Viande bovine
La Turquie, un nouvel eldorado ?
À l’initiative des 8 Comités régionaux participant au Sommet de l’Élevage, une délégation de professionnels de l’Aquitaine, de l’Auvergne, de la Bourgogne, du Centre, du Languedoc Roussillon, du Limousin, de Midi-Pyrénées et de Rhône Alpes s’est rendue en Turquie du 14 au 18 avril. Différents secteurs de la filière étaient représentés : éleveurs, commerçants, exportateurs, groupements de producteurs et abatteurs. Au programme, les visites d’ateliers d’engraissement, d’abattoirs, d’ateliers de découpe, de boucheries et de grandes surfaces ont permis de se rendre compte de la réalité de la filière viande de ce pays en plein développement (7e économie agricole mondiale, majoritairement végétale), malgré une situation géopolitique complexe et fragile.
Le poids de la religion n’est pas sans conséquence sur cette filière. Pays laïc, mais à très forte dominante musulmane, l’abattage se pratique selon le rituel halal, mais avec des exigences moindres qu’en France. Sans étourdissement, l’égorgement des animaux se pratique par un « sacrificateur » musulman – sans pour autant, être un imam – et à condition que le « sang coule ». D’ailleurs, les clients ne sont pas exigeants, tant que l’abattoir leur fournit un document justifiant que la viande ou l’animal est halal.
Dans un contexte de pénurie d’animaux alors que les besoins sont estimés à 200 000 animaux maigres selon les opérateurs turcs, la Turquie présente un débouché potentiel pour des animaux vivants principalement. En effet, la stratégie des opérateurs locaux et des dirigeants politiques est de conforter les activités d’engraissement et d’abattage pour préserver leur élevage et développer de la valeur ajoutée localement. De plus, les distributeurs communiquent de plus en plus auprès des consommateurs sur l’origine « locale », sans la rigueur de notre étiquetage… Les circuits de distribution transitent majoritairement par les boucheries traditionnelles, qui occupent 60 des part de marché, alors que le reste est commercialisé par la GMS et la restauration.
Par ailleurs, les animaux engraissés sont essentiellement issus du cheptel laitier local pour fournir des carcasses de 300 kg maximum. En cas d’ouverture des frontières, attendue prochainement, les importations concerneraient donc plutôt des animaux offrant une bonne rentabilité aux engraisseurs turcs et devraient être régulées afin de ne pas fragiliser leur filière. Cette position, maintes fois réaffirmée, a conduit les participants à conclure sur le besoin de reconsidérer l’offre française pour ce débouché (poids et catégories d’animaux, races, etc.) et son volume potentiel.
Ce déplacement, qui a suscité de nombreux échanges et débats entre les participants, fera l’objet d’un compte rendu et d’une présentation à l’occasion d’un prochain Collège régional d’Interbev.
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La suite est à lire dans la Creuse agricole et rurale du 2 mai 2014.