Le mal-être agricole, une réalité ; le détecter, une nécessité
Le sujet n’est plus tabou : la prévention du suicide mérite une prévention accrue. Toutefois, la détection de signes avant-coureurs reste difficile ; une formation spécifique peut y aider.
L e mal-être est fréquent, partout, indéniable. Et plus encore en agriculture, un secteur professionnel qui enregistre deux fois plus de suicides que n’importe quel autre : deux par jour (déjà 600 par an en 2017, plus marqué encore en productions animales). Face à ce constat, la MSA décide de réagir par une série d’actions, dont l’activation d’un réseau de sentinelles en charge de repérer, écouter et orienter celles et ceux qui sont en souffrance.
Vendredi dernier, le président de la caisse régionale Auvergne, Philippe Panel, et le président du comité départemental, Jean-Marie Fabre, ont présenté avec des agents en charge de ce dossier le dispositif aux élus de la MSA du Cantal. Car si un numéro vert existe déjà(1), il nécessite que ce soit les premiers concernés qui appellent. “Agri-écoute”, certainement sous-employé. “Ceux qui peuvent prétendre à un soutien ne se manifestent pas”, admet Philippe Panel. “Quand un
paysan met un genou à terre, c’est que l’autre jambe n’avance déjà plus”, image Jean-Marie Fabre. Derrière ce constat, un problème culturel : la peur de l’échec, vis-à-vis de ses aïeux, de ses enfants, de ses collègues...
En détresse, mais taiseux
Le milieu est taiseux ; des situations parfois dramatiques passent à travers les mailles du filet des soutiens. Voilà pourquoi la MSA tient à un réseau dense de sentinelles volontaires à même de détecter les personnes en souffrance, leur porter une oreille attentive, les orienter vers des services, alerter le cas échéant en cas de crise suicidaire. “Difficile de faire parler quelqu’un qui ne veut pas !”, lance une voix féminine dans la salle. “Mais on n’a pas le droit de ne pas essayer”,
lui répond un autre participant. “Reconnaître au travers ses propos et/ou son comportement des signaux d’alerte et savoir aborder la personne concernée”, ce sont justement les premiers volets de la formation d’une journée proposée par la MSA et animée par un médecin, un psychologue et une infirmière.
Orienter vers les bons outils
Après cette mise en relation, il s’agit de les accompagner vers des ressources appropriées et de les inviter à prendre soin d’eux. De quoi relativiser et faire jouer des outils déjà en place (MSA, DDT, Chambre d’agriculture, etc.), même si, certes, cela n’efface pas les causes. “Car celles-ci sont le plus souvent du domaine du législateur”, remarque la MSA Auvergne.
(1) Pour répondre au 09 69 39 29 19, par tchat sur agriecoute.fr ou aux guichets, pas moins de 70 agents ont été formés en Auvergne.