L’agrivoltaïsme est-il une solution d’avenir pour l’agriculture ?
L’agrivoltaïsme se développe en France mais que recouvre exactement ce terme ? Est-ce une réelle opportunité pour l’agriculture ? Entourés de nombreux intervenants, Jeunes Agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine ont abordé la question lors d’un webinaire le 10 juin sur AgriwebTV.
À l’heure actuelle, 20 % des énergies renouvelables produites en France proviennent de l’agriculture. Elles constituent une opportunité de diversification pour le monde agricole en recherche de revenus. Le développement du photovoltaïque et plus précisément l’agrivoltaïsme pose cependant question. Dans un contexte de consommation de foncier toujours élevée et de recherche de souveraineté alimentaire, faut-il miser sur le photovoltaïque ? Réunis autour de Julien Rougier, vice-président de JA Nouvelle-Aquitaine, Xavier Daval, vice-président du Syndicat national des Énergies Renouvelables, Antoine Nogier, président de Sun’agri, Nicolas Tonnet de l’Ademe et Jean-Marc Cammarata, directeur général de la communauté de communes Albret Communauté ont apporté leurs témoignages sur la question. Premier constat de la Safer, l’artificialisation des terres agricoles recule mais demeure encore importante. En 2020, ce sont plus de 3 500 hectares de foncier agricole (bâti et non bâti) qui ont été perdus en Nouvelle-Aquitaine. À la question « 0 artificialisation, est-ce possible ? », Julien Rougier répond oui « mais c’est un gros effort et tout le monde doit jouer le jeu ». Pour les JA, si la production de nourriture reste l’objectif numéro un, il est aussi possible de produire de l’énergie, toute la difficulté étant d’équilibrer les deux. Un défi partagé par l’ensemble des participants. « Nous devons partager une même ressource, indique Xavier Daval. Il faut veiller à ne pas avoir de conflits d’usage. Pour travailler ensemble il faut d’abord se connaître ». Un autre objectif entre en ligne de compte, celui de la France d’atteindre 32 % d’énergies renouvelables sur la totalité de l’énergie utilisée en 2030. Un objectif qui passe par le développement du photovoltaïque. Comment concilier tout cela alors que, comme le rappelle Xavier Daval, seuls 9 % du territoire est accessible pour des installations, le foncier agricole et forestier étant sanctuarisé ? Pour les JA, la priorité demeure à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures, le photovoltaïque au sol devant être réservée aux zones inexploitables. Difficile de concilier les intérêts de chacun. Une des réponses pourrait être l’agrivoltaïsme. « Une étude sur le photovoltaïque sur terrain agricole et en cours, souligne Nicolas Tonner de l’Ademe. Il s’agit de donner une définition de l’agrivoltaïsme qui ne soit pas un fourre-tout. Globalement, il doit y avoir une vraie synergie entre production agricole et production d’énergie. Le photovoltaïque doit répondre à une problématique agricole et ne pas dégrader la production ni en volume ni en revenu ». Un exemple novateur a été donnée par la société Sun’agri. Depuis plusieurs années, l’entreprise développe des ombrières mobiles pilotées par une intelligence artificielle. Installées au-dessus de cultures, celles-ci laissent passer la lumière au moment où la plante en a besoin. « On désoptimise en partie la production photovoltaïque pour optimiser la production agricole, mais de manière acceptable, indique Antoine Nogier. On peut améliorer les rendements agricoles et diminuer la consommation d’eau. Des projets pilotes sont en cours en vigne, en arboriculture et sur certaines plantes maraîchères. » Pour développer de tels projets, la mobilisation de tous est nécessaire. Un point de vue partagé par Jean-Marc Cammarata, directeur général d’une communauté de communes dans le Lot-et-Garonne. « Nous sommes limités par les plans d’urbanisme, le SRADDET et nous sommes très sollicités, précise-t-il. Notre rôle est celui d’un chef d’orchestre et nous devons être prudents mais lorsqu’on est raisonnable en tout on peut presque tout faire. »