Le travail conduit par les Gîtes de France du Cantal, reconnu au plus haut niveau
Fille d’un agriculteur d’Arnac, elle a su faire du Cantal un département exemplaire du réseau Gîtes de France. Des efforts qui ont fait d’elle la directrice nationale du label.
Solange Escure est officiellement directrice générale de la Fédération nationale des Gîtes de France(1) depuis le 2 mars... Deux semaines avant le confinement. Attachée à son département, elle a tenu à conserver un tiers temps à la direction du Cantal, secondée par une technicienne lorsqu’elle est prise par ailleurs. “Et l’autre condition, c’était de rester basée ici. Je n’avais pas envie de déménager à Paris. C’est un choix de vie.”
Conditions acceptées. Car le profil correspond exactement à ce qui était recherché. Déjà chargée de mission nationale depuis octobre, il lui revenait de faire passer, aux côtés des membres du bureau, les auditions des candidats à ce poste vacant depuis quelques temps déjà(2). “Au final, plutôt que de chercher des compétences extérieures, la présidente et les vice-présidents ont pensé qu’il pouvait être plus approprié de recruter en interne, quelqu’un issu du terrain. Comme j’animais déjà des ateliers sur l’animation du réseau...” Solange Escure fut logiquement choisie.
Une incroyable revanche
Celle qui est titulaire d’une formation comptable est entrée aux Gîtes de France, il y a bientôt 31 ans, après quelques courtes expériences en entreprises. À travers son ascension personnelle, c’est tout le Cantal qui est à récompensé pour des décennies de travail, conduit avec sérieux. Il faut avouer que ce qu’on appelait autrefois le “relais départemental des gîtes” a connu une métamorphose spectaculaire, comme une incroyable revanche sur le destin, dont le succès est à partager avec le Conseil départemental et la Chambre d’agriculture.
Car avant d’être la structure que l’on connaît, forte d’une dizaine de salariés et la seule de tout le réseau auréolée d’une certification qualité Iso-9001, le Cantal a connu des moments moins glorieux... “En 1989, le président Charles Lacaze a repris les choses en main et a créé le premier poste salarié que j’ai occupé, grâce à des aides départementales. Et la Chambre d’agriculture, qui nous logeait, a mis à disposition cette année-là tous ses conseillers pour assurer le reclassement de la totalité du parc d’hébergement de septembre à décembre”, s’amuse aujourd’hui Solange Escure, face à cette étonnante expérience, impensable aujourd’hui, mais qui a conduit à l’exclusion d’une centaine de meublés.
Le département remontait tout doucement la pente de la qualité qui allait l’amener à devenir centrale de réservation en 1994, sous la présidence de Michel Cabanes, à occuper des locaux indépendants depuis 1997 et, surtout, à disposer à présent d’un millier d’hébergements touristiques (dont une large majorité classés 3 épis) proposés par 640 propriétaires, avec qui elle se félicite d’entretenir des liens cordiaux.
Au vu de cette expérience, facile de comprendre que la nouvelle directrice de la Fédération nationale aborde ses nouvelles fonctions “avec enthousiasme et envie”. Il lui revient de préparer les conseils d’administration nationaux, de gérer la communication, d’établir le dialogue avec les institutions nationales, APCA, Bienvenue à la Ferme... et même avec le gouvernement.
De l’engagement et... du soleil
À ce sujet, face à la crise économique liée à la pandémie (voir ci-contre), un travail est entrepris pour que les propriétaires - qui n’entrent pas dans le circuit classique des entreprises, mais restent pénalisés en raison de charges ou d’emprunts sans recettes en face - puissent obtenir des aides.
Malgré cette somme de travail, Solange parvient tout de même à se détendre chaque jour, notamment à travers la lecture à laquelle elle consacre au moins une heure tous les soirs. Elle dépense aussi de l’énergie à défendre les couleurs du Stade aurillacois, avec la même ferveur que son papa le faisait. En outre, comme lui, elle s’est toujours impliquée pour des causes communes (comité des fêtes, élue municipale, présidente de la Jeune chambre économique du Cantal...) et préside actuellement le Rotary club d’Aurillac.
Son emploi du temps chargé lui fera apprécier des vacances bien méritées, pour lesquelles elle attendra que la saison estivale soit close. Et où s’échapper ? “Au soleil !”, lance-t-elle spontanément. “Mais sans la foule”, ajoute-t-elle presque aussi vite. Elle prendra vraisemblablement la direction d’une de ses îles de prédilection : la Réunion ou la Corse. Évidement dans un gîte...
(1) Présidée par la viticultrice des Bouches-du-Rhône Sylvie Pellegrin, propriétaire de six gîtes.
(2) Après quelques expériences malheureuses, les élus nationaux assuraient la direction, avant de se résoudre à recruter.
Pandémie : des hébergements adaptés
Drôle de période pour accéder aux responsabilités. Entre le 16 mars et le 11 mai, ce sont 50 000 contrats que Gîtes de France a annulés. Au 30 avril, c’était déjà 40 millions d’euros de volume d’affaires qui n’étaient pas réalisés (sur 500 M€ à l’année). De quoi plomber le moral des équipes.
Alors, la directrice nationale attend avec impatience les consignes gouvernementales relatives aux vacances d’été. Elle espère que, “même s’il doit s’agir d’une ultra-proximité, les Français auront tellement besoin de prendre l’air, qu’ils s’offriront tout de même quelques séjours, ici ou là”.
Si les déplacements sont autorisés sur l’ensemble du territoire sans restriction, Solange Escure pense que son réseau peut tirer son épingle du jeu par le côté rassurant des hébergements en période de déconfinement progressif : “La plupart sont dans des hameaux, sans promiscuité.”
En outre, le label Gîtes de France va soumettre pour validation au gouvernement un protocole sanitaire que les propriétaires de gîtes et chambres d’hôtes devront respecter pour préparer leur hébergement et désinfecter entre deux locations. Mais d’autres questions d’un autre ordre restent en suspens. “Tout le monde aura-t-il ses congés ? N’y aura-t-il pas des réticences à partir ?”
En revanche, s’il est question de changement de comportement pour se tourner vers un “tourisme durable”, Solange Escure est rassurée : “On connaît : ça fait 65 ans qu’on le pratique.”