Le Puy-de-Dôme aura-t-il assez d’eau face au changement climatique ?
La Mission Inter Services de l’Eau et de la Nature (MISEN), réunie le 14 février, annonce l’ouverture d’une étude pour évaluer les usages de l’eau dans le Puy-de-Dôme.
Réunie la semaine dernière, la MISEN(1) a fixé pour 2019 ses grandes orientations stratégiques locales en matière de politique de l’eau et de préservation des milieux naturels. Son bilan d’activité 2018 met en évidence plusieurs points d’actions, notamment en matière agricole. La sécheresse et la multiplication des déclarations de dégâts de sangliers ont été les deux sujets évoqués.
Quelle marge de manœuvre ?
« Une étude sur les usages de l’eau dans un contexte de changement climatique va débuter cette année » annonce Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, préfète du Puy-de-Dôme et co-présidente de la MISEN.
Ce projet sera conduit sur le bassin du Val d’Allier et a pour objectif d’ « évaluer les marges de manœuvres disponibles » en terme de ressource en eau, face à des sécheresses répétitives. « Autrefois, les déclarations de calamité agricole étaient peu courantes même exceptionnelles. Désormais, elles deviennent malheureusement trop égulières. Il nous faut agir » explique Armand Sanseau, directeur de la DDT 63.
Les services de l’État sont partis du constat qu’à ce jour, les soutiens d’étiage de Naussac, permettant de complémenter en période sèche le débit naturel de l’Allier, est de seulement deux ans. « Qu’arrivera-t-il si nous connaissons une période de faible pluviométrie de plus de 24 mois ? » interroge Armand Sanseau. La réponse laisse présager une catastrophe sanitaire, économique et environnementale. En effet, le barrage de Naussac permet à la fois de garantir l’approvisionnement en eau des populations, des industries et de l’agriculture, mais aussi de limiter les impacts de la sécheresse sur les milieux aquatiques.
Construit en 1982, et dimensionné selon les besoins de l’époque, le barrage et son lac sont-ils en mesure d’affronter les affres déjà perceptibles du changement climatique ? « Son rôle ces dernières années a été plus qu’indispensable » reconnaît le directeur, mais l’étude annoncée devrait apporter davantage d’éléments.
Plus de 5 000 sangliers abattus
L’autre sujet évoqué à la MISEN a été le phénomène de croissance de la population de sangliers.
La Police de la chasse a ainsi enregistré en 2018, le chiffre record de plus de 5 000 bêtes abattues. Le doublement des déclarations de dégâts est également édifiant. « Ces résultats permettront d’ajuster le prochain plan de chasse et de prévoir, ou non, des battues administratives » explique Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc. Une surpopulation sur laquelle l’ONCFS redouble de vigilance dans le contexte de peste porcine aux portes de la France. « Nous ne sommes heureusement pas encore concernés et il n’y a aucun risque immédiat, mais nous veillons » rassure Patrick Poyet, délégué AuRA de l’office.
En 2019, la Police de la Chasse renforcera également ses contrôles dans les zones naturelles protégées. L’usage des engins à moteur, en particulier sur le site UNESCO, et le braconnage sont concernés.
Mélodie Comte
(1) Mission Inter Services de l’Eau et de la Nature (MISEN) rassemble les services de l’État déconcentrés, les agences de l’eau Loire-Bretagne et Adour-Garonne, l’AFB et l’ONCFS.