Le Cantal et son terroir se partagent la vedette
Quatrième tournage d'un long métrage dans le Cantal, cette fois avec la comédie de Jean-Pierre Améris inspirée d'une histoire vraie, avec pour décor la grange de la ferme du Couderc à Trizac.
Comme un bon fromage, un bon film requiert un long affinage. Cela fait bientôt quatre ans que Jean-Pierre Améris peaufine le sien, Les Folies fermières, son 13e long métrage. C'est en 2018 que le réalisateur roannais tombe sur un reportage relatant l'histoire singulière de David Caumette. Dernier agriculteur de sa commune, cet éleveur tarnais, en proie à des difficultés économiques, se lance dans un pari fou : un cabaret rural, dans sa ferme. Projet improbable, mais auréolé de succès relayé par France 3. En tombant sur le reportage, Jean-Pierre Améris est emballé. "Cette
histoire raconte que dans les plus grandes difficultés, il faut avoir la foi, des idées pour se diversifier même si autour de soi personne n'y croit...", affiche le réalisateur, qui était vendredi dernier à l'Hôtel du Département lors d'un point presse, entouré du producteur exécutif Frédéric Grünenwald et des partenaires du film au premier rang desquels le Département et la Région.
Cinéma, agriculture : "On apprend chacun de l'autre"
Pour s'affiner et se bonifier, il faut aussi un terroir propice. Le Cantal le sera. "Dès que je peux tourner dans ma région où j'ai beaucoup marché, ça me rassure", confie Jean-Pierre Améris. Reste à trouver "la" ferme qui servira d'écrin idéal à ce cabaret. Parmi une liste de 180 présélectionnées en Auvergne, ce dernier en retient une dizaine. La première qu'il visite, en décembre dernier, sera la bonne : celle de Pierre et Christelle Tournadre à Trizac. "En voyant cette grange magnifique de 40 mètres de long, j'aitout de suite su que ça allait être le décor du film", s'enthousiasme l'homme de cinéma, qui a tout autant à coeur de donner à voir les vastes
étendues cantaliennes aux allures de landes écossaises. Reste à convaincre les exploitants de vivre cette aventure. "On ne vient jamais avec nos gros sabots, on est là pour faire un projet ensemble...", insiste Frédéric Grünenwald. Le réalisateur ne leur cache rien du chamboulement que suppose l'accueil d'une équipe de tournage pendant près de quatre semaines durant lesquelles le couple et ses enfants devront laisser leur maison aux mains de la régie, des techniciens, preneurs de sons,... Les Tournadre en ont eu un premier aperçu - très positif - la semaine dernière avec l'équipe décoration. "On vit de belles choses avec eux, l'équipe est même venue traire et faire téter les veaux avec nous", confie Mme Tournadre. Chacun apprenant du métier de l'autre.
Quatre semaines de tournage dans le Cantal
Dès ce mercredi, c'est à Alban Ivanov, dans le rôle phare de David(1), que Pierre va devoir enseigner à nettoyer le pis d'une vache, à la faire vêler... tandis que Michèle Bernier, qui tient le rôle de sa mère, suivra les conseils de Christelle dans l'atelier de fabrication fromagère sous l'oeil bougon d'un Guy Marchand (père de David dans le film). Autre tête d'affiche : la comédienne Sabrina Ouazani, qui incarne une danseuse qui va donner son âme artistique au spectacle des Folies fermières. Un casting "hétéroclite", souligne le réalisateur, qui fait l'éloge du collectif : "J'avais envie de transmettre quelque chose de très positif, de joyeux. Je veux aussi que les paysans s'y retrouvent."
Le tournage a débuté le 16 avril à Aurillac dans différents lieux et ambiances : café le Mary, magasin Weldom, Pôle emploi, ancienne salle du Rex, conservatoire de musique et danse... Ce début de semaine, les caméras devaient se poser à Vic-sur-Cère, à la crémerie Leroux... avant de rallier le Nord-Cantal et Trizac, jusqu'au 26 mai. Sur place, le film fait déjà la fierté des habitants, confie Valérie Cabécas, présidente du pays Gentiane et vice-présidente à la culture du Département : "Il y a un vrai engouement, les gens s'identifient d'autant plus au projet qu'on est dans un département complètement agricole, une agriculture qui connaît aujourd'hui des difficultés. Ils ont aussi envie d'être portés par ce côté optimiste, joie de vivre..."
En attendant une sortie espérée en 2022, le temps d'écouler dans les salles obscures les 300 films français en attente, Jean-Pierre Améris savoure, comme son équipe, la bienveillance et le grand air qui entourent le tournage. "Les équipes le disent, ils sont bien ici !", à l'image d'une Sabrina Ouazani qui ne connaissait du Cantal que son fromage et sa truffade qu'elle s'empresse chaque année d'aller déguster au Salon de l'agriculture ! Quant à Alban Ivanov, qui avait prévu ce dimanche une petite sortie pour découvrir les eaux chaudes du Caldaguès, il s'est dit séduit tant par le département que par le scénario : "J'aime bien défendre de vrais personnages, des gens qui décident de changer de cap, de sortir de leur zone de confort..."
(1) Le "vrai" David Caumette devrait suivre une journée de tournage le 22 avril.