Qui aurait parié un kopek en début de saison que le Stade Aurillacois virerait à la seconde place de la Pro D2 à la trêve des confiseurs ? Personne ! Non personne, car comme chaque année, le Stade s’est fait dépouiller de ses meilleurs éléments durant l’été… et comme chaque année on a parié sur un recrutement peu couteux et cohérent et sur un centre de formation qui n’en finit plus de sortir des pépites.
Cette saison 2012-2013 a démarré sous les meilleurs auspices le 25 août dernier par une victoire à Dax 31-16. Douze victoires et quatre défaites plus tard, Aurillac vient de conclure la mi-saison et de rendre une copie quasi parfaite devant ses mêmes Dacquois, à Jean-Alric, 38 à 16. Ce n’est donc plus une surprise de voir les Aurillacois en si bonne position au classement. Les Cantalous assument parfaitement leur rôle de trouble-fête. C’est la cerise sur un gâteau que l’on promettait aux ogres Brivistes et Lyonnais.
Mais voilà, si Oyonnax domine de la tête et des épaules ce premier acte, Aurillac fait un fier et brillant second au nez et à la barbe de tous les pronostiqueurs qui promettaient, dans le meilleur des cas, une huitième place. Alors certes, il reste encore 14 chapitres à écrire dans ce roman. Certes, les sollicitations extérieures et les paillettes du Top 14 et des grosses cylindrées de Pro D2 vont faire leur effet. Certes, de l’eau va encore couler sous les ponts, mais on ne peut s’empêcher de savourer l’instant présent.
Cet instant, c’est celui d’une bande d’irréductibles gaulois issus de la maison mère, de l’hémisphère Nord ou Sud ou encore des Îles, mené par un duo irlando-franchouillard, et qui résiste encore et encore à la pression, à un avenir compliqué, à la promesse d’un anonymat annoncé. Ici, à Aurillac, la culture rugby prend tout son sens. Car dans le Cantal, tout le monde le sait, on n’a pas de pétrole mais des idées.
Alors en bon Auvergnat, un sou reste un sou. On fait avec les moyens du bord et n’en déplaise à toutes celles et ceux qui souhaitent que le monde du rugby ne revienne qu’aux riches. Aurillac, c’est le grain de sable dans la chaussure rugby. Aurillac, c’est l’épine dans le pied de l’ovalie. Aurillac, c’est l’exception qui confirme la règle. Celle du sport où tout est possible.