La MSA en première ligne face à la crise
Pour atténuer les conséquences des crises agricoles, la MSA réaffirme son rôle de premier interlocuteur des agriculteurs en difficulté, malgré des financements jugés insuffisants, et entend bien maintenir sa présence sur le terrain en cette période cruciale.
En 2015, 30 % des déclarations de revenus professionnels des exploitants au réel faisaient état d’un revenu inférieur à 4 248 euros par an, contre 18 % en 2014, et avec une récolte 2016 catastrophique par rapport à celle de 2015, « on pressent des revenus 2016 très faibles », explique Pascal Cormery, président de la MSA, inquiet de ressentir sur le terrain « des gens plus résignés que combatifs ». Lors de sa conférence de rentrée, le 11 octobre, la MSA a rappelé son rôle de premier plan auprès des agriculteurs qui subissent depuis deux ans les répercussions de la crise. De nouvelles mesures ont été mises en place en 2016 : suppression complète de l’assiette minimum de la cotisation d’assurance maladie maternité Amexa, qui a de plus été abaissée de sept points, possibilité de choisir à titre exceptionnel l’option N-1 pour le calcul des cotisations, année blanche sociale, 60 millions d’euros de prises en charge de cotisations. Le plan de refinancement des exploitations agricoles, annoncé le 4 octobre, a par ailleurs élargi les « Rendez-vous prestations MSA » en l’étendant aux dispositifs proposés par les autres acteurs du monde agricole (aide à la reconversion professionnelle, formation, etc.), et facilité l’accès à certains droits et prestations sociales comme la prime d’activité. Un dispositif d’autant plus important que ces aides ne sont pas pensées pour les exploitants agricoles et sont de plus psychologiquement « difficiles à demander » pour des agriculteurs, même en déficit, note Pascal Cormery. 25 400 foyers d’exploitants agricoles (soit 61 800 personnes) ont cependant bénéficié de la prime d’activité en juillet 2016, pour un montant moyen de 207 euros par mois. Côté salariés agricoles, ce sont 52 240 foyers soit 72 600 personnes qui en ont bénéficié, pour un montant moyen de 154 euros/mois/foyer. La dégradation de l’emploi salarié, avec -0,9 %, est par ailleurs un signe de l’ampleur de la crise. Le recul de l’emploi en CDD s’élève à -1,5 % et le nombre de contrats en cours fin de trimestre est en baisse de 1,6 % en juillet 2016.
Assurer une présence sur le terrain
Le soutien de la MSA est d’autant plus complexe à assurer que l’organisme doit également composer avec les nouvelles missions que l’État lui confie sans pour autant aligner les fonds nécessaires. La MSA pointe par ailleurs la limite des financements affectés, par exemple pour assurer le remplacement des salariés en situation d’épuisement professionnel : l’enveloppe de 4 millions d’euros permet de couvrir 4 000 semaines de remplacement, ce qui risque de s’avérer insuffisant au regard des besoins. Au-delà des mesures d’urgence, l’organisme doit également supprimer 1 300 postes. Pour ne pas affecter la présence sur le terrain et maintenir les 35 caisses existantes, les efforts porteront sur « la mutualisation de certaines fonctions de back office » entre les caisses, précise Thierry Manten, vice-président de la MSA. Mais l’organisme ne fera pas de concessions sur les fonctions clés. La MSA compte d’ailleurs renforcer le nombre de postes de réceptions des appels Agri’Ecoute, le service d’aide téléphonique pour les agriculteurs en situation de détresse psychologique. Entre 2015 et 2016, le nombre d’appels a augmenté de 30 %, passant à 1 024 au premier semestre 2016. La MSA a prévu de renforcer la communication autour de ce service.