mis à l’intervention vont bientôt revenir sur le marché. « J’imagine que l’on a quand même atteint un point bas. Par contre, la remontée peut être longue », pronostique Jehan Moreau, directeur de la fédération nationale des industries laitières (Fnil). André Bonnard, vice-président de la FNPL, se veut plus positif : « Les cours remontent sur la poudre grasse, mais ils n’influencent pas encore les autres poudres. Il nous faut un prix qui dise aux opérateurs que les cours vont changer. »
Le pouvoir des producteurs
Un élément clef pour la filière laitière réside dans la loi Sapin II. Les sénateurs ont renforcé ce texte relatif, entre autres, à l’organisation de la production (OP) laitière. L’article 30 interdit la cession pour sept ans à titre onéreux des contrats laitiers entre producteurs, afin de ne pas nuire à la compétitivité de la filière, à l’installation des jeunes et à l’investissement. Ce même article impose que la conclusion de contrats laitiers soit subordonnée à celle d’un accord-cadre entre les OP et l’acheteur. Ce dernier doit comprendre la quantité totale et la qualité du lait à livrer, les modalités de cession des contrats et de répartition des quantités à livrer entre les producteurs, les règles organisant les relations entre l’acheteur et l’OP, les modalités de la négociation annuelle entre acheteur et OP, et peut comprendre les modalités de gestion des écarts entre quantité à livrer et quantité livrée. Les acheteurs doivent également transmettre les éléments figurant sur les factures individuelles des producteurs liés à l’OP. « Ce qui change, c’est le pouvoir donné aux organisations de producteurs et le renforcement de la gestion collective, explique le sénateur Daniel Gremillet (LR), rapporteur du texte au Sénat. C’est une ère nouvelle pour la production laitière ».
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 28 juillet 2016, numéro 1370.