Le partage de l’espace au sein du PNR Aubrac
Jeudi 12 septembre, le PNR Aubrac a tenu une conférence de presse pour rappeler que le territoire du parc est avant tout un espace partagé, et que tous les usagers et acteurs locaux doivent respecter les règles établies pour que tous puissent profiter de cet écrin.
Jeudi 12 septembre, le PNR Aubrac a tenu une conférence de presse pour rappeler que le territoire du parc est avant tout un espace partagé, et que tous les usagers et acteurs locaux doivent respecter les règles établies pour que tous puissent profiter de cet écrin.
Près de la croix des trois évêques, de nombreux acteurs locaux étaient réunis jeudi 12 septembre pour faire passer un seul message : « partager la nature et connaître ses règles d’usage sont essentiels ».
ONF, OFB, fédérations de chasse de l’Aveyron et de la Lozère, accompagnateurs en montagne, élus du parc et des communes locales se sont donc réunis pour discuter de la meilleure façon de communiquer sur les règles d’usage en forêt, alors que la saison du brame du cerf va bientôt commencer. Un moment qui attire de nombreux touristes en forêt, qui, sans forcément le savoir, peuvent perturber les cycles de la faune sauvage.
« Le parc est un territoire classé, reconnu pour ses richesses naturelles, culturelles, paysagères, etc. Mais ce n’est pas un sanctuaire, il est habité, il est facile d’accès pour tous ceux qui viennent profiter de ces grands espaces. Cela nous donne une responsabilité partagée de préservation », a introduit Marc Guibert, vice-président du parc.
Une communication percutante et en chanson
Sur la même lancée que les campagnes précédentes, les deux affiches les plus récentes soit donc consacrées au brame du cerf et au partage plus général de la nature alors que la saison de chasse démarre et que les randonneurs randonnent sur les mêmes chemins.
« Randonneurs, VTTistes, photographes, etc. vont profiter de cette saison magique. En même temps, les forestiers et les agriculteurs travaillent dans ces espaces naturels et les chasseurs démarrent leur saison », rappelle le PNR Aubrac. Si la multifonctionnalité des espaces est inscrite dans l’ADN du PNR Aubrac depuis sa création en 2018, les techniciens rappellent cependant que les espaces parcourus par tout un chacun sont en majorité privés, qu’ils soient communaux ou sectionnaux. « Quand on s’y promène, il est demandé de rester sur les sentiers et de bien refermer les clôtures de parcelles », précise, par exemple, Gonzalo Diaz, accompagnateur en montagne.
Une affiche est donc dédiée à ce partage, avec un slogan calqué sur la chanson de Gilbert Montagné, « On va s’aimer ».
Nicolas Cayssiols et Christophe Rieutort, des fédérations de chasse de l’Aveyron et de la Lozère sont clairs « Tout le monde peut se promener en forêt, même en cette saison, c’est à nous, chasseurs, de faire attention. C’est la consigne que nous faisons passer dans nos rangs ». « À l’Office national des forêts, nous faisons aussi de la sensibilisation. Quand on connaît mieux la nature, on peut mieux la préserver » note pour sa part Hermann Myly, de l’ONF Lozère.
Le brame du cerf, un moment qui attire
« Laissez-nous bramer ! », est l’autre affiche présentée ce jeudi, en clin d’œil à la chanson de Gold, pour attirer l’attention de tous sur la période de brame du cerf. « Le constat est douloureux, note Nicolas Cayssiols, directeur de la fédération de chasse de l’Aveyron. De plus en plus de gens pénètrent dans les forêts avec des sources lumineuses pour être au plus près des cerfs bramant, ce qui perturbe les animaux et rend entre autres nos actions de comptage plus compliquées ». Sans parler « des dégâts » que ces usagers non au fait des règles commettent, abonde Christophe Rieutort, responsable du service technique à la fédération départementale des chasseurs de la Lozère. « En premier lieu, il est strictement interdit de pénétrer en forêt avec une source lumineuse », souligne ce dernier. Les contrevenants s’exposant à une amende de 135 euros s’ils sont repérés. « Il est interdit d’éclairer des animaux sauvages la nuit » a rappelé Cédric Giral, chef de service de l’Office français de la biodiversité en Lozère. « Les cerfs, comme tous les autres animaux, ont besoin de quiétude, surtout la nuit. Entrer dans les forêts, s’approcher des animaux avec des lampes torches, ou des phares de voiture, a des impacts sur leur comportement ».
Mais au-delà, les usagers qui viennent seuls observer les brames du cerf sans encadrement « s’arrêtent n’importe où, se rassemblent dans les parcelles agricoles qui sont des endroits privés en attendant la nuit, et en voulant s’approcher au plus près des cerfs, obligent les animaux à se déplacer. Ils suivent aussi au plus près, en voiture, les animaux, ils sont à la recherche des groupes d’animaux, il y a une circulation importante », énumère Christophe Rieutort. Ce qui engendre de nombreux problèmes : rassemblement des cerfs dans les parcelles agricoles, avec pour conséquence des dégâts agricoles plus importants, des barrières non refermées, des animaux sauvages qui sont stressés et qui donc peuvent traverser les routes au mauvais moment. « Cela risque bien de provoquer des accidents à terme », souffle, agacé, Nicolas Cayssiols. Sans parler de l’exaspération ressentie par la profession agricole, qui va crescendo : « des sentiers sont désormais carrément barrés par les agriculteurs ».
Pour écouter le brame du cerf en toute sécurité pour soi et pour les animaux, le mieux est de se renseigner auprès des offices de tourisme ou des fédérations de chasse, et d’être accompagnés par des acteurs locaux, tels que des accompagnateurs agréés, qui connaissent bons usages et réglementation. « Sur les contreforts de l’Aubrac, par exemple, c’est un problème assez prégnant », explique Christophe Rieutort. « Nous, on essaye d’accompagner ce brame depuis très longtemps, notamment au travers des suivis. La grande majorité des bénévoles lors de ces nuits de comptage sont des non-chasseurs, ce qui permet d’encadrer » et d’expliquer les bonnes pratiques (rester sur les routes, utiliser les points de vue, pas besoin d’aller au plus près, etc.). La fédération de chasse de Lozère propose aussi bénévolement, grâce à son réseau de sociétés de chasse, d’accompagner des groupes pour découvrir ce moment si particulier, lors de « nuits du brame ». En 2023, une cinquantaine de personnes a ainsi pu être guidée.
De cette conférence de presse, tous les acteurs invités ont souhaité faire passer un message : « pour que tout se passe bien en forêt, il est important que tous connaissent et respectent les règles ».