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Le rôle grandissant des femmes

Interview de Séverine Bry, Présidente de la Commission des Agricultrices de la FDSEA de la Creuse.

Séverine Bry, présidente de la Commission des agricultrices de la FDSEA de la Creuse.
Séverine Bry, présidente de la Commission des agricultrices de la FDSEA de la Creuse.
© JG

Aujourd’hui, les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans l’agriculture. Pouvez-vous nous dire où en sont les femmes dans le secteur agricole ?

Séverine Bry : Les femmes sont de plus en plus présentes dans le monde agricole. Elles représentent aujourd’hui 25 % des chefs d’exploitation et plus de 30 % des installations annuelles. Ce sont des chiffres encourageants, et en tant que Présidente de la commission des agricultrices de la FDSEA, nous en sommes ravies. L’installation des femmes en tant que cheffe d’exploitation est en hausse, mais il reste encore des obstacles importants à surmonter, notamment sur les plans économique et social. Ces enjeux freinent encore l’augmentation de la part des femmes dans le secteur.

Quels sont, selon vous, les principaux obstacles auxquels les agricultrices font face aujourd’hui ?

SB : Il y a plusieurs défis. Lors de l’installation, certaines agricultrices rencontrent encore des difficultés d’accès à des financements, ou à un accompagnement adapté pour créer leur exploitation. De plus, la conciliation entre vie privée et vie professionnelle reste un enjeu majeur. La gestion de l’exploitation agricole est extrêmement prenante et cela peut être difficile à combiner avec la vie familiale. Un autre problème récurrent est le faible niveau des retraites des agricultrices, particulièrement pour celles qui n’ont pas un statut de chef d’exploitation ou qui ont été “conjointes collaboratrices”. Ces facteurs limitent non seulement le développement des femmes dans la profession, mais aussi leur implication dans les instances syndicales et les décisions politiques qui touchent l’agriculture.

Pourtant, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) se battent pour faire progresser la place des femmes dans le secteur. Pouvez-vous nous parler des avancées importantes que vous avez obtenues au fil des années ?

SB : Oui, effectivement, le réseau FDSEA et JA se sont engagés depuis des décennies pour promouvoir l’agriculture au féminin, de l’installation à la transmission. Nous avons fait des progrès considérables, notamment avec des acquis syndicaux majeurs. Par exemple, en 1961, le mot « agricultrices » a fait son entrée dans le Larousse. En 1976, les agricultrices ont obtenu le droit au congé maternité. En 1989, le droit de vote a été accordé à chacun des époux dans les syndicats locaux. En 1999, le statut social du conjoint collaborateur a été créé, et en 2010, il est devenu possible de constituer un GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) entre époux. Plus récemment, en 2020, nous avons obtenu une revalorisation des minima de retraite des chefs d’exploitation à carrière complète, passant de 75 à 85 % du SMIC. Ce sont des avancées qui montrent que, même si tout n’est pas encore parfait, les progrès existent et nous continuerons à les défendre.

En 2025, les élections des chambres d’agriculture seront un tournant pour l’avenir de votre profession. Quels enjeux ces élections soulèvent-elles, et pourquoi sont-elles si cruciales ?

SB : 2025 est effectivement une année déterminante pour notre profession et notre territoire. Les élections des chambres d’agriculture seront un moment clé pour faire entendre la voix des agricultrices et de l’ensemble des agriculteurs. Ces élections sont cruciales car elles vont permettre de définir les priorités pour les années à venir, notamment en matière de politique agricole, de transition écologique et de défense des revenus agricoles. Il est impératif que nos représentants prennent en compte les défis spécifiques auxquels les femmes agricultrices sont confrontées, comme la reconnaissance de leur travail, la conciliation entre vie professionnelle et familiale, et la garantie d’une retraite digne. Nous devons nous assurer que toutes les agricultrices puissent exercer leur métier dignement, avec des conditions de travail améliorées.

Quels sont vos objectifs pour les années à venir, notamment en ce qui concerne la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée des agricultrices ?

SB : Nous avons plusieurs objectifs importants. Tout d’abord, nous devons continuer à promouvoir un environnement où les femmes peuvent exercer leur métier dans des conditions dignes. Cela passe par un soutien plus fort à la conciliation entre vie privée et vie professionnelle, en facilitant l’accès à des services de garde et de soutien à la parentalité, ainsi qu’en améliorant la disponibilité des formations professionnelles pour permettre à toutes et à tous de perfectionner leurs compétences. Nous devons aussi garantir un revenu et une retraite dignes pour toutes les agricultrices, notamment en nous battant pour de meilleures conditions de retraite, et en assurant des compensations financières pour celles qui choisissent de travailler à temps partiel ou de faire une pause dans leur activité pour des raisons familiales.

Un dernier mot pour conclure ?

SB : Oui, je dirais que l’agriculture est avant tout un métier de passion et d’engagement. Nous devons continuer à communiquer sur notre métier auprès du grand public, car trop souvent, il reste mal compris ou sous-estimé. L’agriculture, ce sont des hommes et des femmes qui, chaque jour, nourrissent la population et contribuent au bien-être de notre pays.

 

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