L’élevage, un métier, pas un jeu
FRSEA et JA appellent les agriculteurs auvergnats à se mobiliser en masse le 23 juin à Paris pour la manifestation en faveur de l’élevage.
Pourquoi appelez-vous à manifester à Paris, le 23 juin ?
Patrick Escure, président de la FRSEA Auvergne : “L’élevage connaît une grave crise depuis de nombreuses années. Nous sommes arrivés aujourd’hui à un point de rupture. Les FDSEA-JA se sont mobilisés dans les départements le 12 avril. L’élevage, grande cause nationale, ne doit pas seulement être une bonne intention. Dans toutes les régions de France où cela est possible, les céréales remplacent l’élevage. Dans le Massif central où les seules productions d’élevage sont envisageables, les difficultés rencontrées par les éleveurs ont de larges retentissements. La hausse des charges d’alimentation animale représente plus de 10 000 euros par éleveur. Derrière chaque éleveur, ce sont sept emplois induits, ce sont des outils économiques, des territoires entiers qui vivent plus ou moins indirectement grâce à cette activité. D’où l’intérêt de se mobiliser fortement. La FRSEA Auvergne invite ainsi tous les agriculteurs, leurs familles et les acteurs gravitant autour de l’agriculture à monter à Paris le 23 juin. Dans la capitale, l’Auvergne est considérée à juste titre comme une grande région d’élevage, personne ne pourrait comprendre que nous ne soyons pas présents en masse.”
Jérémy Leroy, président de JA Auvergne : “La défense de l’élevage est aujourd’hui une priorité. Il est nécessaire de redonner des perspectives à ce secteur, pour inciter des jeunes à s’installer et ainsi assurer le renouvellement des générations. Notre élevage est une richesse, malheureusement pas suffisamment valorisée. C’est pourquoi la mobilisation de tous est indispensable. Au niveau de l’Auvergne, nous avons tout intérêt à être présents et nombreux le 23 juin , car c’est sur nos zones que le danger est le plus important.”
Quelles sont vos revendications pour permettre à l’élevage de sortir de l’ornière ?
P. E. : “Une revalorisation des prix est en premier lieu indispensable. Les prix sont actuellement trop bas pour faire face à l’augmentation des charges. La fixation des prix doit impérativement tenir compte des coûts de production. Ce combat, nous devons le gagner face à la grande distribution. Par ailleurs, nous écoutons le ras-le-bol sur le terrain qui demande de simplifier les normes et de mettre fin à toutes les surenchères en la matière, qui génèrent aussi des surcoûts. Pas un mois ne s’écoule sans que les agriculteurs ne soient soumis à des mesures nouvelles, tout cela en dépit du bon sens paysan. Dans le projet de réforme de la Pac, l’interdiction de labourer les prairies permanentes condamne l’élevage à être acheteur permanent de céréales.”
J. L. : “Les prix de vente doivent augmenter. Les jeunes voient bien que le gâteau n’est pas partagé comme il faut. Nous souhaitons que l’accord du 3 mai 2011 s’applique. Les pouvoirs publics doivent jouer le rôle de médiateur afin de mettre la pression sur les grandes surfaces pour que cet accord soit effectif.”
Prix, coup de frein sur les contraintes, Pac
Qu’attendez-vous de la future Politique agricole commune ? P. E. : “La Pac doit aussi largement contribuer à redonner des perspectives au secteur de l’élevage. Nous plaidons en faveur d’un rééquilibrage des aides vers les productions les plus fragiles. La possibilité de labourer les prairies, le couplage des aides animales et une très forte revalorisation des compensations des handicaps naturels sont des orientations indispensables pour l’avenir de l’élevage. Nous rappellerons fermement ces impératifs, à l’occasion de la manifestation du 23 juin. J. L. : “Évidemment que l’élevage mérite d’être fortement soutenu dans le cadre de la prochaine Pac. D’autres outils peuvent aussi avoir un effet levier comme le plan de modernisation des bâtiments d’élevage dont le maintien d’une enveloppe conséquente est absolument indispensable. JA plaide en faveur d’une majoration forfaitaire des premiers hectares tenant compte de tous les actifs. Pour les jeunes, une majoration forfaitaire sur le premier pilier constituerait un coup de pouce supplémentaire intéressant, qui, évidemment, ne se substituerait pas à la vraie politique d’installation du second pilier méritant d’être conservée.”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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