Programme national pour l’alimentation
Le développement des circuits courts est dans les tuyaux
Le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a levé le voile sur le contenu du programme national pour l’alimentation.
« A écouter certains, nous allons finir par manger des feuilles et des racines. Pour ma part, j’aime bien la bonne bouffe ! » Bruno Le Maire aime les fruits et légumes, mais aussi la viande apparemment… Le ministre de l’Agriculture a voulu en tout cas, lors de ses vœux à la presse, le jeudi 21 janvier, fustiger « les interdits alimentaires sur le lait ou la viande » entendus ici et là ces derniers temps, en particulier dans la bouche de l’ancien Beatles Paul Mc Cartney, en marge du Sommet de Copenhague sur le climat. En cause, les pets de vaches trop nombreuses dans les élevages de notre planète, contribuant au réchauffement climatique en raison du régime alimentaire des hommes trop anormalement tourné vers les viandes… Dans le cadre du projet de la LMAP, Bruno Le Maire, lui, entend mettre l’alimentation « au cœur » de son action gouvernementale sur l’agriculture via un programme national pour l’alimentation, indiquant qu’il faut donner à l’agriculture « la charge de l’alimentation de tous les Français », lui conférant « un rôle majeur dans le contrat social ». Et choisir l’alimentation comme « sens politique » pour l’agriculture, le ministre le justifie en rappelant que produire de la nourriture est « la première finalité » de l’agriculture et de la pêche, qu’il faut arriver à nourrir plus d’1 milliard de personnes sous-alimentées, et que l’Europe doit « préserver sa sécurité alimentaire » face à l’extrême volatilité des marchés agricoles.
Journées du patrimoine
Dans ce Programme national, le gouvernement dit vouloir défendre le « modèle alimentaire français fondé sur la diversité des produits et l’équilibre des repas », une manière de rassurer des éleveurs de plus en plus inquiets face à ce qu’ils jugent être une croisade anti-viandes. Cette promotion se déclinera lors d’événements tels que les Journées du patrimoine qui vont être étendues au patrimoine gastronomique, la Journée de l’Europe, le 9 mai, et lors du Salon international de l’Alimentation (SIAL), à Paris, à l’automne 2010.
Par ailleurs, le gouvernement vise une évolution de l’organisation de la chaîne alimentaire en France via le développement des circuits courts, notamment dans la restauration collective, ou celui de l’alimentation issue de l’agriculture biologique, avec l’objectif du Grenelle de l’environnement d’atteindre 20 % d’aliments bio dans la restauration collective publique d’ici à 2012. En outre, Bruno Le Maire veut combattre les gaspillages dans la chaîne alimentaire, évalués à 15 à 30 % de la production alimentaire française. Pour ce faire, le ministre entend valoriser ces volumes dans tous les marchés d’intérêt national (MIN) et sur les criées.
Obésité
Enfin, l’enjeu de ce programme est aussi social et sanitaire car 6,5 millions de personnes souffrent d’obésité aujourd’hui en France, surtout chez les jeunes et dans les classes sociales défavorisées, et 14,5 millions d’adultes sont en situation de surpoids. C’est pourquoi la LMAP cherchera à « améliorer l’information et l’éducation » sur les produits alimentaires, indique-t-on rue de Varenne, en établissant un nouvel étiquetage des produits et en fixant par la loi des « règles nutritionnelles » en restauration scolaire et universitaire (au lieu de simples recommandations actuellement). De plus, cette éducation alimentaire sera promue au travers de manifestations comme l’exposition « Bon appétit ! », prévue à partir du mercredi 3 février à la Cité des Sciences, le Salon de l’agriculture (SIA) de Paris (du samedi 27 février au dimanche 7 mars) ou sur le site internet du ministère avec un nouveau portail : alimentation.gouv.fr . Enfin, l’opération « Un fruit pour la récré » va être étendue à la rentrée 2010 pour toucher 1 million d’enfants, contre 300 000 aujourd’hui.
Mesures environnementales : Le Maire change de méthode
Après avoir reçu le message de la profession agricole fin décembre sur des mesures environnementales trop contraignantes pour l’agriculture française, et source de distorsions de concurrence au sein de l’UE, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a affirmé, le 21 janvier, qu’il allait, en concertation avec Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Ecologie, « changer de méthode de travail pour que toute décision liée à l’environnement soit supportable pour les agriculteurs ». Le Grenelle de l’environnement, au travers de deux lois, accouchent de nombreuses décisions qui touchent directement l’économie agricole (Plan Ecophyto 2018, trame verte, etc.). Ainsi, Bruno Le Maire a souligné que, pour toute nouvelle mesure, « une étude d’impact » sera réalisée afin de « répondre à trois questions » : le bénéfice réel pour la société de la mesure environnementale préconisée, son impact économique pour la filière concernée, l’harmonisation européenne possible de ces nouvelles règles…
Interprofession : La France pour une révision du droit de la concurrence
Bruno Le Maire, lors de ses vœux à la presse, le 21 janvier, a expliqué vouloir renforcer le pouvoir des interprofessions, dans le cadre de la future LMAP, pour « stabiliser le revenu des producteurs » dans les filières agricoles en répartissant mieux la valeur ajoutée entre l’amont et l’aval. Dans ce but, il a déclaré avoir demandé une modification du droit européen de la concurrence lors du dernier Conseil européen des ministres de l’Agriculture, le 18 janvier. La Présidence espagnole de l’UE a également indiqué qu’« un grand nombre de délégations ont (demandé) que l'on arrive à une distribution équitable de la valeur de marché », et qu’« il faudrait une rétribution juste à chaque maillon de la chaîne ».
En outre, concernant l’avenir de la PAC, le ministre lancera, mi-février, un groupe de réflexion sur le sujet ouvert « à toutes les composantes de notre société », a-t-il précisé.