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Laits, viandes, oeufs...de nulle part

Une trentaine de jeunes agriculteurs des cantons de Saint-Cernin, Aurillac et Vic ont visité les rayons de plusieurs enseignes aurillacoises avec toujours de mauvaises surprises.

Les produits étrangers ont été portés à la secrétaire générale de la préfecture qui a pu vérifier leur origine parfois peu transparente.
Les produits étrangers ont été portés à la secrétaire générale de la préfecture qui a pu vérifier leur origine parfois peu transparente.
© P.O.

De l'emmental belge, du lait allemand, du jambon espagnol, du salami danois transformé en Allemagne, du magret hongrois... c'est un cageot estampillé "viandes et lait de nulle part" que sont venus livrer mercredi en fin d'après-midi en préfecture les Jeunes Agriculteurs des cantons d'Aurillac, Saint-Cernin et Vic-sur-Cère après une tournée dans différentes grandes surfaces aurillacoises. Une tournée qui, chez l'enseigne Leader Price notamment, a permis en peu de temps de remplir un chariot entier de produits importés. "Le premier rayon qu'on a trouvé en entrant, c'est du porc allemand en promotion !", a expliqué la délégation reçue par Régine Leduc, secrétaire générale de la préfecture. Le premier d'une longue liste qui confirme aux éleveurs cantaliens mobilisés depuis plusieurs semaines que "le jeu de dupes continue" chez certaines enseignes de la grande distribution.

Viandes cosmopolites

"On a aussi pu constater que d'autres ont fait des efforts, comme Intermarché, qui joue le jeu des produits français avec un plein rayon consacré aux "Viandes de France", a exposé Benoît Julhes, vice-président des JA 15. Néanmoins, le bilan de cette opération reste globalement "inquiétant" pour ces jeunes exploitants avec des barquettes sans origine spécifiée et pas mal de produits d'origine "UE". Sans compter les éléments recueillis auprès de la société Krill, grand fournisseur de la restauration hors foyer, mais aussi de restaurateurs aurillacois, "dont certains haut de gamme", précise Romain Carsac des JA d'Aurillac. Son responsable local a ainsi reconnu que pour répondre à la demande d'une partie de sa clientèle plus regardante sur le prix que sur la provenance, 40 % de son approvisionnement en viandes se fait avec des produits étrangers. "Le plus grave, c'est que "sortie élevage", le prix est globalement le même avec nos collègues européens, mais quand ces produits arrivent en France, ils sont bien moins chers que les nôtres ! Il y a un vrai problème", a enchaîné Benoît Julhes, appelant à une solidarité de tous les maillons de la filière et à une transparence apportée au consommateur. Des consommateurs auxquels des tracts ont été distribués, et qui se sont montrés réceptifs à l'action et à la cause des JA. "On ne peut bien évidemment pas fermer nos frontières, on est bien contents, nous, de pouvoir exporter nos broutards par exemple mais aujourd'hui, avec la crise qu'on vit, on ne peut accepter que du lait étranger investisse massivement les rayons alors qu'une entreprise du Massif central, la Copal, est en train de licencier parce qu'elle n'arrive pas à écouler son lait de consommation", a fait valoir la délégation qui a reçu une écoute attentive de Régine Leduc. Cette dernière, elle-même fille d'éleveurs de porcs bretons, se montrant pleinement consciente des difficultés et enjeux de l'élevage. Questionnés par cette dernière sur le plan gouvernemental annoncé quelques heures auparavant, les jeunes éleveurs n'ont pas caché leur déception : "Il y a beaucoup de conjoncturel dans ce plan et si on ramène les 600 MEUR annoncés, ça fait 1 000 EUR par élevage alors que certains ont des trous de trésorerie de 30, 50 voire 100 000 EUR", a répondu Benoît Julhes, faisant aussi remarquer que ces mesures vont rapidement être plafonnées par le principe européen des minimis. "Ce qu'on veut, c'est une revalorisation du prix de nos productions", a avancé le représentant des JA de Saint-Cernin.

"On creuse le trou"

Ce dernier a comparé la valeur du lait payé en 1985 à son père, avec lequel il est installé en Gaec : il y a 30 ans, le litre de lait était mieux valorisé au producteur alors "que les charges étaient cinq à six fois inférieures". "Tous les jours, on perd 120 EUR dans l'étable", a témoigné ce jeune producteur de lait qui a investi dans une stabulation pour 80 laitières. "On n'a pas fait de folie en investissant mais aujourd'hui, on est au bord de la rupture, on ne sait plus si on doit tout arrêter, vendre les animaux..." Un message et un impact sur toute l'économie locale que la secrétaire générale s'est engagée à relayer dans la foulée au gouvernement tandis que les JA ont annoncé la poursuite de leurs actions.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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