Lait cru, la potion magique de l’immunité ?
Dans le viseur de l’Anses qui ne recommande pas sa consommation aux enfants de moins de cinq ans, le lait cru cache pourtant un super pouvoir, celui de booster le système immunitaire.
Il se murmure en coulisse que d’ici quelques mois, l’Anses s’apprêterait à revoir ses recommandations de consommations de fromages au lait cru. L’Agence nationale de santé et de sécurité porterait à huit ans, au lieu de cinq ans actuellement, l’âge limite des enfants pour la consommation de ces aliments. La raison ? Le risque d’intoxication alimentaire par des bactéries pathogènes (salmonellose, listériose et E. coli…). Une réalité, certes, mais qui ne représente qu’un risque relatif. « Le lait cru est un aliment microbien qui contient très peu de bactéries pathogènes. Le risque de listéria est de 1 % sur les fromages au lait cru contre 0,9 % pour les fromages au lait pasteurisé » révèle Christophe Chassard, responsable unité mixte de recherche sur le fromage à l’Inrae Aurillac. D’ailleurs, la dernière épidémie bactériologique (E.coli) d’ampleur en date concerne des pizzas surgelées et non des fromages. « Dans le sanitaire, il faut être modeste et regarder à 360°. La réalité du jour n’est pas celle du lendemain. »
Oui à l’hygiène, non à l’hygiénisation
Bannir les microbes de notre alimentation pour s’en prémunir est en revanche une fausse bonne idée à long terme. « De récentes études, de différents pays, démontrent l’intérêt d’une alimentation diversifiée non hygiénisée pour enrichir notre microbiote interne. » Cette flore bactérienne permet, entre autres, la dégradation des fibres végétales dans nos intestins et de booster notre système immunitaire. « Les microbes ne sont pas nos ennemis » assène le chercheur, « nous en abritons chacun entre 1 à 1,5 kg dans notre organisme et en consommons des milliards tous les jours ». Fromages, pains, kéfirs, yaourts, bières, vins, choucroutes… Les bons microbes sont partout et plus ils sont nombreux, plus ils barrent la route aux indésirables. « Retirez-les tous, vous ouvrez une autoroute aux agents pathogènes qui ne rencontrent plus aucune concurrence pour se développer. D’où l’importance de très bien maîtriser son process de transformation en lait pasteurisé. »