La tourbière des Roustières devient site témoin du changement climatique en Aubrac
Situé sur la commune de Recoules-d’Aubrac, ce site naturel de près de 30 hectares est constitué d’un ensemble de prairies humides et tourbeuses dans lesquelles s’écoule le ruisseau des Roustières sur plus d’un kilomètre.
Situé sur la commune de Recoules-d’Aubrac, ce site naturel de près de 30 hectares est constitué d’un ensemble de prairies humides et tourbeuses dans lesquelles s’écoule le ruisseau des Roustières sur plus d’un kilomètre.
Identifié comme site d’intérêt majeur dans la charte du parc naturel régional de l’Aubrac, il héberge plusieurs espèces protégées ou remarquables comme la ligulaire de Sibérie, le droséra à feuille ronde, ou encore le courlis cendré, le hibou des marais, le vanneau huppé et la bécassine des marais. Il est classé espace naturel sensible prioritaire par le conseil départemental de la Lozère et fait partie du site Natura 2000 de l’Aubrac lozérien.
Cependant, entre 2016 et 2018, la tourbière avait subi des opérations de drainage et plusieurs incendies, perturbant le fonctionnement hydraulique de la zone humide et relâchant dans l’atmosphère une partie du carbone contenu dans la tourbe. « La tourbière des Roustières était un site bien préservé depuis toujours » relate Cloé Garrel, chargée de mission eau au parc. « En concertation avec les propriétaires, les éleveurs et nos partenaires, nous avons voulu engager plusieurs études pour faire un état des lieux écologique et hydrologique du site, pour voir si, avec le temps, le milieu s’était rééquilibré ». « C’est très important pour nous », poursuit Eve Brezet, maire de Recoules-d’Aubrac. « La tourbière des Roustières constitue l’aire d’alimentation en eau potable du village. Aujourd’hui, il nous faut être particulièrement attentifs à notre ressource en eau » insiste l’édile. Jeudi 21 novembre, le parc a réuni une nouvelle fois les propriétaires et exploitants, les élus, le conseil départemental de la Lozère et l’agence de l’eau Adour-Garonne pour faire un bilan des études qui ont été conduites entre 2020 et 2024 par le conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie et le bureau d’études Scop Sagne : analyse détaillée de l’état du site, de la diversité des espèces et des milieux naturels rencontrés, de leurs dynamiques écologiques et hydrologiques.
Et bonne nouvelle, la tourbière des Roustières est globalement en très bon état écologique aujourd’hui. Elle possède une zone cœur non exploitée, et une zone périphérique où les pratiques de fauche et de pâturage bovin y sont prépondérantes. En concertation avec les acteurs locaux, il a été convenu que les pratiques agricoles actuelles étaient à conserver, tout en poursuivant les suivis écologiques et les suivis des hauteurs d’eau. « Les éleveurs qui exploitent ces parcelles participent à l’équilibre de la tourbière » explique la technicienne. « Si ces pratiques ne changent pas, pas plus de fauche ni de pâturage, et pas moins non plus, c’est important, alors nous pourrons maintenir son bon état global et mesurer en même temps les effets des changements climatiques en cours. » La tourbière des Roustières sera désormais observée comme un site témoin de l’impact des changements climatiques sur les tourbières de l’Aubrac.