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Lait : La Haute-Loire est prête pour affronter la fin des quotas laitiers

À quelques semaines de la fin de campagne et de la fin des quotas, Yannick Fialip président de la FDSEA et de la section régionale laitière, explique ce qui va changer pour les producteurs.

Le président de la section régionale laitière de la FRSEA Massif central est confiant sur l'avenir de la production laitière dans ce secteur, malgré la fin des quotas.
Le président de la section régionale laitière de la FRSEA Massif central est confiant sur l'avenir de la production laitière dans ce secteur, malgré la fin des quotas.
© HLP

Nous sommes à quelques semaines de la fin des quotas laitiers. Pouvez-vous faire le point sur la situation de la production et de la filière laitière sur la Haute-Loire ?
Yannick Fialip, président de la section régionale laitière de la FRSEA : Aujourd'hui en Haute-Loire nous produisons 430 millions de litres de lait soit environ notre quota. 430 millions c'est 100 millions de litres de lait de plus qu'en 1984 à l'arrivée des quotas. Ce quota supplémentaire s'explique par le retour d'une réserve nationale obtenue dans les années 90 pour les départements de montagne qui avaient été pénalisés puisqu'en pleine restructuration au moment de la mise en place des quotas. Nous sommes passés d'un système de «cueillette» avec le sous produit veau et la fabrication de beurre sur l'exploitation, à une véritable production de lait. Cette réserve a amené 50 millions de litres sur le département. Puis nous avons également bénéficié d'une mutualisation au sein des bassins laitiers. Malgré les quotas, la Haute-Loire a augmenté sa production se situant aujourd'hui comme l'un des départements les plus laitiers du sud de la Loire.
Dans le même temps, la Haute-Loire a mis en place une véritable dynamique pour trouver des solutions alternatives au lait. C'est comme cela que se sont développées des filières comme les Veaux des Monts du Velay, les Fruits rouges des Monts du Velay... puis plus tard la création de la marque Lait de montagne...

Outre sur l'aspect production, un important travail a aussi été mené sur l'ensemble de la filière lait...
Y.F. : Oui, pour maintenir une production laitière sur l'ensemble de notre territoire, nous avons travaillé sur la filière. La profession a notamment oeuvré sur l'important dossier de reprise de l'URCVL, mais également dans le cadre de la restructuration des entreprises. Nous avons plusieurs entreprises situées en Haute-Loire avec chacune leur(s) spécificité(s) : Sodiaal Richemont à Brioude avec sa Raclette, à St Germain avec ses produits montagne ou encore son accès sur St Etienne et son lait de consommation montagne ; Bongrain à Beauzac et son St Agur, ou encore les Ets Gérentes à Araules avec leur filière montagne et leurs nombreux magasins de vente sur Rhône-Alpes.
Bref, nous avons des producteurs dynamiques, des entreprises de transformation présentes sur le territoire et des démarches spécifiques innovantes...

Alors, qu'est-ce que la fin des quotas laitiers signifie pour les producteurs ? Qu'est-ce que cela va changer pour eux ?
Y.F. : La fin des quotas signifie, pour les producteurs, qu'il n'y a plus de références gérées par l'administration. Ni au plan national, ni au plan européen.
Certains pays, notamment dans le nord de l'Europe, ont fait le choix  de ne pas mettre de limite de production. En France, on a choisi un système de contrat entre le producteur et l'entreprise qui le collecte ; contrat qui formalise le volume que le producteur peut livrer à son entreprise. C'est un contrat individuel. À ce jour, 95 % des producteurs ont signé leur contrat dans le Massif-Central.

Volumes et prix sont donc désormais discutés entre le producteur et son entreprise ?
Y.F. : Oui, c'est un contrat individuel. Néanmoins, nous, producteurs, souhaitons la mise en place d'une structure interprofessionnelle avec les organisations de producteurs (OP) et les Conseils d'Administration des entreprises coopératives. Cette structure serait un lieu de discussion pour décider ensemble, par exemple, de prêts de volumes supplémentaires, d'augmentation de volumes pour l'installation et le développement... Notre souhait c'est d'avoir une unité sur la région et non des politiques différentes d'une entreprise à une autre, et donc d'un producteur à l'autre. Une seule organisation verticale risque d'amener trop de différences sur le territoire, tant sur les prix que sur les volumes.

Sans arbitrage administratif, pensez-vous que le producteur sera plus libre ?
Y.F. : La fin des quotas c'est un vrai changement. Le quota nous donnait des limites mais également un objectif à atteindre.
C'est une nouvelle ère qui s'ouvre avec une production moins administrée. Le producteur aura un rôle encore plus important à jouer dans la filière. Sur son exploitation, il devra toujours être plus technique, plus attentif aux charges. Et ensemble, nous devrons aussi conforter les programmes collectifs de valorisation que nous avons mis en place, et prendre toute notre place  au sein de la filière.
Et aujourd'hui, le producteur devra être acteur dans l'acte de vente de son lait. C'est lui qui va négocier son contrat avec sa laiterie, et il ne doit pas oublier que c'est lui qui fournit la matière noble : le lait.

Et quelles seront les conséquences de la fin des quotas sur le prix du lait ?
Y.F. : Sur le prix du lait, on peut déjà dire que le 2ème trimestre 2015 devrait être meilleur que le 1er. La production a diminué, la demande est dynamique et on a peu de stocks. À plus long terme, on doit s'attendre à des variations assez fortes, mais avec une tendance à la hausse ; la production augmente moins vite que la consommation mondiale.
Par ailleurs, s'il est plus difficile de faire du lait en montagne, on a développé des produits avec une plus-value intéressante. Exemple, le St Agur fabriqué en Haute-Loire avec du lait de Haute-Loire, ou le St Nectaire, la Fourme d'Ambert et encore le Bleu d'Auvergne produits dans le Puy-de-Dôme. Il faut que sur ce type de produits, les producteurs soient récompensés pour la qualité de leur lait.
Nous avons tout, aujourd'hui, pour faire du lait en Haute-Loire comme dans le Puy-de-Dôme et même plus largement en Auvergne : une technique qui se développe, du maïs en altitude, des performances laitières accrues, un accompagnement technique de qualité, de la génétique... notre seule limite est la main d'oeuvre. Nous devons arriver à mieux valoriser notre travail.


Propos recueillis par Suzanne Marion

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