Viande bovine
La rumeur à l’épreuve des faits
Les éleveurs du berceau des races à viande affichent leur optimisme. La conjoncture reste favorable contrairement aux «on dit» disséminés, ici et là.
«La baisse des prix que vou-draient appliquer certains opérateurs est injustifiée dans la mesure où les stocks sont fai-bles». La démonstration a le mérite d’être claire. Devant ses troupes du berceau des races à viande, son chef de file, Patrick Bénézit a démontré, chiffres à l’appui, que les velléités de cas-ser la dynamique haussière des prix s’apparentait davantage à la logique de l’intox qu’à celle de la réalité.
Les stocks en femelle n’ont jamais été aussi en retrait. -142.000 têtes par rapport à l’an dernier en femelles races à viande de plus de 36 mois, - 44.000 têtes en femelles de 24 à 36 mois. En bovins mâles, la tendance est la même avec - 4 à - 7 % de bovins présents sur les exploitations. L’export des broutards a progressé de 6 % en 2011, avec une forte accélération en direction des pays tiers. Alors effectivement, les inquiétudes liées au virus de Schmallenberg ont quelque peu ralenti la dynamique engagée vers l’Algérie, la Tunisie et la Turquie. Mais pas de quoi enrayer des relations commerciales dont l’assise, certes récente, devrait pourtant s’inscrire dans la durée. « Les prix mondiaux sont au plus haut. Depuis 2010, l’Europe est de nouveau exportatrice de viande bovine», explique Baptiste Buczinski, chargé de mission à la fédération nationale bovine.
Double V : viande et vif
Une fédération qui, dès la fin des actions syndicales menées chez le géant Bigard, fin 2010, avait choisi de s’engager dans une stratégie exportatrice, soutenue par les pouvoirs publics. La machine ne s’est pas mise en route du jour au lendemain, il a fallu batailler sévère pour obtenir la création du groupement export français, décrocher des certificats sanitaires… « La dynamique est désormais lancée, mais il nous faut jouer sur les deux tableaux, celui du vif et de la viande », estime un éleveur de Saône-et-Loire. Et d’insister sur l’intérêt des éleveurs à être dans le groupement export, afin de peser dans les décisions. Les éleveurs estiment aujour-d’hui que certains abatteurs en jouant la carte de l’intox desservent la filière tout entière. « Après des plaintes à n’en plus finir des abatteurs sur des volumes de production « insuffisants » et la «mise en péril» de l’aval, les mêmes expliquent actuellement qu’il y a trop d’offre par rapport à la demande, et que les cours doivent baisser. Tout cela sans se préoccuper des coûts de production réels des éleveurs », insiste Patrick Bénézit. Cette donnée est pourtant essentielle, sans prix attractif, le risque est grand de voir s’accélérer la décapitalisation du cheptel. Un phénomène déjà à l’œuvre dans certains départements, comme en a attesté, Jean-Pierre Moreau, éleveur dans l’Indre.