Assises des territoires ruraux
L’agriculture oubliée
Malgré les manifestations de paysans, le Président Nicolas Sarkozy n’a guère évoqué l’agriculture lors de son déplacement dans le Loir-et-Cher pour clore les Assises des territoires ruraux, le 9 février.
Venu dans le Loir-et-Cher, le 9 février, pour clore les Assises des territoires ruraux lancées par Michel Mercier, le Président de la République Nicolas Sarkozy n’a pu faire l’impasse sur les manifestations d’agriculteurs sur son passage. A l’appel des FDSEA du Centre et de la Sarthe et des JA, plus de 500 agriculteurs ont organisé des barrages filtrants sur les voies d’accès du site où il s’est rendu. Ils entendaient protester contre la politique agricole du Gouvernement qui semble ignorer les difficultés des paysans.
Non seulement le Président de la République n’a guère évoqué les sujets agricoles, mais les agriculteurs étaient d’autant plus « remontés » que Nicolas Sarkozy a refusé de recevoir une délégation des organisations agricoles. « Nicolas Sarkozy vient parler de ruralité sans inviter les agriculteurs qui occupent 80 % de l’espace, c’est hallucinant », s’est insurgé Claude Cochonneau, vice-président de la FNSEA. « Le président et ses conseillers ont une vision très parisienne de la ruralité. L’agriculture n’est pas uniquement là pour préparer la zone d’expansion des villes. Les agriculteurs n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent dans ce pays… Nous sommes obligés de barrer les routes pour dire au Président que les agriculteurs existent et qu’ils connaissent aujourd’hui de graves difficultés ».
Santé et internet
En effet, le Président a visité une épicerie multiservices à Souday, une maison de santé pluridisciplinaire à Mondoubleau et une entreprise spécialisée dans le traitement de surface à Cormemon. En matière d’accès à la santé, il a indiqué que l’Etat et l’assurance-maladie participeraient « au financement de 250 maisons de santé en trois ans » afin de doubler leur nombre. Il a également annoncé la création, dès la rentrée d’une bourse pour 400 étudiants en médecine, en contrepartie d’un engagement de dix ans dans les zones rurales. Ce dispositif s’étalera sur dix ans, soit 4 000 médecins concernés.
Autre sujet évoqué, l’internet à très haut débit. « Il est impensable qu’une PME installée en zone rurale ne puisse pas en bénéficier » a martelé le président. Deux milliards d’euros sont prévus dans le cadre du grand emprunt pour financer son déploiement. L’objectif étant de raccorder tout le pays, d’ici 2025. Mais sur l’agriculture, le président s’est contenté de renvoyer à la nouvelle loi de modernisation l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture française. Quant à la préférence communautaire, elle devrait être remise au goût du jour dans le cadre de la loi sur la taxe carbone.
De son côté, Orama, le syndicat des céréaliers, a apporté son soutien aux manifestations d’agriculteurs qui sont « l’expression d’une colère générale » face à l’indifférence des pouvoirs publics. Et de déplorer une fois de plus la décision prise l’an dernier de rééquilibrer les aides de la PAC, au motif que les prix des céréales seraient « durablement élevés ». Comme le refus des pouvoirs publics de réunir le Comité de suivi des grandes cultures promis en 2009 pour le cas où la prédiction de prix durablement élevés ne se réaliserait pas.