Lait > Eric Richard : «La situation est grave… ce n’est plus supportable»
La section laitière de la FDSEA s’est réunie mercredi 15 juillet sous la présidence d’Éric Richard, après avoir fait un tour des rayons «laitages» dans les GMS du Puy et ses environs.
«Je n’ai jamais vu une telle colère chez les producteurs de lait».
«Je n’ai jamais vu une telle colère chez les producteurs de lait» Éric Richard président de la section laitière de la FDSEA est inquiet, très inquiet, face à la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les producteurs de lait, et plus largement les éleveurs.
«La situation économique est grave, et là-dessus vient se greffer la sécheresse. Mais, pour moi, le plus grave se situe sur le plan social» explique le président. Les écarts se creusent entre les agriculteurs et les autres catégories socio-profesionnelles, le monde agricole est de plus en plus stigmatisé par rapport à la pollution… alors même si ce métier est avant tout une passion pour celui qui s’installe, aujourd’hui «la passion ne suffit plus» pour susciter des vocations et même pour garder des exploitations.
«Ce n’est plus supportable» prévient Eric Richard et c’est pour cela que la section laitière et la FDSEA vont maintenir la pression tout l’été. Par des opérations d’affichage, par des visites dans les GMS pour vérifier les prix et la provenance des produits (comme cela a été fait mercredi dernier avant et après la réunion de la section), et peut-être par des actions plus dures si cela est nécessaire, le syndicalisme ne lâchera rien. Leur cible : les entreprises, la grande distribution et les parlementaires. Tout au long des semaines qui viennent, ils vont continuer à agir pour dénoncer les pratiques des uns et les contraindre à respecter les accords en cours.
Éric Richard revient sur le contexte laitier au niveau mondial où l’offre reste dynamique alors que la demande marque le pas. Et de cette annalyse, on peut déduire que «les perpectives d’ici la fin de l’année ne sont pas bonnes. On ne peut pas espérer une remontée des cours avant la fin 2015». «Mais si le contexte est difficile, il ne justifie quand même pas des prix aussi bas, alors que dans le même temps nos charges continuent d’augmenter» souligne le responsable. Pour entrer dans le détail, si certaines entreprises, notamment des petites entreprises, vont respecter les accords interprofessionnels avec un prix moyen payé au producteur de 340 € la tonne, les grands groupes nationaux annoncent 305 € pour l’année voire 285 € pour le 4ème trimestre pour l’un d’entre eux, «annonce vécue comme une véritable provocation pour la profession» s’indigne Éric Richard.
«Ces entreprises ne respectent pas les accords, elles n’écoutent pas leurs organisations de producteurs (OP)» ajoute-t-il, bien décidé à ne pas en rester là, puisqu’il s’agit de la «survie de nombreuses exploitations laitières dans notre secteur de moyenne montagne, secteur bien plus vulnérable que les zones de plaines puisque les coûts de production sont plus importants».
Il précise aussi qu’à l’initiative de certaines entreprises, il a été instauré un système de double prix, double volume, destiné à passer ces périodes difficiles. Or dans les faits, les entreprises n’en tiennent pas compte, alors que la crise ne touche pas tous les produits et que certains marchent bien.
C’est donc tout le système qui est à revoir, et pour cela, il faut que toute la filière s’implique et respecte les accords. Et Éric Richard entend bien se battre avec l’ensemble des éleveurs pour faire entendre leur voix et obtenir des prix décents et rémunérateurs.
Suzanne Marion